Le président russe Vladimir Poutine a estimé ce mardi que le monde était à « un tournant » et accusé les pays occidentaux d’orchestrer une « guerre » contre la Russie, avant d’appeler « à la victoire » lors de célébrations militaires sur la place Rouge à Moscou.
« La civilisation est de nouveau à un tournant. Une guerre a été lancée contre notre patrie », a lancé M. Poutine devant des milliers de soldats et l’élite politique russes réunis pour commémorer la défaite nazie en 1945, des célébrations qui se déroulent cette année à l’ombre de l’offensive de Moscou en Ukraine.
« Rien n’est plus important actuellement que votre tâche militaire », a lancé M. Poutine aux militaires rassemblés devant lui. « La sécurité du pays repose aujourd’hui sur vous, l’avenir de notre État et de notre peuple dépend de vous », a-t-il ajouté.
« Vous remplissez vos missions militaires avec honneur, vous combattez pour la Russie », a-t-il poursuivi, avant de lancer: « Pour la Russie, pour nos valeureuses forces armées, pour la victoire ! Hourra ! »
Le chef de l’Etat russe a aussi accusé les « élites occidentales mondialisées » de « monter les peuples les uns contre les autres, diviser les sociétés, provoquer des conflits sanglants », des déclarations dont le fond et la forme rappellent celles qui émanaient de Moscou à l’époque de la Guerre froide.
« Leur but est de parvenir à l’effondrement et à la destruction de notre pays », a encore accusé M. Poutine, qui présente son offensive contre l’Ukraine comme une mesure visant à défendre la Russie contre une supposée agression occidentale.
Après la brève allocution du président russe, des milliers de militaires ont défilé sur l’emblématique place Rouge de Moscou, brandissant des drapeaux russes et soviétiques.
Prigojine accuse encore
Le patron du groupe paramilitaire Wagner a accusé ce mardi des soldats de l’armée régulière russe d’avoir fui leurs positions à Bakhmout, épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, et accusé l’Etat d’être incapable de défendre la Russie.

« Aujourd’hui (mardi), l’une des unités du ministère de la Défense a fui de l’un de nos flancs (…) Ils ont quitté leurs positions, ils ont tous fui », a accusé M. Prigojine, dans une vidéo publiée sur Telegram.
« Pourquoi l’Etat n’arrive-t-il pas à défendre le pays ? », a-t-il encore lancé, alors que le président russe Vladimir Poutine supervisait au même moment le défilé militaire à Moscou.
« Le Jour de la Victoire est la victoire de nos aïeux, nous n’avons pas mérité ne serait-ce qu’une fraction de cette victoire », a taclé M. Prigojine.
« Il y a un crime qui s’appelle « la destruction du peuple russe » (…) Et c’est ce que fait un petit groupe », a-t-il encore cinglé, pointant du doigt l’état-major.
Il a également accusé la hiérarchie militaire de chercher à « tromper » Vladimir Poutine.
« Si tout est fait pour tromper le commandant en chef (Vladimir Poutine), alors soit le commandant en chef vous déchirera le c.., soit ce sera le peuple russe qui sera furieux si la guerre est perdue », a-t-il lancé dans son habituel langage fleuri.
Il a réitéré qu’il entamerait le repli en l’absence de livraisons suffisantes: il a affirmé que Wagner n’avait reçu mardi « que 10% » des munitions qu’il avait réclamées.
« Nous ne quitterons pas (Bakhmout), nous allons (rester) encore quelques jours, nous allons combattre malgré tout, nous nous débrouillerons », a-t-il dit, semblant repousser de quelques jours son ultimatum.
Zelensky, céréales et munitions
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé à l’UE d’accélérer les livraisons de munitions et de lever les restrictions européennes « inacceptables » et « cruelles » sur les exportations céréalières ukrainiennes, des revendications adressées à la présidente de la Commission européenne.

S’agissant des munitions d’artillerie, M. Zelensky a remercié Ursula von der Leyen, présente ce jour à Kiev, pour la décision européenne de fournir « un million d’obus », mais a insisté sur la nécessité de livrer plus vite. « On en a déjà besoin sur le champ de bataille », a-t-il insisté.
S’agissant des céréales ukrainiennes, il a remis sur la table le sujet de restrictions européennes sur les exportations.
« Toute restriction sur nos exportations est absolument inacceptable maintenant parce qu’elle renforce les capacités de l’agresseur » russe, a fustigé M. Zelensky face aux journalistes.
« Nous attendons de l’UE la suppression de toutes les restrictions le plus vite possible », a-t-il continué, jugeant ces « mesures protectionnistes sévères, voire cruelles ».
« En temps de guerre, (elles) ne peuvent que décevoir », a-t-il encore cinglé, visant ainsi les cinq pays concernés – Pologne, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie, Roumanie.
Depuis plusieurs semaines, le ton est monté entre d’un côté Kiev et d’un autre ces Etats, avec Bruxelles en juge de paix.
La Pologne, rapidement imitée par d’autres pays européens, avait unilatéralement banni mi-avril les céréales et d’autres produits agricoles venus d’Ukraine, disant vouloir protéger ses agriculteurs.
Nouvelle aide américaine

Washington a annoncé ce mardi 9 mai une nouvelle aide militaire à l’Ukraine d’un montant de 1,2 milliard de dollars afin notamment de renforcer la défense aérienne de ce pays face à la Russie. Cette nouvelle aide reflète « la détermination des Etats-Unis à continuer à soutenir l’Ukraine en lui procurant des ressources cruciales à court terme comme des systèmes de défense aérienne et des munitions » tout en renforçant sa capacité à se défendre « à plus long terme », a justifié le Pentagone. Volodymyr Zelensky s’est dit reconnaissant, se félicitant d’un « signe de solidarité » apporté lors d’un « jour symbolique ».