Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a juré de vaincre le «mal russe» en visitant ce vendredi Boutcha avec plusieurs dirigeants européens, à l’occasion du premier anniversaire de la libération de cette ville martyre, symbole des atrocités attribuées aux forces de Moscou.
«Nous allons gagner c’est certain, le mal russe tombera, justement ici en Ukraine et ne pourra plus se relever», a-t-il martelé devant les premiers ministres croate Andrej Plenkovic, slovaque Eduard Heger, slovène Robert Golob et la présidente moldave Maia Sandu.
«Nous ne pardonnerons jamais» les morts de Boutcha, a lancé le président plus tôt dans la matinée. «Trente-trois jours d’occupation (…) Symbole des atrocités du pays occupant», a ajouté Volodymyr Zelensky. «Nous allons punir tous les coupables».
Le 31 mars 2022, l’armée russe se retirait de cette ville et de tout le nord de Kiev, un mois après avoir lancé l’invasion du pays sur ordre du président Vladimir Poutine. Deux jours après le retrait, le massacre était connu.
Le Belarus appelle à une trêve
Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, proche allié de la Russie, a appelé vendredi à une « trêve » en Ukraine et à des pourparlers « sans conditions préalables » entre Moscou et Kiev.

« Il faut s’arrêter maintenant, avant que ne commence l’escalade. Je prends le risque de suggérer une cessation des hostilités », a dit M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, lors d’un discours à la nation.
« Il est possible – et il le faut – de régler toutes les questions territoriales, de reconstruction, de sécurité et autres à la table des négociations sans conditions préalables », a-t-il ajouté.
M. Loukachenko, qui juge l’Occident et l’Ukraine responsables du conflit, a également dit redouter une guerre « nucléaire » à cause du soutien occidental à Kiev, alors que Vladimir Poutine a annoncé plus tôt son intention de déployer des armes nucléaires « tactiques » au Bélarus.
« A cause des Etats-Unis et de leurs satellites une guerre totale a été déclenchée » en Ukraine, a-t-il dit, estimant que dès lors, « des incendies nucléaires guettent à l’horizon ».
« Vous comprenez et savez tous qu’il n’y a qu’une seule solution : les négociations! Des négociations sans conditions préalables », a-t-il martelé.
Soulignant que le « complexe militaro-industriel tourne à plein régime en Russie » et que l’Ukraine était « inondée d’armes occidentales », M. Loukachenko s’est inquiété d’une « escalade » prochaine qui fera de nombreux morts.
La Russie exclut de stopper son offensive en Ukraine.
Nouvelle stratégie mondiale russe
La Russie a adopté vendredi une nouvelle stratégie de politique étrangère désignant les Etats-Unis et l’Occident comme l’origine de « menaces existentielles » pour Moscou, sur fond de crise diplomatique liée au conflit en Ukraine.

Des « bouleversements sur la scène internationale » obligent la Russie à « adapter ses documents de planification stratégique, notamment (celui sur) la conception de la politique étrangère de la Fédération de Russie », a justifié le président Vladimir Poutine lors d’une réunion de son Conseil de sécurité nationale.
Selon son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, le nouveau document relève « la nature existentielle des menaces (…) créées par les actions des pays inamicaux », qualifiant les Etats-Unis d’« instigateur principal et chef d’orchestre de la ligne antirusse ».
« De façon générale, la politique de l’Occident visant à affaiblir la Russie par tous les moyens est caractérisée comme une guerre hybride d’un nouveau genre », a ajouté M. Lavrov.
La nouvelle stratégie de politique étrangère russe repose sur le principe que « les mesures antirusses prises par les pays inamicaux seront constamment combattues, avec sévérité si nécessaire », a-t-il ajouté.
L’adoption de cette nouvelle stratégie de politique étrangère entérine la profonde rupture qui existe entre Moscou et les pays occidentaux depuis le lancement de l’offensive russe contre l’Ukraine.
Ukraine et survie de l’humanité
L’invasion de l’Ukraine par la Russie « éloigne » l’humanité de la lutte « pour sa survie » menacée par le changement climatique, a mis en garde ce vendredi le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk.

« Au moment où l’humanité est confrontée à des défis existentiels écrasants, cette guerre destructrice nous éloigne de la tâche qui consiste à bâtir des solutions pour assurer notre survie », a lancé M. Türk devant le Conseil des droits de l’homme, en conclusion d’un discours où il a également dénoncé des violations des droits humains « scandaleusement routinières » dans ce conflit déclenché par la Russie.
« Cette guerre défie toute raison. Cette folie doit cesser et la paix doit être trouvée, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international », a exhorté M. Türk.
Partout en Ukraine, « les gens sont confrontés à des souffrances et à des pertes massives, à des privations, à des déplacements et à des destructions », a rappelé le Haut-Commissaire aux droits de l’homme.
M. Türk a aussi souligné les effets persistants et profonds sur le reste du monde, même dans des pays qui ne prennent part au conflit d’aucune manière.
La guerre déclenchée par Moscou en février 2022 a aggravé encore une crise alimentaire qui frappait déjà des dizaines de pays dans le monde, en faisant grimper les prix des produits alimentaires mais aussi de l’énergie. Selon M. Türk elle a précipité 71 millions de personnes dans la pauvreté et en affecte 1,6 milliard d’autres.
Les services de M. Türk -qui utilisent une méthodologie extrêmement rigoureuse pour établir les bilans humains- ont dénombré « 8.400 civils tués et plus de 14.000 civils blessés » depuis le 24 février 2022, début de l’offensive russe.
« Ces chiffres ne sont que le sommet de l’iceberg », a reconnu M. Türk, le bilan réel étant beaucoup plus élevé.