Les forces russes ont maintenu ce samedi leur pression sur les régions de l’est et du sud de l’Ukraine, particulièrement autour de Kharkiv, la grande ville du nord-est, où elles tentent coûte que coûte d’accentuer leur contrôle, en dépit, selon Kiev, de revers sur le terrain. De violentes explosions ont été entendues dans la nuit de vendredi à samedi à Kharkiv, deuxième ville du pays, pilonnée depuis des semaines par l’artillerie russe. Volodymyr Zelensky a reconnu que la situation dans la région était « difficile, mais [que leurs] militaires [obtenaient] des succès tactiques ». Dans la région de Donetsk et de Louhansk, quatorze attaques lancées par les forces russes ont été repoussées au cours des dernières vingt-quatre heures, a affirmé ce samedi l’état-major des forces ukrainiennes. A Marioupol, toujours sous les bombes, aucune évacuation n’a été possible.
Le gouverneur de la région russe de Briansk, au nord de l’Ukraine, affirme que la défense antiaérienne russe a détecté un avion ukrainien ce matin, et que deux obus ont endommagé des bâtiments d’un terminal pétrolier à Zhecha, sans faire de victimes.
Le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a exhorté l’OTAN et les Etats-Unis à cesser de livrer des armes à Kiev, s’ils « sont vraiment intéressés à résoudre la crise ukrainienne ». « Un flux continu d’armes en tout genre est entré en Ukraine à travers la Pologne et d’autres pays de l’OTAN », a déclaré M. Lavrov dans une interview publiée aujourd’hui par l’agence officielle Chine nouvelle. Le ministre a ajouté que l’offensive russe en Ukraine se déroulait « conformément aux plans », et que tous ses objectifs « seront atteints en dépit de l’obstruction de [leurs] adversaires ».
Vu de Londres
Selon le ministère britannique de la défense, qui publie chaque jour sur Twitter un court rapport issu de ses renseignements militaires :
« La Russie espère rectifier les problèmes qui ont précédemment entravé son invasion en concentrant géographiquement sa puissance de combat, en raccourcissant les lignes d’approvisionnement et en simplifiant le commandement de ses troupes. La Russie doit encore relever des défis considérables. Elle a été contrainte de fusionner et de redéployer certaines de ces unités, qui étaient épuisées et avaient souffert de nombreuses pertes à la suite d’assauts ratés dans le nord-est de l’Ukraine. Nombre de ces unités souffrent probablement d’un moral affaibli.
La coordination tactique russe présente toujours des lacunes. Le manque de compétences au niveau des unités et le manque d’homogénéité du soutien aérien ont empêché la Russie de tirer pleinement parti de sa force de combat, malgré des améliorations localisées.
Tortures
Les corps de trois hommes visiblement torturés et tués par balle ont été retrouvés aujourd’hui dans une fosse à proximité de Boutcha, a annoncé la police de Kiev. « Les victimes ont été torturées pendant longtemps », a précisé le chef de la police, Andri Nebytov, précisant que les hommes avaient les mains liées, les yeux bandés et pour certains un bâillon dans la bouche. Les corps de ces trois hommes ont été retrouvés à Myrotske, un village proche de Boutcha. « D’après les données préliminaires, les occupants ont essayé de cacher les traces de leurs violences, donc ils ont jeté les corps dans une fosse et les ont recouverts de terre », a précisé M. Nebytov.
Vu de Washington
Le Pentagone a accusé vendredi Vladimir Poutine de « dépravation » et de « cruauté » pour la façon dont les forces russes se comportent en Ukraine, où elles sont accusées d’assassinats de civils, y compris d’enfants. Interrogé au cours d’un point de presse sur l’état psychologique du président russe à ce stade du conflit, le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby, est apparu au bord des larmes en évoquant les atrocités attribuées aux forces russes.
« Il est difficile de regarder certaines images et d’imaginer qu’un dirigeant sérieux puisse faire ça », a déclaré M. Kirby, habituellement connu pour sa maîtrise face aux caméras et son flegme. « Je ne connais pas son état psychologique, mais je pense qu’on peut parler de sa dépravation, » a-t-il ajouté.
Qualifiant de « foutaises » les arguments « bizarres » du maître du Kremlin, qui affirme que cette guerre est menée pour protéger la minorité russe d’Ukraine du nazisme ukrainien, il a noté qu’il était « difficile de concilier cette rhétorique avec ce qu’il fait en Ukraine à des innocents tués d’une balle dans la nuque, les mains liées derrière leur dos, à des femmes, des femmes enceintes tuées, des hôpitaux bombardés ».
Zelensky-Macron
Le président français, Emmanuel Macron, a promis de renforcer l’appui de la France à l’Ukraine en armement et en aide humanitaire, à l’occasion d’un entretien téléphonique d’une heure, samedi, avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. Alors que le président ukrainien le remerciait pour des « envois de matériel militaire d’envergure qui contribuent à la résistance ukrainienne », le chef d’Etat français « a indiqué que cet appui continuera de se renforcer, de même que l’assistance humanitaire apportée par la France », ajoutant selon un communiqué que « la mission d’experts français contribuant au recueil de preuves pour lutter contre l’impunité et permettre le travail de la justice internationale relatif aux crimes commis dans le cadre de l’agression russe, se prolongera ».