Au centième jour du conflit, le Kremlin a estimé avoir rempli « certains » de ses objectifs jugeant que de « nombreuses localités » avaient été « libérées », permettant aux populations un retour à « une vie pacifique ». « Ce travail va se poursuivre, jusqu’à ce que tous les objectifs de l’opération militaire spéciale soient remplis », a dit à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Au contraire, et dans une courte vidéo diffusée sur Instagram, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a affirmé « la victoire sera la nôtre ». « Les représentants de l’Etat sont ici, défendant l’Ukraine depuis cent jours », a-t-il déclaré dans cette vidéo de trente-six secondes, se filmant devant le bâtiment de l’administration présidentielle à Kiev aux côtés notamment de son premier ministre, Denys Chmyhal, et du chef du parti présidentiel, David Arakhamia. L’Ukraine « avance » vers « la famille européenne », alors que la Russie, elle, « se rapproche d’une vie derrière le “rideau de fer” et de l’isolement du monde développé », a estimé le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal.
Sur le terrain, la Russie poursuit sa progression dans le Donbass. Elle « contrôle plus de 90 % de l’oblast [région administrative] de Louhansk et devrait achever sa prise de contrôle au cours des deux prochaines semaines », a fait savoir le ministère de la défense britannique dans son dernier rapport de renseignement, publié ce matin sur Twitter. « La Russie a obtenu ces récents succès tactiques au prix de ressources importantes [en main-d’œuvre et en équipement] et en concentrant ses forces sur une seule partie » du territoire ukrainien, poursuit le ministère.
La guerre «n’aura pas de vainqueur» a jugé le coordinateur de l’ONU en Ukraine, Amin Awad. «Nous avons besoin de paix. La guerre doit cesser», a-t-il exhorté, alors que les négociations sont au point mort.
Les demandes de Macky Sall
Le président de l’Union africaine et du Sénégal, Macky Sall, a demandé, ce vendredi, à Vladimir Poutine de « prendre conscience » que les pays africains sont « des victimes » de la guerre en Ukraine, sur fond de crainte de crise alimentaire mondiale. « Je suis venu vous voir pour vous demander de prendre conscience que nos pays […] sont des victimes de cette crise au plan économique », a-t-il déclaré à Sotchi, dans le sud de la Russie. Au début de leur rencontre, Macky Sall a également appelé à ce que le secteur alimentaire soit « hors des sanctions » imposées par les Occidentaux en représailles de l’offensive militaire russe.
Avant la rencontre, Dmitri Peskov avait déclaré que le président russe donnera « une explication complète de sa vision concernant les céréales » bloquées dans les ports ukrainiens. Il « expliquera à nos invités, nos amis africains, la situation de facto, l’état réel des choses. Il expliquera une fois de plus ce qui se passe là-bas, qui a miné les ports, ce qui est nécessaire pour que le grain parte, que personne ne bloque ces ports ».
Minsk est prêt à autoriser le transit de céréales ukrainiennes vers les ports de la mer Baltique via la Biélorussie, a déclaré ce vendredi l’agence de presse Belta citant Alexandre Loukachenko. En échange, le dirigeant biélorusse réclame un accès aux ports de la mer Baltique pour pouvoir expédier des marchandises biélorusses. Le sujet a été discuté lors d’un appel téléphonique entre Loukachenko et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a ajouté Belta.
A Ankara, l’ambassadeur de Kiev a déclaré ce 3 juin que la Turquie faisait partie des pays qui achetaient du blé que la Russie a «volé» à l’Ukraine, rapporte l’agence Reuters.
Une défection à Moscou
Mikhaïl Kassianov, l’ancien premier ministre du président russe, passé depuis lors à l’opposition, a annoncé qu’il se trouvait à l’étranger. Il s’était prononcé contre la guerre en Ukraine. « J’espère que c’est pour peu de temps », a-t-il écrit à l’Agence France-Presse dans un message, confirmant des informations de médias russes. Il n’a pas souhaité préciser les raisons ni la date de son départ, ni l’endroit où il se trouve. Agé de 64 ans, l’ancien premier ministre a affirmé publiquement son opposition à la guerre en Ukraine. Il est membre d’un « comité anti-guerre », aux activités encore embryonnaires, créé à l’étranger par plusieurs opposants russes, dont l’ex-oligarque en exil Mikhaïl Khodorkovski.
L’Allemagne « nazie » …
Une porte-parole du Kremlin a déclaré aujourd’hui que l’augmentation des dépenses militaires allemandes signifiait que le pays était «remilitarisé» et que cela ne ferait qu’accroître les risques pour la sécurité. «Nous percevons les déclarations du chancelier allemand comme une nouvelle confirmation que Berlin a enclenché une course à la remilitarisation accélérée du pays. Comment cela pourrait-il se terminer ? Hélas, cela est bien connu par l’histoire», a déclaré Maria Zakharova, dans une allusion au régime nazi qui n’est pas sans rappeler les discours du président russe Vladimir Poutine pour justifier son invasion militaire de l’Ukraine, fin février dernier.