La situation devient « de plus en plus difficile » pour les Ukrainiens dans le Donbass, où Moscou bombarde Severodonetsk « vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». Moscou continue en effet à intensifier sa puissance de feu le Donbass. On y trouve, selon Serhi Haïdaï, gouverneur de la région de Louhansk, les unités retirées de la région de Kharkiv, les assaillants du siège de Marioupol, les milices des républiques séparatistes de Donetsk et Louhansk, les forces tchétchènes et des troupes mobilisées en renfort depuis la Sibérie et l’Extrême-Orient russe.
« Toutes les forces russes sont concentrées dans les régions de Louhansk et Donetsk », a affirmé M. Haïdaï sur Telegram. Idem en matière d’armement. « Tout est concentré ici », a ajouté le gouverneur, y compris les fameux complexes antiaériens et antimissiles S-300 et S-400, équivalent des Patriot américains.
« Ils utilisent la tactique de la terre brûlée, ils détruisent délibérément la ville » avec des bombardements aériens, des lance-roquettes multiples, des mortiers ou des chars qui tirent sur les immeubles, a-t-il ajouté.
Condamné à la prison à vie
« Le tribunal a décidé de reconnaître [Vadim] Chichimarine coupable et de le condamner à la réclusion à vie », a déclaré ce lundi le juge ukrainien Sergui Agafonov. Le sergent, âgé de 21 ans, avait admis avoir abattu Oleksandr Chelipov, un civil de 62 ans, dans le nord-est du pays au cours des premiers jours de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. Il est reconnu coupable de crime de guerre et de meurtre prémédité. Le soldat avait plaidé coupable la veille. Il avait déclaré devant le tribunal avoir agi sous la pression d’un autre soldat alors qu’il tentait de fuir vers la Russie à bord d’une voiture volée, en compagnie de quatre autres militaires. Ce soldat, originaire d’Irkoutsk, en Sibérie, avait « demandé pardon » à la veuve de M. Chelipov lors d’un bref échange avec elle dans la salle d’un tribunal de Kiev. « C’est la condamnation la plus sévère, et toute personne sensée ferait appel », a déclaré l’avocat du jeune homme, Viktor Ovsiannikov. « Je demanderai l’annulation du verdict », a-t-il déclaré.
Avant l’audience, le Kremlin s’était déclaré « inquiet » pour le sort du citoyen russe, ajoutant ne pas pouvoir lui porter assistance sur place en raison de l’absence de représentation diplomatique. « Cela ne veut pas dire que nous n’allons pas essayer par d’autres canaux. Le sort de chaque citoyen russe a pour nous une importance capitale », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Les demandes de Zelensky à Davos…
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé, lors d’une intervention en visioconférence à la réunion annuelle du Forum économique mondial (WEF) à Davos, davantage d’armes et de sanctions contre Moscou.
« Il ne devrait y avoir aucun commerce avec la Russie », a-t-il insisté, réclamant, entre autres, « un embargo sur le pétrole russe » et des mesures contre « toutes les banques russes, sans exception », et appelant à « créer un précédent pour le retrait complet de toutes les entreprises étrangères du marché russe ». M. Zelensky a aussi réclamé davantage d’armes pour son pays, regrettant que le soutien de la communauté internationale n’ait pas toujours été assez rapide : « Si nous avions reçu 100 % de nos besoins en février, le résultat aurait été des dizaines de milliers de vies sauvées. C’est pourquoi l’Ukraine a besoin de toutes les armes que nous demandons, pas seulement celles qui ont été fournies. C’est pourquoi l’Ukraine a besoin de financement, cinq milliards par mois pour résister. »
Et de Zelenska à Genève
La première dame ukrainienne Olena Zelenska a dénoncé, les «horreurs» inimaginables causées par les forces russes en Ukraine dans un discours à l’Organisation mondiale de la santé en forme de plaidoyer en faveur de la santé mentale.
La guerre menée par la Russie «a montré des horreurs que nous n’aurions pas pu imaginer», a-t-elle déclaré devant l’Assemblée mondiale de la santé, l’organe décisionnel suprême de l’OMS, lors d’une allocution également en visioconférence.
«L’OMS s’est engagée à protéger les droits de l’homme les plus essentiels à la vie et à la santé. Aujourd’hui, ils sont tous deux violés en Ukraine», a-t-elle dit. Elle a parlé des dangers de la guerre qui pèsent au quotidien sur les civils et le système de santé ukrainiens.
Plan de paix italien
La Russie a reçu le plan de paix proposé par l’Italie et est en train de l’étudier, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Roudenko, cité par les agences russes. «Nous l’avons reçu il n’y a pas longtemps. Nous sommes en train de l’étudier», a-t-il déclaré, soulignant qu’il n’était actuellement pas en discussion entre la Russie et l’Italie. «Quand nous aurons fini de l’étudier, nous dirons ce que nous en pensons», a-t-il ajouté.
Le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio a annoncé vendredi que son pays avait proposé à l’ONU la constitution d’un «groupe international de facilitation» pour tenter de parvenir «pas à pas» à un cessez-le-feu en Ukraine.
Pour Luigi Di Maio, le «groupe de facilitation» proposé par l’ONU «doit essayer de reconstruire le dialogue entre deux parties qui en ce moment sont en guerre».
Les détails de ce plan n’ont pas été publiés, mais selon le quotidien italien La Repubblica le document très détaillé remis à l’ONU et élaboré par les diplomates du ministère italien des Affaires étrangères prévoit quatre étapes:
– un cessez-le-feu en Ukraine et la démilitarisation du front sous supervision de l’ONU.
– des négociations sur le statut de l’Ukraine, qui entrerait dans l’UE mais pas dans l’Otan.
– un accord bilatéral entre l’Ukraine et la Russie sur la Crimée et le Donbass (ces territoires disputés auraient une pleine autonomie avec le droit d’assurer leur propre sécurité, mais seraient sous souveraineté ukrainienne).
– la conclusion d’un accord multilatéral de paix et de sécurité en Europe, ayant notamment pour objet le désarmement, le contrôle des armes et la prévention des conflits.
Une démission russe à l’ONU
Le conseiller russe auprès des Nations unies à Genève, Boris Bondarev, a démissionné lundi, expliquant dans un communiqué qu’en vingt ans de carrière, il n’avait « jamais eu autant honte de [son] pays. La guerre agressive déclenchée par Poutine contre l’Ukraine, et en fait contre l’ensemble du monde occidental, n’est pas seulement un crime contre le peuple ukrainien, mais aussi, peut-être, le crime le plus grave contre le peuple de Russie » Le communiqué de Boris Bondarev, en poste depuis 2002 et plus haut diplomate à faire défection depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par son pays en février, a été diffusé sur Twitter par Hillel Neuer, le directeur exécutif de l’organisation des droits de l’homme UN Watch..