Les combats se poursuivaient ce mardi pour la prise de contrôle de Severodonetsk, ville-clé de l’est de l’Ukraine soumise à un déluge de feu russe, où la situation évolue «d’heure en heure» selon Kiev. «Nos héros tiennent leurs positions à Severodonetsk. D’intenses combats de rue se poursuivent», a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans sa dernière adresse vidéo, lundi soir.
Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a affirmé pour sa part que l’armée russe avait « totalement libéré » les zones résidentielles de Severodonetsk, ville de l’est de l’Ukraine et actuel épicentre des combats dans la région. « Les zones résidentielles de Severodonetsk ont été totalement libérées », a-t-il déclaré ce mardi durant un briefing diffusé à la télévision, ajoutant que « la prise de contrôle de sa zone industrielle et des localités voisines se poursuit ».
Selon le ministre russe de la Défense, dont les apparitions sont rares depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, Moscou contrôle désormais 97% de la région ukrainienne de Lougansk, à laquelle appartient Severodonetsk. « Les villes de Lyman et Sviatoguirsk, ainsi que 15 autres localités, ont été libérées », a-t-il aussi ajouté. Si elle était confirmée, la conquête de ces deux villes serait significative, car elle permettrait de lever un dernier obstacle vers la ville symbole de Sloviansk et vers celle de Kramatorsk, la capitale de la région de Donetsk sous contrôle ukrainien.
Par ailleurs, selon M. Choïgou, « 126 militaires ukrainiens se sont rendus en cinq jours » aux forces russes et 6.489 au total ont été faits prisonniers depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, le 24 février. Ces chiffres n’étaient pas vérifiables de manière indépendante.
La Turquie se pose en médiatrice de la crise du blé

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, est attendu par son homologue turc, Mevlüt Çavusoglu, à Ankara, mercredi 8 juin, pour des discussions sur la reprise des exportations ukrainiennes de céréales. Ankara, qui soigne son image de facilitateur entre Moscou et Kiev, espère contribuer à une solution négociée pour la reprise des exportations de céréales depuis les ports ukrainiens. Selon Anatolie, l’agence de presse officielle turque, la Russie, la Turquie et l’Ukraine sont parvenues à élaborer une feuille de route dans le but d’ouvrir un « corridor céréalier » entre les ports ukrainiens et les marchés mondiaux.
Un « mécanisme d’observation » est à l’étude, lequel pourrait amener la marine turque à escorter des vraquiers venus d’Ukraine. Parrainée par les Nations unies, cette opération humanitaire pourrait permettre de sortir des silos et des hangars jusqu’à 20 millions de tonnes de céréales, selon la partie turque.
Par ailleurs, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken juge «crédibles» les informations selon lesquelles la Russie «vole» les exportations de céréales ukrainiennes, bloquées en raison du conflit, «pour les vendre à son propre profit».
«Tout cela est délibéré», a-t-il dit lors d’une conférence virtuelle sur l’insécurité alimentaire, accusant le président russe Vladimir Poutine de faire du «chantage» pour obtenir une levée des sanctions internationales contre l’invasion de l’Ukraine.
Guerre et violences sexuelles
Les États-Unis et l’Europe ont réclamé lundi à la Russie d’arrêter les violences sexuelles présumées commises par son armée et ses supplétifs en Ukraine, Moscou dénonçant des accusations sans fondement, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU organisée par l’Albanie. «La Russie doit prendre des mesures au sein de son armée et de ses supplétifs pour qu’ils respectent» la résolution 1820 de l’ONU sur les violences sexuelles, adoptée en 2008, qui interdit d’en faire une arme de guerre, a déclaré l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield. «Il incombe à la Russie d’arrêter les viols, les violences et les atrocités commises par ses soldats. Il incombe à la Russie de mettre un terme à cette guerre atroce non provoquée contre le peuple ukrainien», a-t-elle insisté.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a aussi dénoncé des «atrocités» par la Russie. «Ces crimes seront punis», «nous avons besoin de preuves» et «nous aidons à les réunir», a-t-il dit. Il a aussi vivement dénoncé «la seule responsabilité» de Moscou dans la crise alimentaire provoquée par la guerre russe, entrainant le départ de la salle de l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, remplacé par un adjoint. Au préalable, le diplomate russe avait démenti les exactions sexuelles dont sont accusées les forces armées russes, parlant de «mensonges».
Les violences conjugales sont en augmentation en Ukraine car selon les acteurs d terrain, le conflit a un effet comparable à celui du Covid-19 : un stress accru et une violence qui s’exprime dans la cellule familiale confinée. Et la police a autre chose à faire que d’aider les femmes…
Morts russes : les familles indemnisées

Les familles de soldats de la Garde nationale russe morts en Ukraine ou en Syrie recevront une compensation de cinq millions de roubles (75.900 euros au taux actuel), aux termes d’un décret signé lundi par Vladimir Poutine. «En cas de décès de militaires servant dans la Garde nationale (et) ayant pris part à l’opération spéciale (en Ukraine) ou ayant rempli des missions spéciales en Syrie, les membres de leur famille recevront une indemnité de cinq millions de roubles», peut-on lire dans ce décret paru au journal officiel russe.
En avril, un décret similaire avait déjà été signé par le président russe à destination des garde-frontières en poste aux abords du territoire ukrainien, ainsi que des «volontaires» morts dans le cadre de l’offensive russe en Ukraine. La Garde nationale russe a été créée en 2016. Chargée de s’occuper des tâches normalement dévolues aux forces antiémeutes et aux unités d’élite de la police, telles que le maintien de l’ordre public, elle dépend directement du chef de l’État russe.