L’armée ukrainienne a dit mardi avoir abattu les 18 missiles tirés dans la nuit par la Russie contre Kyiv, une attaque d’une intensité « exceptionnelle » qui visait semble-t-il à détruire les systèmes de défense antiaérienne modernes récemment déployés par l’Ukraine, comme les Patriot américains.
Selon le chef d’état-major de l’armée ukrainienne, Valéry Zaloujny, la Russie a tiré six missiles hypersoniques Kinjal à partir de bombardiers stratégiques, neuf missiles de croisière depuis des navires en mer Noire et trois missiles Iskander depuis le sol.
Tous ces missiles ont été abattus, ainsi que six drones Shahed de fabrication iranienne et trois drones de reconnaissance, a-t-il affirmé sur la messagerie Telegram.
« C’était exceptionnel en terme d’intensité – le plus grand nombre d’attaques de missile en un temps réduit », a déclaré le chef de l’administration militaire de la capitale ukrainienne, Serhiy Popko, via la messagerie Telegram.
Reuters n’a pas été en mesure de vérifier ces informations de manière indépendante.
L’armée russe affirme avoir « touché toutes les cibles ».
Mission africaine de paix
Une mission de paix menée par six dirigeants africains partira « dès que possible » en Ukraine et en Russie pour tenter de « trouver une solution pacifique au conflit dévastateur », a annoncé ce mardi le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky ont « accepté de recevoir la mission et les chefs d’État africains, à Moscou et à Kiev », a déclaré M. Ramaphosa lors d’une conférence de presse au Cap.
« J’ai convenu avec le président Poutine et le président Zelensky de commencer à préparer les engagements avec les chefs d’État africains », a-t-il poursuivi. La mission inclura, outre l’Afrique du Sud, le Sénégal, la Zambie, le Congo, l’Ouganda et l’Egypte.
M. Ramaphosa, qui a précisé s’être entretenu au cours du weekend avec ses homologues russe et ukrainien lors d’« appels téléphoniques séparés », a dit espérer « des échanges soutenus avec les deux dirigeants » au cours de la mission.
La veille, M. Ramaphosa s’était indigné que Pretoria subisse des « pressions extraordinaires » pour choisir son camp. Proche du Kremlin depuis l’époque de la lutte contre l’apartheid, l’Afrique du Sud a toujours refusé de condamner l’invasion de l’Ukraine, affirmant rester « neutre » et vouloir privilégier le dialogue.
L’émissaire chinois Li Hui, chargé de discuter du règlement de la situation en Ukraine, est, lui, attendu vendredi à Varsovie, a-t-on appris mardi auprès du ministère polonais des Affaires étrangères.
« Ce sera ainsi », s’est borné à indiquer le porte-parole du ministère Lukasz Jasina, interrogé par l’AFP, après qu’un journaliste de la radio TOK FM a annoncé sur Twitter une rencontre prévue entre cet émissaire et un membre du gouvernement polonais.
Questions sur l’accord céréalier

Le Kremlin a affirmé ce mardi qu’il restait encore « beaucoup de questions » à régler avant de prolonger l’accord permettant d’exporter par la mer Noire des tonnes de céréales ukrainiennes, et que Moscou menace de quitter cette semaine.
« Il reste encore beaucoup de questions sans réponse au sujet de la partie de l’accord qui nous concerne. Nous devons désormais prendre une décision », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Moscou affirme que si les exportations de céréales ukrainiennes ont pu reprendre, les exportations des engrais et des produits alimentaires russes restent quant à eux entravées par des obstacles liés aux sanctions imposées par les pays occidentaux après le déclenchement de l’offensive russe contre l’Ukraine.
La Russie a publiquement listé cinq exigences pour prolonger l’accord, notamment la reconnexion au système bancaire international Swift de la banque russe spécialisée dans l’agriculture Rosselkhozbank et l’annulation des entraves pour assurer des navires et accéder aux ports étrangers.
Kiev : corruption à la Cour suprême

Le président de la Cour suprême ukrainienne Vsevolod Kniazev a été arrêté et placé en détention dans une affaire de corruption portant sur 2,7 millions de dollars (2,5 millions d’euros), ont annoncé ce mardi des structures anti-corruption du pays en guerre.
« Le président de la Cour suprême a été placé en détention », a indiqué un responsable du Parquet anti-corruption ukrainien, Oleksandre Omeltchenko, lors d’une conférence de presse. Une autre personne a été arrêtée, a-t-il précisé sans en dévoiler l’identité.
« C’est la plus grosse affaire » touchant la branche judiciaire de l’Etat, a déclaré le chef du bureau anti-corruption national Semen Kryvonos, faisant état d’un « groupe criminel » formé par des juges de la Cour suprême.
Selon les responsables anti-corruption, le milliardaire ukrainien Kostiantin Jevago, que l’Ukraine cherche à faire extrader depuis la France, s’est mis d’accord avec une société d’avocats pour verser un pot-de-vin à la Cour suprême afin que celle-ci « adopte une décision nécessaire » concernant cet ex-député.
Selon le Parquet anti-corruption, M. Jevago a transféré 2,7 millions de dollars aux avocats. Sur ce montant, 1,8 million de dollars devait être payé à des juges de la Cour suprême et 900.000 dollars aux avocats pour leurs « services en tant qu’intermédiaires ».
Terres inexploitables
Les bombes qui n’ont pas explosé, les obus et les mines disséminés en Ukraine menacent la vie de ses habitants, et risquent de rendre inexploitables des terres agricoles fertiles pendant des années, a souligné mardi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Le Belarus en alerte
Le dirigeant bélarusse Alexandre Loukachenko a annoncé lundi que son pays était en « état d’alerte » depuis que « quatre appareils ont été abattus » pendant le week-end en Russie, ce que Moscou n’a pas officiellement reconnu.

Samedi, les agences de presse russes ont rapporté qu’un hélicoptère s’était écrasé dans la région de Briansk, frontalière de l’Ukraine, évoquant un « incendie du moteur ».
D’autres sources ont cependant fait état de quatre appareils abattus par l’Ukraine au total dans le ciel de Briansk, deux hélicoptères et deux avions, ce que l’armée russe, peu prolixe sur ses pertes, n’a jamais confirmé, ni infirmé.
Mais, lors d’une visite au centre de commandement de l’armée de l’air bélarusse, M. Loukachenko, principal allié du Kremlin, a fait état de développements « alarmants » qui ont poussé Minsk à se mettre en « état d’alerte plus élevée ».
« Je veux parler de la région de Briansk, où quatre appareils aériens ont été abattus », a déclaré le dirigeant bélarusse, cité dans un communiqué publié par la présidence.
La région de Briansk est à la fois frontalière de l’Ukraine et du Bélarus.