Au moins 20 personnes ont été tuées et 38 blessées lors de bombardements qui ont touché des immeubles de la région d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine. Dans la nuit de jeudi à vendredi, deux missiles ont été tirés par un « avion stratégique » depuis la mer Noire, atteignant des immeubles, selon les services d’urgence ukrainiens. La première frappe a « touché un immeuble résidentiel de neuf étages, dans la région de Bilhorod-Dnistrovsky », à environ 80 kilomètres au sud d’Odessa, selon le porte-parole de l’administration de l’oblast d’Odessa, Sergey Bratchuk.
Au Kremlin, le porte-parole Dmitri Peskov, interrogé sur le sujet, a assuré que « les forces armées de Russie n’opèrent pas sur des cibles civiles » en Ukraine.
L’Allemagne a qualifié « d’inhumaines et cyniques », vendredi, les frappes de l’armée russe sur un immeuble d’habitations civiles près d’Odessa, en Ukraine, qui ont fait au moins 18 morts, selon les services d’urgence ukrainiens.
Dans le reste du pays, les contre-attaques terrestres lancées par l’Ukraine ces dernières semaines n’ont pas permis à ce jour de mettre réellement en danger les forces russes. Au nord du Donbass, les Ukrainiens maintiennent une pression constante dans la région de Kharkiv au-dessus du dispositif russe, mais sans pouvoir manœuvrer en profondeur contre les forces adverses. Il en va de même dans le sud de l’Ukraine dans la région de Kherson, et ce malgré la reprise de quelques territoires.
Le ministère des armées français a publié ce vendredi une nouvelle carte de l’évolution de l’invasion russe en Ukraine. Il note une « poursuite des bombardements russes sur Kharkiv », mais aussi sur Lyssytchansk (est du pays) « où les forces ukrainiennes ont établi une nouvelle ligne de défense ».
Lavrov et le droit international
Lors d’une rencontre avec son homologue biélorusse ce vendredi, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a assuré que « nous défendons le respect inconditionnel du droit international ». Une déclaration qui retentit étrangement alors que la Russie est accusée depuis plusieurs mois maintenant de contrevenir au droit international dans son invasion en Ukraine.
« Nous maintiendrons cette position avec nos alliés biélorusses et nos nombreux autres partenaires aux vues similaires qui partagent ces approches », déclare-t-il.
Le bortsch en péril
La culture du bortsch ukrainien est entrée sur la liste du patrimoine mondial immatériel en péril de l’Unesco, a tranché ce vendredi l’organisation onusienne, dans le cadre de la guerre en Ukraine qui menace la « viabilité » de la tradition entourant ce potage. « L’existence de cette soupe en elle-même certes n’est pas en péril en soi, mais c’est le patrimoine humain et vivant qui est associé au bortsch qui est, lui, en péril immédiat, parce que la capacité des populations de pratiquer, de transmettre leur patrimoine culturel intangible est gravement perturbée à cause du conflit armé, à cause notamment des déplacements forcés des communautés », a expliqué le rapporteur du comité d’évaluation du dossier ukrainien.
« A nous la victoire dans la guerre du borchtch », s’est réjoui dans la foulée de l’annonce de l’Unesco le ministre de la culture ukrainien Oleksandr Tkatchenko. L’Ukraine « gagnera aussi bien la guerre du borchtch que cette guerre », a-t-il écrit sur son compte Telegram, faisant allusion au conflit avec la Russie. L’Ukraine partagera la recette de cette soupe aux betteraves avec tous les pays civilisés, « et même avec les non-civilisés aussi, pour qu’ils aient au moins quelque chose de léger, de savoureux et d’ukrainien ».
Lutter contre la corruption
Ursula von der Leyen a appelé ce vendredi l’Ukraine à accélérer ses réformes contre la corruption, réaffirmant le soutien des Vingt-Sept à l’Ukraine sur « la longue route » vers l’adhésion à l’UE. Dans un discours donné en visioconférence devant les députés ukrainiens, Mme von der Leyen a loué les réformes déjà menées et les institutions mises en place pour créer « une machine anti-corruption impressionnante ». « Mais désormais ces institutions ont besoin de moyens d’action et des bonnes personnes aux postes de responsabilités », a-t-elle estimé. « Il convient que le nouveau chef du parquet spécialisé dans la lutte contre la corruption et le nouveau directeur du Bureau national ukrainien de lutte contre la corruption soient nommés dès que possible », a notamment déclaré la cheffe de l’exécutif européen. Concernant le projet de réforme de la Cour constitutionnelle, elle a jugé « nécessaire de prévoir, par la voie législative, une procédure de sélection des juges ». La présidente de la Commission européenne a salué l’adoption par d’une loi visant à défaire « l’influence excessive des oligarques sur l’économie », mais a demandé à ce que le pays assure désormais sa « mise en œuvre d’une manière juridiquement solide ». « L’Europe sera à vos côtés à chaque étape » Mme von der Leyen a aussi réclamé l’adoption d’une « loi sur les médias, qui rende la législation ukrainienne conforme aux normes de l’Union européenne et dote l’autorité indépendante de régulation des médias des moyens nécessaires ».
De l’électricité ukrainienne
L’Ukraine « a commencé à exporter de manière significative de l’électricité vers le territoire de l’UE, vers la Roumanie », affirmé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans une allocution vidéo, et « ce n’est qu’une première étape ». «Nous nous préparons à augmenter les livraisons », a-t-il ajouté, en soulignant que « l’électricité ukrainienne peut remplacer une part considérable du gaz russe consommé par les Européens ». «Ce n’est pas seulement une question de revenus d’exportation pour nous, c’est une question de sécurité pour l’Europe entière », a-t-il insisté.
Environ la moitié de l’électricité produite en Ukraine est d’origine nucléaire. Avec 15 réacteurs, disséminés sur quatre sites, l’Ukraine est le 7e producteur mondial d’énergie nucléaire.
Cette annonce sur les exportations d’électricité ukrainienne intervient alors que le 16 mars 2022, le consortium européen d’électricité « ENTSO-E » a accueilli le transporteur public ukrainien Ukrenergo (et le moldave, Moldelectrica), permettant de raccorder le réseau d’électricité ukrainien aux réseaux nationaux électriques européens, un système permettant d’alimenter plus de 400 millions de consommateurs.
L’Union européenne s’inquiète de sa capacité à fournir assez de gaz à ses habitants l’hiver prochain et le suivant depuis que le géant Gazprom coupe progressivement ses livraisons de gaz vers les Vingt-Sept.