Les forces ukrainiennes ont reconnu ce lundi 13 juin avoir abandonné le centre de Severodonetsk, à la suite d’une nouvelle offensive russe sur cette ville clef de l’est de l’Ukraine, que les deux belligérants se disputent depuis des semaines. «Avec le soutien de l’artillerie, l’ennemi a mené un assaut à Severodonetsk, a enregistré un succès partiel et repoussé nos unités du centre-ville. Les hostilités se poursuivent», a indiqué l’état-major ukrainien sur Facebook. Serguei Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk – dont Severodonetsk est le centre administratif pour la partie contrôlée par les autorités ukrainiennes – a confirmé que les forces ukrainiennes avaient été repoussées du centre.
«Les combats de rue se poursuivent (…) les Russes continuent de détruire la ville», a-t-il écrit sur Facebook, publiant des photos d’immeubles dévastés en flammes. Les séparatistes prorusses combattant avec les Russes dans cette région ont affirmé que les dernières divisions ukrainiennes à Severodonetsk étaient désormais «bloquées», après la destruction du dernier pont qui permettait de gagner la ville voisine de Lissitchansk. «Elles ont deux possibilités (..), se rendre ou mourir», a affirmé Edouard Bassourine, porte-parole des séparatistes. Serguei Gaïdaï a cependant démenti tout blocage.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans un message vidéo dimanche soir, avait qualifié de «très violents» les combats à Severodonetsk, affirmant que Moscou déployait des troupes insuffisamment entraînées et les utilisait comme «chair à canon».
Guerre de tranchée à Mikolaïv
À Mikolaïv, grand port de l’estuaire du Dniepr, dans le Sud, l’avancée russe a été stoppée aux abords de la ville et l’armée ukrainienne a creusé des tranchées face aux Russes, a constaté une équipe de l’AFP. «Les Russes bluffent. Ils sont nombreux, ils ont beaucoup d’armes, anciennes et nouvelles, mais ce ne sont pas des soldats», assurait dimanche Serguiï, 54 ans, un capitaine de brigade ukrainien, tandis que ses compagnons d’armes tiraient vers les positions ennemies.
Kiev chiffre ses besoins
De combien d’armes l’Ukraine a-t-elle besoin pour contrer et repousser l’offensive russe ? Mykhaïlo Podoliak, l’un des conseillers du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a fourni quelques chiffres lundi matin. Selon lui, pour établir un équilibre avec Moscou, Kiev a besoin de 1 000 obusiers de calibre 155 mm, 300 MLRS (pour Multiple Launch Rocket System, « lance-roquettes multiple »), 500 tanks, 2 000 véhicules blindés et 2 000 drones.

L’armée ukrainienne a annoncé au début de juin qu’elle avait reçu des Occidentaux cinq types d’obusiers de calibre 155 mm : des M777, des FH70, des M109A3, des Caesar (envoyés par la France), et des AHS Krab polonais. Dans un communiqué publié le 9 juin, le ministère de la défense évoque « 150 pièces d’artillerie de calibre 155 mm » fournies à l’armée ukrainienne, « 50 canons de gros calibre » et « des dizaines de MLRS », ainsi que « des dizaines de milliers d’obus ». Le site Oryx, qui recense les armes promises et livrées à l’Ukraine par les pays alliés, fait état, à ce stade, d’une dizaine de lance-roquettes multiples qui doivent être livrés, et d’au moins 250 obusiers de calibres 155 mm promis et partiellement envoyés depuis le mois d’avril.
Plusieurs pays, et même les Etats-Unis ne peuvent pas fournir beaucoup plus d’armements, sous peine de se dégarnir. Et la fabrication prend beaucoup de temps, des mois pour un canon du type Caesar…