Son allocution au sommet de l’Otan était attendue. En visioconférence depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tenu son discours habituel. Il a appelé les dirigeants occidentaux à poursuivre les sanctions contre la Russie. « La famine est un instrument, un instrument de pression, pour créer des vagues de migration en Europe. Et c’est la même chose pour l’énergie. La Russie fait ça pour vous humilier, que vous soyez complètement dépendant, pour que vous renonciez à votre liberté », a-t-il lancé à l’assistance. Le président ukrainien a également réclamé de l’artillerie moderne et un soutien financier pour faire face à l’invasion de son pays par les forces russes. Kiev a besoin « d’environ 5 milliards de dollars par mois » pour assurer sa défense, a-t-il encore chiffré.
Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan, a répondu que l’Ukraine pourrait compter « aussi longtemps qu’il le faudra sur l’appui de l’organisation qu’il représente. Dans une déclaration commune, les membres de l’Otan ont par ailleurs dénoncé la « cruauté épouvantable » des Russes en Ukraine.
La Norvège a annoncé le don de trois systèmes de lance-roquettes multiples après des décisions similaires des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’Allemagne. « Nous devons continuer notre soutien à l’Ukraine afin qu’elle puisse poursuivre sa lutte pour la liberté et l’indépendance », a déclaré dans un communiqué le ministre de la défense norvégien, Bjørn Arild Gram. La France a annoncé qu’elle envoyait des VAB, véhicules blindés de l’avant.
La diplomatie russe a jugé que ce sommet de Madrid confirmait « l’agressivité » de l’Otan à l’endroit de la Russie. « Le sommet de Madrid consolide le cap d’un endiguement agressif de la Russie par le bloc » atlantique, a dit aux agences russes le vice-ministre Sergueï Riabkov.
Moscou a encore qualifié l’élargissement de l’Otan à la Finlande et la Suède « déstabilisateur ».
Echange de soldats
Un échange de 144 soldats a été conclu entre Kiev et Moscou ce mercredi. Parmi ce contingent, figurent 95 défenseurs du site d’Azovstal, longtemps symbole de la résistance de Marioupol.
C’est le ministère de la Défense ukrainien qui en a fait l’annonce. « Il s’agit du plus gros échange (avec Moscou) depuis le début de l’invasion russe », a déclaré sur Telegram la Direction principale du renseignement, rattachée au ministère de la Défense ukrainien, sans donner plus de détails sur le lieu et la date de l’opération.
OTAN : oui à la Finlande et la Suède
Les dirigeants de l’OTAN ont lancé formellement, le processus d’adhésion de la Suède et de la Finlande, rendue possible par la levée du veto turc mardi soir. « Nous avons décidé aujourd’hui d’inviter la Finlande et la Suède à devenir des membres de l’OTAN et sommes convenus de signer les protocoles d’accession », ont écrit les dirigeants de l’Alliance dans une déclaration commune. Le président turc Recep Tayyip Erdogan affirme qu’il a obtenu ce qu’il voulait, à savoir « la pleine coopération » des deux pays contre les combattants kurdes du PKK et leurs alliés. Ankara réclame l’extradition de 33 personnes. « Nous ne nous sommes pas couchés devant [le président turc Recep Tayyip] Erdogan », a affirmé la cheffe de la diplomatie suédoise Ann Linde. « Nous ne procèderons pas à une extradition quand il n’y a pas de preuve d’activité terroriste. Il n’y a aucune raison pour les Kurdes de croire que leurs droits humains ou démocratiques soient menacés ».
La Russie « pas intimidée »
La Russie a fait savoir ce mercredi qu’elle n’était pas « intimidée » par l’annonce du président des Etats-Unis Joe Biden d’un renforcement prochain de la présence militaire américaine en Europe sur fond de vives tensions avec Moscou. « Ceux qui proposent de telles décisions ont l’illusion que la Russie pourra être intimidée, en quelque sorte contenue: ils n’y parviendront pas », a dit le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov. « Il n’y aura aucun résultat, pas les résultats qu’ils escomptent de ces efforts », a-t-il ajouté.
