La Russie a annoncé hier, mardi 14 juin, la mise en place pour aujourd’hui d’un couloir humanitaire pour l’évacuation, vers une localité sous contrôle russe, des civils se trouvant dans l’usine Azot à Severodonetsk.
« Un couloir humanitaire sera ouvert en direction du nord (jusqu’à la ville de Svatove) le 15 juin » de 7 heures à 18 heures (heure de Tunis), a précisé le ministère de la défense russe dans un communiqué. « L’évacuation en toute sûreté de l’ensemble des civils, sans exception, (…) est garantie », a-t-il assuré. Le ministère russe a appelé les forces ukrainiennes à hisser un drapeau blanc pour signaler qu’elles acceptaient cette proposition, les appelant par ailleurs à mettre fin à leur « résistance absurde » dans l’usine Azot.
Ville stratégique de l’est de l’Ukraine, Severodonetsk est depuis plusieurs semaines le théâtre de violents affrontements entre l’armée ukrainienne et les forces de Moscou ainsi que leurs alliés séparatistes prorusses.
Selon les autorités ukrainiennes locales, plus de 500 personnes sont actuellement réfugiées dans la grande usine chimique Azot de Severodonetsk, qui est d’après elles constamment bombardée. Le ravitaillement de ce site est devenu difficile, mais il existe quelques réserves dans cette usine, ont-elles dit ce mardi.
Les trois ponts qui relient les deux villes de Lyssytchansk et Severodonetsk ont été détruits, mais cette ville-clé de l’est de l’Ukraine n’est pas « isolée » et les troupes ukrainiennes ne sont pas bloquées, a affirmé mardi 14 juin le maire de Severodonetsk, Oleksandr Striouk. « L’artillerie de l’ennemi détruit des immeubles de grande hauteur et des installations industrielles », a ajouté le gouverneur régional de Louhansk, Serhi Haïdaï, sur Telegram.
D’autre part, la Russie a « probablement fait de petites avancées dans le secteur de Kharkiv pour la première fois depuis plusieurs semaines », a estimé, mardi matin, le ministère de la défense britannique dans son point quotidien.
Moins de gaz…

Le géant russe Gazprom a annoncé, ce mardi, baisser de plus de 40 % sa capacité quotidienne de livraison de gaz vers l’Allemagne via le gazoduc Nord Stream, des équipements nécessaires n’ayant pas été livrés par le groupe allemand Siemens. « Les livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream ne peuvent être assurées que jusqu’à un volume de 100 millions de mètres cubes de gaz par jour au lieu des 167 millions de mètres cubes par jour prévus », a détaillé le groupe sur Telegram.
… et un beau magot
La Russie a engrangé 93 milliards d’euros de revenus tirés de l’exportation d’énergies fossiles durant les 100 premiers jours de sa guerre contre l’Ukraine, dont une majorité vers l’UE, selon le rapport d’un centre de recherche indépendant publié lundi, et qui épingle particulièrement la France. Cette publication du Centre for Research on Energy and clean Air (CREA), basé en Finlande, survient alors que l’Ukraine presse les Occidentaux de rompre tout commerce avec la Russie pour cesser d’alimenter le trésor de guerre du Kremlin.
L’Union européenne a récemment décidé d’un embargo progressif – avec des exceptions – sur ses importations de pétrole. Le gaz russe, dont elle est très dépendante, n’est pour l’instant pas concerné. Selon le CREA, l’UE a représenté 61% des importations fossiles, soit environ 57 milliards d’euros, sur les 100 premiers jours de la guerre (24 février – 3 juin). Les plus gros importateurs ont été la Chine (12,6 milliards d’euros), l’Allemagne (12,1 milliards) et l’Italie (7,8 milliards). Les revenus de la Russie proviennent d’abord de la vente de pétrole brut (46 milliards), suivi par le gaz acheminé par gazoducs (24 milliards), puis les produits pétroliers, le gaz naturel liquéfié (GNL) et enfin le charbon. « Tandis que l’UE envisage des sanctions plus strictes contre la Russie, la France a augmenté ses importations, pour devenir le plus gros acheteur de GNL russe dans le monde », souligne Lauri Myllyvirta, analyste du CREA. Il s’agit d’ailleurs d’achats au comptant et non dans le cadre de contrats de long terme, ce qui signifie que la France a décidé sciemment de recourir à l’énergie russe malgré l’invasion de l’Ukraine, estime le spécialiste.
Nouvelle fosse à Boutcha

Sept corps ont été découverts lundi 13 juin dans une nouvelle fosse, près de Boutcha, où des cadavres de civils ont été retrouvés après le retrait de l’armée russe de la région de Kiev fin mars, a annoncé la police de Kiev. «Sept civils ont été torturés par les Russes puis lâchement exécutés d’une balle dans la tête», a indiqué sur Facebook le chef de la police de Kiev, Andriï Nebytov, précisant que «plusieurs victimes avaient les mains liées et les genoux attachés». «Cette fosse a été découverte aujourd’hui là où les militaires russes étaient stationnés, près du village de Myrotské», situé respectivement à 10 km au nord-ouest de Boutcha et à 35 km de Kiev sur le même axe, a-t-il ajouté. Le chef de la police de la région de Kiev a indiqué «travailler actuellement à l’identification des victimes».
Macron en Roumanie
Pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron s’est déplacé ce mardi dans le sud-est de l’Europe dans une visite directement liée au conflit déclenché par Moscou. Le président a rencontré les 500 soldats français déployés sur une base de l’Otan.
Rejoint demain mercredi matin sur la base Mihail Kogalcinearu, à proximité de Constanta, par le président roumain Klaus Iohannis, Emmanuel Macron exprimera « un message très clair de notre engagement auprès des alliés de l’Otan et des partenaires européens« , selon l’Elysée, qui insiste sur « l’investissement très significatif » qu’il représente. La France y a récemment déployé un système de défense sol-air de dernière génération. Cette mission continuera à monter en puissance avec 1.000 militaires au total et le renfort de chars Leclerc d’ici la fin de l’année.
Très attendue depuis des semaines, la visite d’Emmanuel Macron en Ukraine pourrait prochainement se dérouler en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz et du Premier ministre italien Mario Draghi selon des médias à Berlin et Rome. Une information non confirmée par l’Elysée, qui précise que « rien n’est acté » à ce stade. Elle aurait d’autant plus d’importance que la France assure actuellement et jusqu’à fin juin la présidence tournante de l’Union européenne.