Une quarantaine de pays, dont le Japon et l’Australie se sont réunis aujourd’hui sur la base aérienne américaine de Ramstein, en Allemagne, à l’invitation des Etats-Unis, dans le but de « générer des capacités supplémentaires pour les forces ukrainiennes » selon le ministre de la défense américain, Lloyd Austin. « Ils peuvent gagner s’ils ont les bons équipements, le bon soutien », avait-il souligné après un déplacement à Kiev, dimanche. Les Etats-Unis voulaient obtenir davantage d’engagement de la part notamment des Européens.
Kiev réclame surtout de l’artillerie lourde et des blindés pour tenter de repousser les forces russes dans les vastes plaines du sud et de l’est du pays, mais l’équipement de fabrication russe auquel les forces ukrainiennes ont été formées se raréfie. Certains pays d’Europe de l’Est qui en ont encore en stock les envoient à Kiev, parfois en échange d’armement américain de nouvelle génération.
Avant la réunion, l’Allemagne a annoncé qu’elle va autoriser la livraison à l’Ukraine de chars de type « Guepard », ce qui constitue un tournant majeur dans la politique prudente suivie jusqu’ici par Berlin dans son soutien militaire à Kiev. La Pologne livrera aussi des blindés, la France a déjà annoncé qu’elle envoyait des canons Caesar d’une portée de 40 kilomètres, et le Royaume Uni a donné des missiles anti-aériens Starstreak et des blindés. Les Etats-Unis, qui au début de l’invasion russe limitaient leurs envois à des armes « défensives », ont commencé à envoyer à Kiev des armements lourds de fabrication américaine, comme des obusiers Howitzer et des véhicules blindés divers.
La réunion était aussi destinée à assurer la sécurité de l’Ukraine à plus long terme, une fois la guerre terminée. Tous les mois, une telle réunion aura lieu.
En réaction à ces initiatives en faveur de l’Ukraine, le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov avait mis en garde les Occidentaux lundi soir contre le danger « réel » d’une troisième guerre mondiale. « Le danger est grave, il est réel, on ne peut pas le sous-estimer », avait-il affirmé. Une menace qui n’est pas nouvelle. Un peu plus tard, il a indiqué que Moscou va poursuivre les négociations de paix avec Kiev et que cela se terminera par un accord, tout en accusant l’Ukraine de « faire semblant » de discuter. Lavrov a accusé le président ukrainien — un ancien comédien élu à la présidence en 2019 — de « faire semblant » de négocier.
« C’est un bon acteur (…), si on regarde attentivement et on lit attentivement ce qu’il dit, vous allez y trouver un millier de contradictions », a affirmé le chef de la diplomatie russe.
A Moscou, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé l’Ukraine et la Russie à travailler en coordination avec l’ONU pour permettre l’ouverture de couloirs humanitaires en Ukraine, où Moscou mène une offensive militaire. « J’ai proposé la création d’un groupe de contact réunissant la Russie, l’Ukraine et les Nations unies afin de rechercher les possibilités d’ouverture de couloirs humanitaires », a déclaré M. Guterres lors d’une conférence de presse à Moscou avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. « Nous avons besoin d’urgence » de tels couloirs d’évacuation de civils « réellement sûrs et efficaces », a-t-il ajouté.
Sergueï Lavrov, de son côté, a assuré que la Russie était prête à coopérer avec l’ONU afin de « soulager » les populations civiles. « Notre but principal est de protéger les populations civiles. Nous sommes prêts à coopérer avec nos collègues des Nations unies pour soulager les souffrances des populations civiles », a-t-il affirmé durant la même conférence de presse.
Antonio Guterres s’est par ailleurs dit « préoccupé par les rapports répétés faisant état de possibles crimes de guerre » en Ukraine, estimant qu’ils « nécessitent une enquête indépendante ».
Dans l’après-midi, les présidents russe et turc ont parlé de la situation « humanitaire »
Sur le terrain où bombardements et violents combats se poursuivent dans le Donbass et dans le Nord-est du côté de Kharkiv, la situation sur le site de Tchernobyl inquiète. Le niveau de radioactivité sur la centrale nucléaire est « anormal », a estimé le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, en visite sur place, 36 ans exactement après la pire catastrophe de l’histoire du nucléaire civil. L’occupation du site par l’armée russe entre le 24 février et fin mars, était « très, très dangereuse », a-t-il affirmé.