Le site de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, occupé par les forces russes, a de nouveau été bombardé jeudi. L’Ukraine et la Russie s’en rejettent mutuellement la responsabilité. Pour le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui a demandé à accéder « aussi vite que possible » au complexe, « l’heure est grave ».
« Le temps presse », a-t-il insisté, alors que l’AIEA tente, depuis des semaines, d’envoyer une mission pour inspecter la centrale. Mais, pour Kiev et Energoatom, l’opérateur ukrainien des centrales nucléaires, une visite de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) à la centrale nucléaire de Zaporijia « légitimerait aux yeux de la communauté internationale l’occupation » du site par les forces russes.
Devant le Conseil de sécurité de l’Onu, réuni en urgence à ce sujet à la demande la Russie, l’ambassadeur russe Vassily Nebenzia a accusé l’Ukraine, comme la semaine passée, d’être à l’origine de ces bombardements, en mettant en cause cette fois-ci aussi les alliés de Kiev. «Nous appelons les États soutenant le régime de Kiev à (…) le forcer à mettre un terme une fois pour toutes aux attaques contre la centrale de Zaporijjia», et l’ONU et l’AIEA à dire aux autorités ukrainiennes que leurs actions sont «inacceptables», a-t-il déclaré.
«La véritable échelle d’une catastrophe nucléaire à la centrale est difficile à imaginer. L’entière responsabilité en reviendrait aux soutiens occidentaux de Kiev», a insisté l’ambassadeur russe, qualifiant de «surréalistes», «cyniques et absurdes» les accusations contre Moscou.
À l’inverse, l’Ukraine accuse la Russie d’être à l’origine de ces bombardements contre le site de la centrale. «Les Russes sont bien connus pour leurs plans élaborés de tromperie, de sabotage et de dissimulation, comme celui que nous voyons aujourd’hui», a justifié l’ambassadeur ukrainien à l’ONU Sergiy Kyslytsya. «Aucun d’entre nous ne peut stopper le vent transportant les radiations, mais ensemble nous pouvons stopper un État terroriste. Et plus vite nous stopperons la Russie, plus vite l’Europe et le monde se sentiront à nouveau en sécurité», a-t-il ajouté.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé la communauté internationale à réagir immédiatement « pour chasser les occupants de la centrale de Zaporijia ».
Le premier bateau de l’ONU
Un premier navire affrété par les Nations unies pour transporter des céréales ukrainiennes destinées à soutenir ses opérations d’aide humanitaire dans le monde a accosté ce vendredi en Ukraine, a fait savoir le Programme alimentaire mondial (PAM).
Le MV Brave Commander, qui a quitté Istanbul mercredi, doit arriver au port de Ioujne, pour y récupérer ensuite les céréales achetées par le PAM. « Il s’agit de la première livraison d’aide alimentaire humanitaire dans le cadre de l’initiative céréalière de la mer Noire », a déclaré un porte-parole du PAM, Tomson Phiri, lors d’un point de presse régulier à Genève.
Le PAM a acheté pour l’instant 30 000 tonnes de blé ukrainien, et le MV Brave Commander a une capacité de 23 000 tonnes. « Le reste sera bientôt chargé et expédié sur un autre navire », a expliqué M. Phiri.
En revanche, l’organisation n’a pas communiqué la date à laquelle le navire quittera l’Ukraine ni sa destination. Mais le ministre des infrastructures ukrainien, Olexandr Kubrakov, avait annoncé jeudi sur Twitter que les autorités ukrainiennes étaient prêtes à charger 23 000 tonnes de céréales destinées à l’Ethiopie à bord d’un navire attendu vendredi, ce qui correspond à la fois en ce qui concerne la date et la masse de chargement.
Transportant la première exportation de blé ukrainien par la mer depuis plus de cinq mois, le navire Sormovsky, qui bat pavillon du Bélize, a ainsi quitté vendredi matin le port de Tchornomorsk avec une cargaison de 3 050 tonnes de blé en direction de la province turque de Tekirdag, qui borde la mer de Marmara.
UE : pas de visas pour les Russes ?

Une interdiction de visas pour tous les Russes afin de sanctionner Moscou va être discutée fin août par l’Union européenne (UE), a affirmé vendredi le chef de la diplomatie tchèque, Jan Lipavsky, dont le pays préside le Conseil de l’UE. « L’interdiction totale des visas russes par tous les Etats membres de l’UE pourrait être une autre sanction très efficace contre la Russie », a plaidé M. Lipavsky.
Le ministre va sonder ses homologues lors d’une réunion informelle le 31 août à Prague. « En cette période d’agression russe, que le Kremlin ne cesse d’intensifier, il ne peut être question de tourisme comme à l’ordinaire pour les citoyens russes », a-t-il soutenu. Le ministre tchèque doit toutefois convaincre le chef de la diplomatie européenne, l’Espagnol Josep Borrell, qui préside les conseils des ministres des affaires étrangères et de la défense. Les propositions de sanctions sont l’une de ses prérogatives.
La Commission ne cache pas ses réticences face à une mesure qui pénaliserait tous les ressortissants russes et insiste sur la nécessité de protéger les dissidents, les journalistes et les familles.