L’armée russe a confirmé ce samedi la conquête de la localité clé de Lyman, dans l’est de l’Ukraine, un carrefour qui ouvre la route vers les grandes villes de Sloviansk et Kramatorsk. «À l’issue des actions communes des unités de la milice de la République populaire de Donetsk et des forces armées russes, la ville de Lyman a été entièrement libérée des nationalistes ukrainiens», a déclaré dans un communiqué le ministère russe de la Défense, en confirmant ainsi une annonce faite la veille par les séparatistes prorusses de l’Est ukrainien.
Severodonetsk et Lyssytchansk, les derniers bastions des forces ukrainiennes dans la province de Louhansk, sont en voie d’encerclement. L’étau se resserre à deux niveaux. D’une part, Severodonetsk, où l’armée russe est entrée, vendredi 27 mai, est de facto coupée de Lyssytchansk, le dernier des trois ponts sur la rivière Siversky Donets encore sous contrôle ukrainien étant fermé aux civils à cause des combats et des tirs d’artillerie.
Severodonetsk n’est techniquement pas assiégée, mais le pont étant fermé, la communication avec l’extérieur est devenue presque impossible. D’autre part, la poche de Louhansk, autour des deux villes, menace de se refermer aux environs d’un axe qui va de Siversk à Bakhmout, dans la province voisine de Donetsk, ce qui la couperait d’un accès vers l’ouest.
En manque de munitions, les soldats ukrainiens sur le front du Donbass reculent inexorablement.
Les demandes de Macron et Scholz à Poutine

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le président français, Emmanuel Macron, ont demandé samedi, lors d’un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, des « négociations directes sérieuses » avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Lors d’un entretien de quatre-vingts minutes avec le président russe, les deux dirigeants « ont insisté sur un cessez-le-feu immédiat et un retrait des troupes russes », indique un communiqué de la chancellerie allemande. MM. Macron et Scholz ont « appelé le président russe à des négociations directes sérieuses avec le président ukrainien et à une solution diplomatique du conflit ».
Cet entretien, qui s’est tenu à la demande de MM. Macron et Scholz selon la chancellerie, a été « consacré à la poursuite de la guerre russe contre l’Ukraine et aux efforts pour y mettre fin ». Le chancelier allemand et le président français ont en outre « appelé le président russe à veiller à une amélioration de la situation humanitaire de la population civile .
Les deux dirigeants occidentaux ont « pris note positivement de l’engagement du président russe de traiter les combattants capturés conformément au droit international humanitaire, en particulier aux conventions de Genève, et de garantir un accès sans entraves au Comité international de la Croix-Rouge ».
« Le président Poutine a assuré vouloir permettre l’exportation de céréales depuis l’Ukraine, notamment par voie maritime », affirme la chancellerie. Le président russe s’est « engagé à ce que la Russie ne profite pas de l’ouverture de la ceinture de mines mise en place pour protéger les ports ukrainiens, afin de permettre l’exportation de céréales par bateau, pour mener des actions offensives », assure la chancellerie allemande, précisant que les trois dirigeants étaient d’accord sur le « rôle central » que doivent jouer les Nations unies pour garantir les exportations.
«Le président russe a mis l’accent sur le caractère dangereux de continuer à inonder l’Ukraine avec des armes occidentales, en mettant en garde contre des risques d’une déstabilisation ultérieure de la situation et d’une aggravation de la crise humanitaire», a indiqué le Kremlin dans un communiqué publié à l’issue de cette conversation téléphonique.
Kiev réclame des lance-roquettes multiples
Kiev a une nouvelle fois réclamé davantage d’armes aux Occidentaux. «Certains partenaires évitent de donner les armes nécessaires par peur de l’escalade. Escalade, vraiment? La Russie utilise déjà les armes non nucléaires les plus lourdes, brûle les gens vivants. Peut-être qu’il est temps (…) de nous donner des MLRS (lance-roquettes multiples)?» a tweeté Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne.
Le porte-parole du Pentagone John Kirby n’a pas confirmé l’existence d’un tel projet, une perspective évoquée par la presse américaine. «Nous restons engagés à les aider à l’emporter sur le champ de bataille», s’est-il borné à déclarer. Toutefois, des experts militaires soulignent que Washington dit non, pour l’instant, à la fourniture de MLRS qui permettrait d’atteindre des objectifs en Russie.
Rupture orthodoxe
La branche moscovite de l’Eglise orthodoxe ukrainienne a coupé les ponts avec les autorités spirituelles russes, qui soutiennent le président russe, Vladimir Poutine, une initiative historique. A l’issue d’un concile a été prononcée « la pleine indépendance et l’autonomie de l’Eglise orthodoxe ukrainienne », selon un communiqué, qui précise que les relations de l’Eglise ukrainienne avec sa direction moscovite étaient « compliquées ou inexistantes » depuis le début du conflit. C’est le second schisme orthodoxe en Ukraine en quelques années. Une partie de l’Eglise ukrainienne, représentée par le patriarcat de Kiev, avait déjà rompu avec Moscou en 2019 à cause de l’ingérence du Kremlin dans le pays. L’Ukraine est centrale pour l’Eglise orthodoxe russe, dont certains des monastères les plus importants sont situés dans ce pays.
Essai réussi de missile hypersonique
Le missile Zircon a été tiré depuis la frégate Amiral-Gorchkov, en mer de Barents, vers une cible dans les eaux de la mer Blanche, dans l’Arctique, selon le ministère russe de la défense. La cible située à un millier de kilomètres « a été visée avec succès ». Le tir a été effectué dans le cadre des « essais de nouvelles armes » russes, selon le communiqué du ministère.

Le premier tir officiel d’un Zircon remonte à octobre 2020, le président Vladimir Poutine ayant alors salué un « grand événement ». D’autres essais ont eu lieu depuis, notamment à partir de la frégate Amiral-Gorchkov et depuis un sous-marin immergé. D’une portée maximale d’environ 1 000 kilomètres, celui-ci doit équiper les navires de surface et les sous-marins de la flotte russe.
La Russie avait annoncé en mars avoir utilisé en Ukraine des missiles hypersoniques Kinjal, un recours en combat qui a semblé être une première, Moscou n’ayant, jusque-là, jamais fait état de l’emploi de ce type d’armes, sauf pour des essais. Les missiles balistiques hypersoniques Kinjal et ceux de croisière Zircon appartiennent à une famille de nouvelles armes développées par la Russie et que M. Poutine qualifie d’« invincibles ». Mais les experts occidentaux doutent des performances annoncées.