Le ministère russe de la Défense a affirmé ce samedi midi avoir pris trois autres districts dans la partie ouest de la ville très contestée de Bakhmout, dans la région de Donetsk.
« Les troupes aéroportées retenaient les unités ukrainiennes sur les flancs et soutenaient les actions des escadrons d’assaut pour capturer la ville », a déclaré le ministère dans son dernier bulletin. Ces forces d’assaut sont sans doute les combattants de Wagner.
Défilés annulés
Le ministère britannique de la Défense a publié sa mise à jour des renseignements pour le 22 avril, affirmant que la Russie avait du mal à maintenir la cohérence d’un récit central utilisé pour justifier la guerre en Ukraine: que l’invasion s’apparente à l’expérience soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale.

La mise à jour publiée sur Twitter détaille les tentatives de la Russie d’unifier le public autour de son message central :
Le 18 avril 2023, les médias d’État russes ont annoncé l’annulation des marches commémoratives de la « Grande Guerre patriotique » du Régiment immortel de cette année pour des raisons de « sécurité ». En réalité, les autorités craignaient très probablement que les participants ne mettent en évidence l’ampleur des récentes pertes russes.
Cela fait suite au propriétaire du groupe Wagner, Evgueni Prigojine, qui s’est publiquement demandé s’il y avait réellement des « nazis » en Ukraine, allant à l’encontre de la justification russe de la guerre. Les autorités ont poursuivi leurs tentatives d’unifier le public russe autour de mythes polarisants sur les années 1940.
Le 12 avril 2023, l’agence de presse officielle RIA Novosti a rapporté des documents « uniques » provenant des archives du FSB, impliquant les nazis dans le meurtre de 22 000 ressortissants polonais dans le massacre de Katyn en 1940. En réalité, l’agence qui a précédé le FSB, le NKVD, était responsable. La Douma d’État russe a officiellement condamné Joseph Staline pour avoir ordonné les meurtres en 2010.
Désaccords européens
L’Union européenne « respecte ses engagements » pour la fournitures de munitions à l’Ukraine, a assuré le chef de la diplomatie européenne pour tenter de dissiper les inquiétudes provoquées à Kiev par un désaccord entre la France et ses partenaires sur les achats communs.
L’UE s’est mis d’accord en mars sur une dotation d’un milliard d’euros pour les livraisons de munitions prélevées sur les stocks existants des Etats, et un second milliard pour des contrats d’achats communs passés avant le 30 septembre à des entreprises de défense européennes.

Ce deuxième volet fait l’objet de vifs désaccords dans les négociations en cours à Bruxelles.
« L’incapacité de l’UE à mettre en œuvre sa propre décision sur l’achat conjoint de munitions pour l’Ukraine est frustrante », avait déploré jeudi M. Kouleba dans un tweet, soulignant que « pour l’Ukraine, le coût de l’inaction se mesure en vies humaines ».
L’accord conclu en mars stipule que les achats communs seront réalisés auprès de l’« industrie de défense européenne ».
La France a une lecture très stricte de cette disposition, ont indiqué plusieurs diplomates européens. Paris refuse de faire rembourser des achats à des entreprises non-européennes ou non installées dans l’UE.
Mais « un certain nombre d’autres États membres doutent que, dans ce cas, les munitions puissent être livrées à temps à l’Ukraine et nous ne devons pas exclure catégoriquement les partenaires d’armement en Australie, en Corée du Sud, en Afrique du Sud ou en Suisse », a expliqué l’un d’eux.
Les « vrais hommes »
Garde de sécurité, préparateur physique, chauffeur de taxi : tous des emplois importants en temps de paix, mais, en Russie en temps de guerre, ce ne sont pas pour les « vrais hommes ».
C’est le message que le Kremlin espère aider à stimuler les efforts de recrutement et à reconstituer les forces épuisées par plus d’un an de conflit exténuant en Ukraine.

Le ministère russe de la Défense a publié cette semaine une nouvelle campagne publicitaire centrée sur l’idée, dans le cadre d’une campagne plus large visant à inciter les hommes en âge de servir à se joindre au combat en grand nombre et à éviter la nécessité d’une nouvelle vague de conscription avant une contre-offensive ukrainienne largement attendue.
Une vidéo apparue mercredi sur les réseaux sociaux du ministère montre trois hommes vaquant à leurs occupations quotidiennes et occupant des emplois apparemment banals.
Alors que la musique dramatique joue en arrière-plan, tous les trois semblent réfléchir à leurs choix de vie, s’imaginant plutôt en uniformes de l’armée, avec un écusson de bras mettant en évidence la lettre « Z », qui est devenue le symbole de ce que la Russie appelle son « opération militaire spéciale » en Ukraine.
« Avez-vous rêvé de devenir ce genre de défenseur ? », demande la publicité en montrant l’agent de sécurité à l’entrée d’une épicerie, à côté d’un stand de produits. « Est-ce que votre force est vraiment là-dedans ? » demande-t-il en montrant l’entraîneur de fitness aidant un client à soulever un poids. « Est-ce le chemin que vous vouliez choisir ? » demande-t-il à un chauffeur de taxi en déposant un passager.
Tous les trois semblent alors sévères tout en marchant dans un épais brouillard dans ce qui semble être un champ de bataille, portant des uniformes et des fusils d’assaut à la main.
« Vous êtes un vrai homme. Soyez un », dit un message à l’écran aux téléspectateurs, avant de passer à un graphique du ministère qui appelle les hommes à s’enrôler comme soldats sous contrat avec un salaire mensuel promis à partir de 204 000 roubles (près de 2 500 dollars) – une somme importante pour la plupart des familles russes et plus du triple du salaire moyen, selon les statistiques officielles de 2021.