L’ancien président est loin d’en avoir fini avec la justice et cette année 2020 risque d’être bien difficile pour lui. Le 1er mars, il connaîtra le verdict dans l’affaire des écoutes, de Paul Bismuth ; le 15 s’ouvrira le procès Bygmalion, celui de l’énorme dépassement (20 Millions d’euros) du plafond des dépenses de sa campagne présidentielle de 2012. Et comme si cela ne suffisait pas, on apprend qu’il fait l’objet d’une enquête du parquet national financier en raison de ses lucratives activités de conseiller en Russie. L’enquête préliminaire des chefs de « trafic d’influence » « et « blanchiment de crime ou de délit » aurait été déclenchée par un signalement du service de renseignement financier Tracfin.
Le PNF ne veut pas en dire plus, mais Mediapart est plus prolixe et indique que «la justice cherche à vérifier si l’ancien chef de l’État a seulement agi comme consultant, ce qui serait parfaitement légal, ou s’il se serait adonné à des activités de lobbying, potentiellement délictuelles, pour le compte des oligarques russes». Ces oligarques, Nikolay et Sergei Sarkisov ont embauché Nicolas Sarkozy en juillet 2019, avec un contrat à 3 millions d’euros, en tant que « conseiller spécial » et « président du comité de conseil stratégique auprès du conseil d’administration » de leur société d’assurances Reso-Garantia.
Début 2020, le mari de Carla Bruni a reçu un paiement de 500 000 euros en provenance de Russie sur son compte à la banque Edmond de Rothschild. La banque n’a pas fait de signalement selon Mediapart, mais Tracfin a découvert ce virement et l’a signalé au PNF qui a ouvert une enquête à l’été 2020.
Les frères Sarkisov, dont la fortune est estimée à 1,7 milliard de dollars, possèdent des intérêts en France, dont un important parc immobilier de luxe. L’assureur français Axa possède 36,7 % du capital de Reso, acquis après l’embauche de Nicolas Sarkozy qui aurait pu, selon Mediapart, faciliter les relations des deux frères avec Axa.
Questionné à deux reprises par Mediapart via son attachée de presse Véronique Waché, Nicolas Sarkozy n’a pas répondu.
F. Farès