Un soldat russe de 21 ans va être jugé pour crime de guerre en Ukraine, ce qui constituera le premier procès avec ce chef d’accusation dans le pays envahi par la Russie le 24 février, a annoncé la procureure générale de Kiev. Le militaire accusé se déplaçait avec quatre autres soldats russes près du village de Chupakhivka à bord d’une voiture volée, après l’attaque de leur convoi le 28 février. Le communiqué précise que le civil circulait à vélo sur le bord de la route, non loin de son domicile.
« L’un des soldats a ordonné à l’accusé de tuer un civil afin qu’il ne les dénonce pas », a relevé la justice. « L’homme est mort sur place, à quelques dizaines de mètres seulement de chez lui ». Vadim Shishimarin, placé en détention, risque l’emprisonnement à vie s’il est reconnu coupable de crime de guerre et de meurtre avec préméditation. La date du procès n’a pas été précisée.
Plus de 10.700 crimes de guerre présumés impliquant 622 suspects ont été signalés auprès des services de la procureure.
Sur le terrain, un bombardement aérien mené par l’armée russe sur la ville de Novhorod-Siversky, dans le nord de l’Ukraine, a fait au moins trois morts et douze blessés dans la nuit de mercredi à jeudi, a annoncé jeudi un porte-parole des secours locaux à l’AFP.
« Aujourd’hui, vers 00 h 10 et 00 h 23, l’ennemi a effectué une frappe aérienne, probablement à partir d’un [chasseur] SU-30SM », ont fait savoir dans un communiqué les forces ukrainiennes.
« Les [Russes] ont frappé des infrastructures critiques, dont des écoles. D’autres bâtiments administratifs et des maisons résidentielles ont également été endommagés », a annoncé plus tôt dans la matinée le gouverneur de la région de Tchernihiv, Viacheslav Chaus.
Des tirs en provenance d’Ukraine ont fait un mort et sept blessés dans le village frontalier russe de Solokhi, dans l’oblast de Belgorod, a déclaré le gouverneur régional, Viatcheslav Gladkov, sur Telegram. « Deux de mes adjoints – Konstantin Polejaev et Vladimir Bazarov – se sont rendus sur le site pour évaluer l’étendue des dommages aux bâtiments résidentiels et commencer leur restauration », a-t-il précisé.
L’Ukraine a proposé à la Russie de libérer des prisonniers de guerre russes en échange de l’évacuation des soldats ukrainiens blessés de l’aciérie assiégée Azovstal à Marioupol. Dans un message publié sur Telegram hier, la vice-première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, a déclaré que des négociations étaient en cours.
Moins de gaz russe en Allemagne
Le ministre de l’énergie allemand a accusé, ce jeudi, la Russie d’utiliser désormais l’énergie « comme une arme », après les sanctions imposées par Moscou à plus de trente sociétés énergétiques occidentales et la réduction observée des flux de gaz vers l’Europe. La plupart des sociétés sanctionnées appartiennent à Gazprom Germania, la filiale allemande du géant gazier russe. L’Etat allemand a placé cette entreprise sous son contrôle en raison de son importance stratégique.

Le transit de gaz russe par les gazoducs traversant l’Ukraine est également réduit depuis mercredi, une station de transit à la frontière russo-ukrainienne étant à l’arrêt.
Les flux devaient baisser de près d’un tiers aujourd’hui par rapport à la veille, quand il avait déjà été réduit de 20 % en vingt-quatre heures. En conséquence, l’arrivée de gaz russe via l’Ukraine dans la première économie européenne a baissé de quelque 40 % en deux jours, selon les données des opérateurs.
A Berlin, le ministre des affaires étrangères ukrainien, Dmitro Kouleba, a réclamé que l’Europe mette un terme définitif à sa dépendance envers le gaz russe et coupe l’« oxygène énergétique » de la Russie, « C’est particulièrement important pour l’Europe », a-t-il souligné, lors d’une conférence de presse avec le vice-chancelier et ministre de l’économie, Robert Habeck. « La Russie a montré (…) qu’elle n’était pas un partenaire fiable, et l’Europe ne peut pas se permettre » dans ces conditions de continuer à traiter avec Moscou, a fait valoir M. Kouleba.
Poutine et la résistance économique
Vladimir Poutine, a affirmé que l’Occident souffrait davantage que la Russie des sanctions imposées à Moscou en raison de l’offensive en Ukraine, se vantant d’une grande résistance de l’économie russe face aux « défis extérieurs ».

Les auteurs des sanctions, « guidés par leurs ambitions gonflées et aveugles et par la russophobie, portent un coup beaucoup plus dur à leurs propres intérêts nationaux, à leur propre économie et à la prospérité de leurs propres citoyens », a déclaré M. Poutine, lors d’une réunion consacrée aux questions économiques. « Nous le voyons avant tout en regardant une forte hausse de l’inflation en Europe, qui frôle [les] 20 % dans certains pays », a-t-il affirmé.
Selon M. Poutine, « il est évident que (…) la poursuite de l’obsession des sanctions va aboutir inévitablement aux conséquences les plus difficiles pour l’Union européenne, pour ses citoyens ». « Pour sa part, la Russie réussit avec assurance à faire face aux défis extérieurs grâce à sa politique macroéconomique responsable de ces dernières années, ainsi que grâce aux décisions systémiques visant à renforcer sa souveraineté économique et sa sécurité technologique et alimentaire », a dit Vladimir Poutine.