M. Biden a annoncé que les Etats-Unis allaient « renforcer leur positionnement militaire en Europe » afin que l’Otan puisse « répondre à des menaces venant de toutes les directions et dans tous les domaines ». La présence américaine en hommes et en capacités sera renforcée en Espagne, en Pologne, en Roumanie, dans les Etats baltes, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie, a-t-il indiqué, sans donner de chiffres. « La sécurité des pays où les contingents (américains) supplémentaires seront déployés ne sera pas renforcée », a déclaré M. Riabkov.
330 milliards des dollars gelés
Les Etats-Unis et leurs alliés ont gelé plus de 330 milliards de dollars d’avoirs russes depuis le début du conflit en Ukraine, a affirmé ce mercredi le Trésor américain.
Dans le détail, les alliés occidentaux ont bloqué pour 30 milliards de dollars d’avoirs détenus par des oligarques ou membres de l’élite russe sanctionnés, et ont « immobilisé » quelque 300 milliards de la Banque centrale russe, indique un communiqué émis par la « task force » des alliés occidentaux chargée de traquer les avoirs des élites russes (Repo), et publié par le Trésor américain. Ont été également saisis au moins cinq yachts de luxe et des propriétés immobilières appartenant ou contrôlées par des ressortissants russes faisant l’objet de sanctions.
La task force Repo a été formée le 17 mars, trois semaines après le début de l’invasion de l’Ukraine par Moscou, afin d’accroître la pression économique sur la Russie. Elle est constituée de hauts responsables des ministères des Finances ou de la Justice des Etats-Unis, de l’Australie, de la France, du Canada, de l’Allemagne, du Japon, de l’Italie, du Royaume-Uni et de la Commission européenne.
Les députés russes ont, eux, adopté une loi qui durcit les restrictions visant les individus et organisations désignés « agents de l’étranger », un statut infamant utilisé pour réprimer les critiques du Kremlin. Dans un communiqué, la Douma, la chambre basse du Parlement russe, a souligné que ce nouveau texte va permettre « de défendre les intérêts et d’assurer la sécurité de la Fédération russe ».
Liaisons avec la Crimée
Des lignes de train et de bus relieront, à partir du 1er juillet, la Crimée, annexée par la Russie, aux nouvelles régions conquises du sud de l’Ukraine, ont annoncé les autorités d’occupation prorusses. Il s’agit d’une première depuis l’annexion de la Crimée en 2014 par Moscou et la suspension des transports entre ces régions.
Le ministère autoproclamé de l’intérieur de la région de Kherson, occupée depuis mars par les troupes russes, a fait savoir dans un communiqué que des bus feront deux fois par jour l’aller-retour entre Simféropol, la capitale de la Crimée, et la ville de Kherson. Elle ajoute que des bus relieront aussi à partir du 1er juillet Simféropol aux villes conquises de Mélitopol et Berdiansk, dans la région ukrainienne de Zaporijia, partiellement occupée par l’armée russe. Selon la même source, une ligne ferroviaire fonctionnera aussi désormais entre la ville de Djankoï et celles de Kherson et Melitopol. « La sécurité des transports sera assurée par Rosgvardia », la garde nationale russe, a précisé le communiqué.
Si Poutine était une femme…
Dans une interview accordée à la chaîne de télévision allemande ZDF au terme du sommet du G7, le Premier ministre britannique Boris Johnson a livré une version toute personnelle de la situation et donné, selon lui, l’une des raisons de ce conflit meurtrier qui éventre l’Ukraine depuis le 24 février dernier. Selon lui, « si Poutine était une femme, ce qu’il n’est évidemment pas, mais s’il l’était, je ne pense vraiment pas qu’il se serait lancé dans une guerre folle et machiste d’invasion et de violence comme il l’a fait. […] Si vous voulez un exemple parfait de masculinité toxique, c’est ce qu’il fait en Ukraine », a-t-il insisté.