Quinze corps ont été sortis ce dimanche 10 juillet des décombres d’un immeuble d’habitation visé par une frappe russe à Thassiv Iar, dans l’est de l’Ukraine, ont annoncé les secours. Cinq personnes ont pu être sauvées, et vingt-quatre se trouvaient encore sous les gravats en milieu d’après-midi, selon la même source.
L’immeuble de quatre étages a été touché par un missile russe Ouragan, selon le gouverneur de la région de Donetsk.
La région à majorité russophone de Donetsk constitue l’objectif prioritaire en Ukraine de Moscou, qui a affirmé avoir capturé la totalité de la région de Louhansk, après le retrait ukrainien des villes de Severodonetsk et Lyssytchansk ces dernières semaines. Selon Pavlo Kyrylenko, 591 civils ont été tués et 1 548 autres blessés à ce jour dans la région de Donetsk depuis le début de l’invasion russe le 24 février.
Dans le sud, des missiles russes ont tué deux personnes et en ont blessé trois autres, samedi, dans la ville de Kryvy Rih, selon les autorités régionales. « Ils ont délibérément ciblé des zones résidentielles », a déclaré Valentyn Reznitchenko, le chef de l’administration de l’oblast de Dnipropetrovsk.
Le renseignement britannique, dans son bulletin d’information quotidien publié ce matin, affirme que : « L’artillerie russe continue de cibler la région de Sloviansk dans le Donbass, depuis les environs d’Izioum au nord et depuis ceux de Lyssytchansk à l’est. Les forces russes ont probablement réalisé de nouvelles petites avancées territoriales autour de Popasna » et que les tirs en provenance d’Izioum continuent de se concentrer le long de l’axe de l’autoroute E40. Le contrôle de cette route, qui relie Donetsk à Kharkiv, est susceptible de constituer un objectif important pour la Russie, qui tente de progresser dans l’oblast de Donetsk.
La région de Kharkiv annexée ?
Les déclarations des autorités séparatistes prorusses, selon lesquels la région de Kharkiv est une « partie inaliénable du territoire russe », suggèrent que Moscou a l’intention d’annexer une partie ou la totalité de la région, selon les analystes du think-tank américain Institute for the Study of War (ISW). La rapidité de la mise en place d’une administration civile le 6 juillet et de l’introduction de la loi martiale le 8 juillet dans les zones occupées de la région de la région de Kharkiv montre que « le Kremlin poursuit agressivement la légitimation et la consolidation » du pouvoir de l’administration d’occupation « pour soutenir cet objectif territorial plus large ».
Un hiver sans gaz russe en Europe
Ce Lundi 11 juillet, la société russe Gazprom entamera une opération de maintenance du gazoduc Nord Stream 1, qui les privera très largement l’Europe de ses services. C’est un exercice de routine. Mais, de Paris à Berlin, en passant par Rome, on s’inquiète qu’à son issue, le 21 juillet, le géant russe prenne prétexte de tel ou tel problème pour interrompre totalement ses approvisionnements. L’hiver, dans ce cas, pourrait être rude, puisque, avant que le président russe, Vladimir Poutine, décide d’envahir l’Ukraine le 24 février, le gaz russe représentait 40 % des importations de l’Union européenne (UE). Selon une étude du centre de réflexion Bruegel publiée le 7 juillet, les Vingt-Sept devraient réduire de 15 % leur consommation de gaz par rapport à l’avant-guerre, si Moscou venait à interrompre ses livraisons, et ce dans l’hypothèse où la saison ne serait pas trop rigoureuse. Pour la France et ses voisins italien et espagnol, qui sont bien interconnectés, l’affaire serait sans conséquence. En revanche, pour l’Allemagne, elle signifierait une chute de 29 % de sa demande et pour les Etats baltes de 54 %.
Ce dimanche, le ministre français des finances, Bruno Le Maire, a déclaré que l’Europe devait se préparer « à une coupure [totale] du gaz russe », estimant qu’il s’agissait du scénario « le plus probable » à l’heure actuelle. « La meilleure façon de se préparer à ces coupures, c’est d’être très attentif à notre consommation d’Energie. Ça vaut pour les administrations, ça vaut pour les entreprises, ça vaut pour les particuliers » a affirmé le ministre.
Un site allemand bloqué en Russie
Le site du journal allemand Die Welt a été bloqué en Russie, ayant été ajouté à la liste croissante de sites bannis par le gendarme des médias Roskomnadzor, ont indiqué dimanche les agences russes. Ce blocage a eu lieu suite à une demande du parquet, précise cette source.
Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, le journal allemand s’était mis à publier des contenus en russe, alors que l’essentiel de l’information indépendante a été réprimée en Russie.Le journal a par ailleurs employé un temps la journaliste russe Maria Ovsiannikova, après l’irruption remarquée de cette dernière sur le plateau d’un journal télévisé pro-Kremlin en brandissant une pancarte contre l’offensive russe en Ukraine.