Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré dans un entretien diffusé ce jeudi par la BBC que son armée avait encore besoin de temps pour préparer une contre-offensive d’ampleur très attendue destinée à repousser les forces russes.
« Avec (ce que nous avons) nous pouvons aller de l’avant et réussir. Mais nous perdrions beaucoup de monde. Je pense que c’est inacceptable. Donc nous devons attendre. Nous avons encore besoin d’un peu de temps supplémentaire », a déclaré M. Zelensky selon la BBC.
L’armée ukrainienne a entraîné de nouvelles forces et accumulé des munitions et du matériel fournis par les pays occidentaux qui sera, selon des analystes, la clef pour reprendre aux forces russes les territoires occupés.
Le calendrier pour que Kiev lance ses efforts afin de reprendre du terrain dans les régions de Donetsk et Lougansk (Est) ainsi que de Kherson et Zaporijjia (Sud) demeure une question ouverte.
Les propos de Zelensky pourraient faire partie de la guerre communicationnelle que se livrent Kiev et Moscou…
Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a déclaré fin avril que « les préparatifs touchent à leur fin ».
Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a lui accusé jeudi M. Zelensky d’être « malhonnête » dans ses propos à la BBC car la contre-offensive ukrainienne « bat son plein ».
Mercredi, un haut responsable militaire ukrainien avait affirmé que les forces de Kiev ont mené des contre-attaques à Bakhmout, l’épicentre des combats dans l’Est, et forcé les troupes russes à reculer en certains endroits. Cependant, le ministère de la défense russe a affirmé cet après-midi que l’armée russe continuait de progresser. « Les troupes continuent leur offensive dans la partie ouest d’Artemivsk », a déclaré le ministère, utilisant le nom soviétique de la ville de Bakhmout. « Les parachutistes ont apporté leur soutien et ont bloqué les unités de l’armée ukrainienne sur les flancs », a-t-il ajouté.
Missiles à longue portée
Le Royaume-Uni va devenir le premier pays à fournir des missiles de longue portée à l’Ukraine en réponse à « l’agression continue » de la Russie, a annoncé ce jeudi le ministre de la Défense britannique Ben Wallace.

« Le Royaume-Uni donne des missiles Storm Shadow à l’Ukraine », a déclaré le ministre au Parlement. Ces missiles de croisière ont une portée de plus de 250 kilomètres, plus que toutes les autres armes fournies à Kiev par les pays occidentaux.
« Le don de ces systèmes d’armes donne à l’Ukraine la meilleure chance de se défendre contre la brutalité continue de la Russie », a ajouté Ben Wallace. Ces missiles « vont permettre à l’Ukraine de repousser les forces russes basées sur le territoire souverain de l’Ukraine ».
Avec leur longue portée, ces missiles ont la capacité d’atteindre des zones dans l’Est de l’Ukraine contrôlées par les forces russes.
Le missile Storm Shadow, qui est développé conjointement par le Royaume-Uni et la France, est lancé depuis les airs. Il est appelé SCALP par l’armée française.
Promises par les Etats-Unis début février, des roquettes de longue portée GLSDB ont également été fournies, selon des affirmations russes non démenties par Kiev. L’Ukraine juge ces munitions, d’une portée de jusqu’à 150 km, cruciales pour lancer sa prochaine contre-offensive et menacer des positions russes loin derrière les lignes de front.
L’Afrique du Sud accusée
L’ambassadeur américain à Pretoria a accusé jeudi l’Afrique du Sud d’avoir fourni un soutien militaire à la Russie, en dépit de sa neutralité déclarée dans le conflit avec l’Ukraine, lors d’une rencontre avec des médias locaux.

Selon Reuben Brigety, les Etats-Unis sont convaincus que « des armes et des munitions ont été chargées » à bord d’un cargo russe, amarré près du Cap début décembre, « avant qu’il ne reparte vers la Russie ».
« Armer les Russes est extrêmement grave et nous ne pensons pas que cette question soit résolue. Nous aimerions que l’Afrique du Sud commence à pratiquer sa politique de non-alignement », a-t-il ajouté lors de cette rencontre.
Ses déclarations ont été confirmés à l’AFP par une source présente à la réunion. Mais l’ambassade américaine, contactée par l’AFP, n’a pas souhaité confirmer ni infirmer ces propos.
Questionné sur la fiabilité du renseignement américain au sujet du chargement du navire, l’ambassadeur Reuben Brigety a affirmé qu’elle était solide.
L’accostage du navire dans la plus grande base navale du pays, à Simon’s Town, sur la péninsule du Cap, avait suscité une polémique dans le pays avant Noël.
Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), avait sommé le gouvernement d’expliquer comment un cargo russe visé par les sanctions occidentales était ainsi autorisé à s’amarrer.