« Toute la région de Lougansk est désormais l’épicentre de la confrontation entre armées ukrainienne et russe. » Les Russes « contrôlent entièrement » le village de Tochkivka sur la ligne de front dans le Donbass, à quelques kilomètres de Severodonetsk et Lyssytchansk où les combats font rage, ont affirmé, mardi 21 juin, les autorités locales ukrainiennes. « Selon nos informations, les Russes contrôlent entièrement Tochkivka », a déclaré à la télévision ukrainienne le chef du district de Severodonetsk, Roman Vlasenko, indiquant que « la pression persiste » sur la ligne de front où « la bataille du Donbass bat son plein ».
L’armée russe inflige des « destructions catastrophiques » à Lyssytchansk. Des « combats (sont en cours) dans la zone industrielle de Severodonetsk » ainsi que des « destructions catastrophiques à Lyssytchansk », a précisé le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï sur Telegram, estimant que « les dernières 24 heures ont été difficiles » pour les forces ukrainiennes. Selon lui, « les frappes sur les (trois) ponts reliant Severodonetsk et Lyssytchansk déjà détruits » continuent. Conséquence : Lyssytchansk, peuplée d’environ 100 000 habitants, est davantage coupée du reste des territoires contrôlés par Kiev.
Kiev a fait aussi état de l’augmentation des bombardements dans la région de Kharkiv (Nord-Est) et dans celle de Donetsk (Est), « tout au long de la ligne de front », évoquant un mort et sept blessés, dont un enfant. Plusieurs villes se préparent à une avancée des troupes russes. « Le front s’est rapproché ces dernières semaines, jusqu’à 15-20 kilomètres », a expliqué Vadym Liakh, le maire de Sloviansk, dans l’oblast de Donetsk.
Plate-forme de forage en feu en mer Noire
Une plate-forme de forage d’hydrocarbures en flammes sur la mer Noire, après avoir été frappée, la veille, par des tirs ukrainiens, selon Moscou, le feu s’est propagé au puits, a fait savoir, mardi, une responsable russe. « Le feu sur la plate-forme ne se calme pas, on a essayé, en vain, de s’en approcher en bateau. Le feu s’est propagé au puits, les tentatives pour l’éteindre se poursuivent », a déclaré une sénatrice de la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par la Russie, Olga Kovitidi, citée par l’agence de presse Ria Novosti.
Lundi matin, la Russie a accusé les forces ukrainiennes d’avoir tiré sur trois plates-formes de forage de l’entreprise Tchernomorneftegaz, faisant au moins trois blessés et sept disparus, selon Moscou. Il s’agit de la première frappe rapportée contre une infrastructure d’hydrocarbures offshore en Crimée depuis le début de l’offensive russe contre l’Ukraine, le 24 février. L’armée ukrainienne ne s’est pas exprimée sur le sujet. La compagnie Tchernomorneftegaz, sous sanctions américaines depuis 2014, exploite plusieurs gisements gaziers et pétroliers en mer Noire et en mer d’Azov.
D’autre part, la Russie a affirmé ce mardi avoir repoussé une « folle » tentative des forces de Kiev de reprendre l’île aux Serpents, un territoire symbolique conquis par Moscou en mer Noire au début de son offensive en Ukraine. Cette petite île est devenue emblématique dès le premier jour de l’offensive russe lorsqu’un membre de la petite garnison ukrainienne la défendant a intimé au navire russe réclamant sa reddition d’aller « se faire foutre ».
Outre sa valeur symbolique, l’île est également stratégique en raison de son emplacement au large des côtes ukrainiennes et roumaines, qui offre un poste d’observation de choix et un lieu où déployer des systèmes de défense sol-air.
Des canons allemands
Après des semaines de négociations pour recevoir des « armes puissantes », Kiev a annoncé, ce mardi, l’arrivée des Panzerhaubitze 2000 allemands dans son arsenal. Ce canon automoteur tire des munitions de 155 mm à une portée allant de 30 à 56 kilomètres, avec une cadence de tir de neuf à dix coups en une minute, dont les trois premiers en dix secondes ou 20 coups en deux minutes et demie. « Les Panzerhaubitze 2000 font, enfin, partie de l’arsenal d’obusiers de 155 mm de l’artillerie ukrainienne », s’est félicité sur Twitter le ministre de la défense ukrainien, Oleksiï Reznikov, qui a dit « apprécier les efforts » de Berlin pour aider militairement Kiev.
L’Ukraine à l’UE : « consensus total »
Un « consensus total » a émergé pour accorder à l’Ukraine le statut de candidat à l’Union européenne lors de discussions, ce mardi, entre les ministres des affaires européennes des Vingt-Sept réunis à Luxembourg, a déclaré le ministre français Clément Beaune, deux jours avant un sommet sur le sujet.
La « discussion a permis de montrer un large consensus, je dirais même un consensus total (…), notamment en ce qui concerne l’Ukraine, la possibilité de reconnaître le statut de candidat dans les meilleurs délais », a déclaré M. Beaune, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’UE. « C’est un débat qui appartiendra maintenant aux chefs d’Etat et de gouvernement », a-t-il ajouté.
La fierté de Poutine
Le président russe s’est dit « fier » aujourd’hui de l’action de ses soldats en Ukraine, et a promis de renforcer encore son armée. « Nous sommes fiers qu’au cours de l’opération militaire spéciale nos combattants agissent avec courage, professionnalisme, comme de véritables héros », a-t-il dit, utilisant l’expression autorisée par les autorités pour décrire l’offensive russe contre l’Ukraine.
Il s’exprimait au Kremlin devant les jeunes diplômés des académies militaires russes et les plus hauts cadres de l’armée. Faisant référence aux sanctions qui frappent la Russie, il a aussi jugé « qu’elles seront, c’est sûr, surmontées ».
Par ailleurs, lors d’un entretien accordé au média ABC, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a insisté sur le fait que la Convention de Genève ne s’applique par pour les détenus américains Alexander John-Robert Drueke et Andy Tai Ngoc Huynh, arrêtés en Ukraine. « Ce sont des mercenaires et ils étaient impliqués dans des activités illégales sur le territoire de l’Ukraine », a affirmé Dmitri Peskov. « Ils étaient impliqués dans des tirs et des bombardements de militaires russes, ils mettaient leurs vies en danger. En ce qui concerne la peine des deux hommes, ce dernier assure qu’elle revient aux autorités e la République de Donetsk et que la Russie n’a pas le pouvoir d’interagir dans la décision.
La télévision russe à Kherson
L’armée russe a annoncé ce mardi avoir connecté l’ensemble de la région de Kherson aux chaînes de télévision russes qui seront désormais accessibles « gratuitement » dans cette région conquise par Moscou dans le sud de l’Ukraine. « Des spécialistes d’unités de transmission des forces armées russes ont connecté et reconfiguré vers la diffusion de chaînes russes le dernier des sept émetteurs de télévision de la région de Kherson », a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué, précisant qu’environ un million d’habitants de la région ont maintenant accès à ces chaînes.