Volodymyr Zelensky s’est rendu ce jeudi à Kherson, ville sinistrée par les inondations entraînées par la destruction du barrage de Kakhovka. Sur place, il a visité un point d’évacuation pour les civils, échangeant avec des responsables. « Notre tâche est de protéger des vies et d’aider les gens autant que possible. Je remercie les sauveteurs et les bénévoles ! », a salué le président ukrainien dans un message publié sur les réseaux sociaux. Il a également dit avoir tenu, dans la région de Kherson, une « réunion de coordination » sur « la situation opérationnelle de la région à la suite de la catastrophe (et) l’évacuation de la population des zones potentiellement inondables ». Il a aussi promis « des indemnisations » pour « les habitants touchés par la catastrophe » et « un programme pour compenser les pertes ou relocaliser les entreprises dans la région ».
Selon le gouverneur Oleksandre Prokoudine, « six cents kilomètres carrés sont inondés dans la région de Kherson. 32 % se trouvent sur la rive droite » du fleuve Dniepr contrôlée par les Ukrainiens, et « 68 % sur la rive gauche », occupée par les Russes. Moscou et Kiev se rejettent la responsabilité de la destruction, mardi, de ce barrage situé sur le fleuve Dniepr. Du côté ukrainien, « 20 localités et 2 629 maisons » ont été inondées, dont une partie de la capitale régionale, Kherson. Les services d’urgence de l’État ukrainien ont chiffré l’évacuation à 1 995 personnes avec 103 enfants. De nombreuses autres personnes ont fui par leurs propres moyens.
Côté russe, 4 500 personnes « ont déjà été évacuées », selon les autorités d’occupation ce jeudi, et « cinq personnes qui faisaient paître le bétail sont mortes noyées », selon Vladimir Leontiev, le maire de la ville de Nova Kakhovka, installé par la Russie, cité par les agences russes. C’est le premier bilan de victimes communiqué par les autorités depuis la destruction du barrage de Kakhovka.
Zelensky « choqué »

Mercredi, Volodymyr Zelensky a toutefois déploré l’absence d’aide humanitaire : « L’ONU, les Nations Unies et les représentants de la Croix-Rouge ne sont pas là », a-t-il dénoncé dans une interview diffusée par les médias allemands Welt TV et Bild. Il s’est dit « choqué », car « ce sont les forces qui doivent être là pour sauver la vie des gens ».
Après un entretien téléphonique avec Zelensky, le président français Emmanuel Macron a annoncé mercredi soir l’envoi, « dans les toutes prochaines heures », d’une « aide pour répondre aux besoins immédiats » de l’Ukraine.
Le président ukrainien a par ailleurs accusé les forces russes de prendre pour cible les sauveteurs tentant d’apporter de l’aide dans la zone sinistrée. « Dès que nos forces tentent de sortir quelqu’un de là, les occupants leur tirent dessus à distance ». Un bombardement russe au centre de Kherson a fait des morts et des blessés, a déclaré un responsable de l’armée ukrainienne.
D’autre part, selon l’ état-major ukrainien, les Russes « n’étaient pas préparés aux conséquences de l’explosion » et « ont subi des pertes en hommes, en armes et en équipements militaires ».
Moscou accuse
Moscou a affirmé jeudi devant la Cour internationale de justice (CIJ) que Kiev avait détruit le barrage de Kakhovka avec des frappes d’artillerie « massives », accusant le régime de Kiev d’être néonazi.
Ces accusations ont été portées alors que la Russie et l’Ukraine présentent leurs arguments à La Haye devant la plus haute juridiction de l’ONU, dans une affaire dans laquelle Kiev accuse Moscou d’avoir violé un traité de financement du terrorisme en soutenant les séparatistes dans l’Est de l’Ukraine depuis 2014.
« L’Ukraine a déclaré que la Russie a fait exploser le grand barrage situé à Nova Kakhovka. En fait, c’est l’Ukraine qui l’a fait », a déclaré l’ambassadeur de Russie aux Pays-Bas, Alexander Shulgin.
« Le régime de Kiev a non seulement lancé des attaques d’artillerie massives contre le barrage (…) mais il a aussi délibérément porté le niveau d’eau du réservoir de Kakhovka à un niveau critique », en ouvrant les vannes de la centrale hydroélectrique, a-t-il accusé.
M. Shulgin n’a présenté aucune preuve au tribunal pour étayer ses réponses aux déclarations liminaires faites mardi par l’Ukraine devant la CIJ, dans une affaire qu’elle a portée devant la juridiction en 2017.
Des spécialistes du génie estiment qu’il est plus qu’improbable que des tirs aient détruit un barrage aussi important sans que cela ne se remarque car il aurait fallu le prendre pour cible durant plusieurs jours.
Pas encore la contre-offensive

L’Ukraine n’a pas encore lancé la contre-offensive attendue de longue date pour reconquérir les territoires occupés par la Russie, a déclaré mercredi soir un haut responsable de la sécurité ukrainienne.
Des responsables russes ont affirmé que la contre-offensive ukrainienne avait déjà débuté, ce qu’Oleksi Danilov, secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, a démenti.
« Tout cela est faux. Le moment où tout cela commencera sera décidé par nos militaires », a déclaré Oleksi Danilov dans le cadre d’un entretien accordé à Reuters. « Lorsque nous lancerons la contre-offensive, tout le monde le saura, tout le monde le verra. »
Les responsables russes ont confondu les avancées ukrainiennes dans certaines zones de la ligne de front avec le début d’une opération de plus grande envergure, a-t-il affirmé.
Procès à Moscou

C’est l’un des fondateurs de l’ONG Memorial, Prix Nobel de la paix et dissoute par la justice russe en 2021 : Oleg Orlov est jugé à Moscou pour avoir dénoncé la guerre en Ukraine. Il risque d’être condamné à plusieurs années de prison ferme. Une « parodie de justice » aux yeux du Conseil de l’Europe qui demande à la Russie l’abandon des poursuites à son encontre.
Aujourd’hui âgé de 70 ans, Oleg Orlov est poursuivi pour des activités « publiques visant à discréditer l’armée ». En cause, un article qui décrivait la guerre en Ukraine comme un désastre pour la Russie. Le militant de Memorial pourrait être condamné à trois années