Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a affirmé mardi 12 juin que son pays avait commencé à recevoir de telles armes, dont certaines, selon lui, seraient trois fois plus puissantes que les bombes atomiques larguées par les États-Unis à Hiroshima et à Nagasaki en 1945. Ces déclarations contredisent celles de Vladimir Poutine vendredi 9 juin, qui mentionnait la date de début juillet.
En pleine guerre en Ukraine et en pleine confrontation avec l’Occident, il s’agit du premier déploiement annoncé d’armes nucléaire russes en dehors du territoire russe depuis la chute de l’Union soviétique en 1991. «Nous avons des missiles et des bombes que nous avons reçus de Russie», a expliqué, au présent de l’indicatif, Alexandre Loukachenko dans une interview avec la chaîne de télévision publique russe Rossiya-1 qui a été publiée sur la chaîne Telegram de l’agence de presse biélorusse Belta citée par Reuters. «Les bombes sont trois fois plus puissantes que celles (larguées sur) Hiroshima et Nagasaki», a-t-il précisé, s’exprimant sur le long d’une route forestière, encadrée par de nombreux véhicules militaires.
Néanmoins, plus loin dans l’entretien, le dictateur s’exprime cette fois au futur simple : «Dès que les armes seront amenées ici, elles seront déployées dans toute la Biélorussie ».
Six morts à Odessa
Six personnes sont mortes et 19 ont été blessées dans une attaque aux missiles lancée par les forces russes sur le port d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine, a annoncé ce mercredi un responsable militaire.

Les personnes décédées sont des employés d’un entrepôt commercial touché par un missile de croisière russe de type Kalibr, a indiqué sur Telegram Serhiï Bratchouk, porte-parole de l’administration militaire d’Odessa. « Il pourrait y avoir des gens sous les décombres », a-t-il ajouté. L’attaque a détruit 1.000 m2 d’entrepôts et a provoqué un incendie sur 400 m2, selon lui.
Quatre missiles ont été lancés depuis un navire en mer Noire, a-t-il précisé. Selon l’administration militaire, la défense anti-aérienne ukrainienne a abattu deux des missiles.
Selon Poutine…
Les pertes ukrainiennes sont « catastrophiques » : Lors d’une rencontre télévisée avec des correspondants de guerre russes, Vladimir Poutine a assuré que ses forces écrasaient la contre-offensive ukrainienne. Selon lui, Kiev a perdu « environ 25% ou peut-être 30% de l’équipement » fourni par les Occidentaux, avançant le chiffre de 160 chars et plus de 360 blindés. Côté russe, il a admis la perte de 54 chars, dont certains sont réparables. Soit, des pertes « dix fois moindres » que celle du pays voisin, a déclaré le chef du Kremlin. Des données invérifiables de sources indépendantes. C’est la deuxième fois depuis vendredi que le président russe affirme que son armée repousse l’assaut que l’Ukraine.

Commandant tchétchène blessé
Un haut commandant tchétchène combattant en Ukraine a été blessé, rapporte mercredi Zvezda, la chaîne de télévision du ministère russe des Affaires étrangères qui cite le service de presse de la Douma.
Adam Delimkhanov, lui-même élu à la chambre basse du Parlement russe, commande en Ukraine le bataillon tchétchène de la Garde nationale russe et il est parfois présenté comme le numéro deux de la république caucasienne derrière son président, Ramzan Kadyrov.

Ancien combattant séparatiste tchétchène lors des guerres de Tchétchénie, Adam Delimkhanov s’est finalement rangé dans le camp de Moscou, comme l’essentiel de la classe dirigeante tchétchène. Il a pris part avec son bataillon à certains combats en Ukraine, notamment à Marioupol, dans les jours qui ont suivi l’invasion russe de février 2022.
Plusieurs médias ukrainiens ont rapporté ce mercredi qu’il avait été tué par un tir d’artillerie dans le sud du pays.
Mines : six fois la Belgique
Disposant d’un arsenal immense en la matière, les Russes ont miné le territoire ukrainien dans des proportions qui font de ce pays l’un des plus vastes champs de mines au monde. Selon les états-majors occidentaux, quelque 170 000 kilomètres carrés seraient aujourd’hui couverts de dispositifs antichars ou antipersonnel, soit l’équivalent de près de six fois la superficie de la Belgique. Mais tous n’ont pas été posés par les Russes. « Les Ukrainiens en avaient [aussi] mis beaucoup avant la guerre, surtout au Donbass », où les deux belligérants s’affrontent depuis 2014, précise une source militaire française.

Selon le site Oryx, qui compile les pertes des deux belligérants sur la base de preuves visuelles, au moins 16 blindés de combat d’infanterie Bradley ont été perdus par les Ukrainiens, sur les 109 livrés par les Occidentaux, ainsi que 4 chars lourds Leopard 2 et 2 chars légers AMX-10 RC.
Zaporijia : visite reportée
La visite du directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia a été reportée à jeudi, ont annoncé ce mercredi des responsables russes, une source diplomatique évoquant des raisons de sécurité.
La centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, est occupée par la Russie, qui assure l’organisation de la visite de M. Grossi sur place.

Ce changement de date a été confirmé par un responsable de l’occupation russe dans cette région, cité par l’agence de presse Interfax. « Nous attendons M. Grossi à la centrale le 15 juin. La visite a été reportée d’un jour », a dit Evgueni Balitski.
Selon une source diplomatique occidentale contactée par l’AFP, son déplacement a été ajourné « de quelques heures mais pas annulé ».
Il devrait se tenir « sous peu », a-t-elle précisé en début d’après-midi. « Des contrôles de sécurité sont en cours au regard de la situation générale dans la région », a poursuivi cette source.
Selon M. Grossi, il n’y a pas de « danger immédiat » pour la centrale mais le niveau de l’eau dans le bassin de refroidissement l’inquiète: « Il y a un risque sérieux car l’eau qui est là-bas est limitée ».
Les crânes du barrage…
L’eau se retire et c’est un musée à ciel ouvert qui se découvre. La destruction du barrage de Kakhovka mardi 6 juin, a vidé le vaste réservoir situé le long Dniepr, et le fleuve laisse désormais apparaître des vestiges des guerres passées sur le sol ukrainien. En seulement quelques jours, le niveau du réservoir est passé de 17 à 11 mètres dimanche.
Des restes de missiles de défense aérienne modernes ont été retrouvés, mais aussi des armes bien plus anciennes, datant sans doute de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les forces soviétiques et nazies se sont affrontées en Ukraine, rapporte le média américain Insider.

Outre les armes, on retrouve également des corps. Des vidéos prises sur les rives du Dniepr montrent des crânes englués dans la vase, rapporte The Guardian. Selon les historiens, ces cadavres pourraient être ceux de la grande bataille du Dniepr qui s’est déroulée il y a 80 ans, en 1943, lors d’une contre-attaque de l’armée soviétique contre l’armée allemande. Ce qui a été l’une des plus importantes opérations de la Seconde Guerre mondiale a impliqué plus de 6 millions de soldats.
Andrii Solonets, historien au musée national de l’histoire de l’Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale, a déclaré au média britannique : « Les pertes des troupes soviétiques se situent entre 30 000 et 60 000 personnes. Les pertes des troupes allemandes et roumaines se sont élevées à 20 000 personnes.