« Les Russes ne respectent pas leur promesse de trêve et ne permettent pas l’évacuation des civils » toujours réfugiés avec les combattants dans les souterrains de cette immense usine, a affirmé Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment Azov dans un message vidéo sur Telegram.
Un conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Oleksiï Arestovitch, a, lui, assuré à la télévision ukrainienne que les « forces russes sont entrées hier (mercredi) » dans l’usine. « Nous avons de nombreuses informations, souvent contradictoires » sur la situation actuelle, a-t-il ajouté, refusant de donner un état des lieux précis. Les journalistes présents ont constaté que les bombardements continuaient. Cependant, en début d’après-midi, le porte-parole de la présidence russe a assuré à la presse que les couloirs humanitaires au site de l’usine métallurgique Azovstal « fonctionnaient » pour évacuer des civils de cette dernière poche de résistance ukrainienne dans le port stratégique de Marioupol. Mercredi soir, le ministère de la défense avait indiqué que « les forces armées russes vont ouvrir un couloir humanitaire de 08h00 à 18h00 heure de Moscou (de 05h00 à 15h00 GMT) les 5, 6 et 7 mai à partir du site de l’usine métallurgique Azovstal pour évacuer des civils », a déclaré le ministère de la Défense.
« Pendant cette période, les forces armées russes et les unités de la République populaire du Donetsk (unilatéralement proclamée par les séparatistes prorusses, ndlr) vont cesser le feu et les hostilités unilatéralement », a poursuivi le ministère dans un communiqué. Les civils qui ont trouvé refuge dans l’usine seront autorisés à gagner la Russie ou les territoires sous le contrôle de Kiev, selon ce texte.
En début de soirée, l’ONU a annoncé qu’un convoi était en route vers Marioupol.
Ailleurs, l’offensive russe se poursuit : « afin de détruire les infrastructures de transport de l’Ukraine, l’ennemi a tiré des missiles sur des installations dans les régions de Dnipropetrovsk, Kirovograd, Lviv, Vinnytsia, Kiev, de la Transcarpatie, d’Odessa et de Donetsk », a déclaré l’état-major de l’armée ukrainienne dans la matinée.
Une enquête de l’agence Associated Press conclut que le bilan de la frappe aérienne sur le théâtre de Marioupol le 16 mars s’élève à plus de 600 morts, soit le double de ce qui avait été estimé. C’est l’attaque la plus meurtrière depuis le début du conflit. De nombreux survivants pensent qu’environ 1 000 personnes se trouvaient à l’intérieur du bâtiment lors du raid aérien et que seules 200 personnes, au maximum, en seraient sorties
Aide et renseignements

L’aide militaire et en matière de renseignements des Occidentaux à l’Ukraine empêche la Russie d’achever « rapidement » son offensive chez son voisin, a affirmé ce jeudi le Kremlin, assurant néanmoins que tous ses objectifs seront remplis. « Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Otan dans son ensemble partagent en permanence des données du renseignement avec les forces armées ukrainiennes. Conjuguées aux approvisionnements en armes (…), ces actions ne permettent pas d’achever rapidement l’opération », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, en réagissant à une publication parue mercredi dans le New York Times.
Selon ce journal, citant des sources anonymes au sein des services américains, les renseignements fournis par les Etats-Unis à l’armée ukrainienne ont permis de cibler plusieurs généraux russes près du front (12 Tués). Ces actions occidentales « ne sont toutefois pas en mesure d’empêcher » que les objectifs de l’offensive russe en Ukraine soient remplis, a souligné le porte-parole du Kremlin.
Financement participatif
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé le lancement d’une plate-forme de financement participatif en ligne conçue pour aider Kiev à gagner la guerre contre la Russie et reconstruire les infrastructures du pays. « En un clic, vous pouvez donner des fonds pour aider nos défenseurs, sauver nos civils et reconstruire l’Ukraine », a-t-il déclaré en anglais dans une vidéo publiée sur Twitter en annonçant le lancement de la plate-forme United24.
« Tous les fonds seront transférés à la banque nationale d’Ukraine et attribués aux ministères concernés », a ajouté le président ukrainien, précisant que des rapports sur la distribution des fonds seront publiés « toutes les 24 heures ».
Le premier ministre polonais a, pour sa part, déclaré que plus de six milliards d’euros destinés à l’Ukraine ont été réunis lors d’une conférence internationale des donateurs à Varsovie. « Quand la Russie apporte la mort, les pays du monde libre doivent apporter leur aide et je pense que cette conférence ici à Varsovie a montré une énorme dose de solidarité parmi nous », a déclaré M. Morawiecki.
Pétrole et embargo
Le sixième paquet de sanctions contre Moscou avec un embargo sur le pétrole qui doit être adopté à l’unanimité par les Vingt-Sept, a été présenté mercredi à Strasbourg par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Aucun accord n’a été trouvé pour le moment.
En achetant leur énergie à la Russie, les Européens financent la guerre de Poutine. Depuis le début de l’invasion en Ukraine, ils lui ont déjà, selon un décompte en temps réel opéré par le Center for Research on Energy and Clean Air (CREA), versé plus de 53 milliards d’euros, dont 21 milliards pour le pétrole, près de 31 milliards pour le gaz et 881 millions pour le charbon.

Mais l’affaire est rendue délicate par la forte dépendance de certains Etats membres aux ressources énergétiques de la Russie. Par ailleurs, un embargo sur le pétrole pourrait aussi se traduire par une nouvelle flambée des cours, qui atteignent déjà des sommets. « Si la Russie vend à des prix encore plus élevés à d’autres le pétrole qui nous était réservé, ce serait totalement contre-productif », note un diplomate. Les conséquences sur la croissance d’une inflation dopée par un embargo sur le pétrole pourraient être dramatiques, sans parler du risque de voir des troubles sociaux rappelant le mouvement des « gilets jaunes » en France se manifester partout sur le continent. C’est pourquoi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a décidé d’accorder quelques mois aux Etats membres, en espérant que ce délai leur suffira pour s’organiser.