L’hôpital Al-Shifa est le principal hôpital de l’enclave palestinienne. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), ses environs sont depuis quelques jours le théâtre de violents affrontements entre le Hamas et l’armée israélienne. Cité par l’agence Associated Press, le directeur des hôpitaux de Gaza avance que plus de 650 patients sont sévèrement blessés et soignés par 500 membres du personnel soignant. Il estime aussi que 2 500 personnes ont trouvé refuge dans les hôpitaux de l’enclave. Au moins « 179 corps » ont été enterrés mardi dans une « fosse commune » creusée dans le complexe de l’hôpital Al-Shifa, a-t-il encore annoncé à l’Agence France Presse mardi. Dans un rapport publié lundi, l’armée israélienne estime que le bâtiment, notamment son sous-sol, abrite un des « quartiers généraux » du Hamas.
Londres demande le « respect du caractère sacré des hôpitaux » dans la bande de Gaza
Le gouvernement britannique a appelé mardi au « respect du caractère sacré des hôpitaux » dans la bande de Gaza. « Les hôpitaux devraient être des lieux sûrs, capables de traiter les patients avec compassion et c’est bouleversant de voir qu’ils sont incapables de le faire », a déclaré le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères britannique, Andrew Mitchell, au Parlement.
« Le gouvernement a clairement indiqué que toutes les parties du conflit doivent accorder aux civils la protection prévue par le droit international, cela implique de respecter le caractère sacré des hôpitaux afin que les médecins puissent continuer à soigner les malades et les blessés », a-t-il ajouté.
L’OMS estime que déplacer les patients de l’hôpital Al-Shifa est « une tâche impossible »

Evacuer les patients de l’hôpital Al-Shifa dans la bande de Gaza est une « tâche impossible », a affirmé l’Organisation mondiale de la santé, mardi, faisant valoir que ces personnes étaient très vulnérables et n’avaient aucun autre endroit où aller. Des milliers de personnes restent prises au piège sur le site du principal hôpital de Gaza, au milieu de combats entre le Hamas et l’armée israélienne, qui considère le lieu comme stratégique pour le mouvement islamiste.
Témoignage d’un médecin de l’hôpital Al-Shifa
Le quotidien français, Le Monde, a rapporté le témoignage de Khaled Abu Samra docteur au département de cardiologie de l’hôpital d’Al-Shifa, à Gaza.
« On est au cinquième jour du siège total d’Al-Shifa. Dans l’hôpital, il y a 600 blessés. Environ 1 000 civils ont trouvé refuge ici [dans son aile de l’hôpital ; les médecins ne circulent plus entre les services], et nous sommes 100 membres du personnel médical. Nous sommes proches de la mer. Nous faisons bouillir l’eau de la mer, nous lavons nos mains avec et la buvons. Mais elle est très salée.
Plus de 100 personnes ont été tuées dans l’hôpital. Leurs cadavres sont partout. Nous ne pouvons pas les enterrer tous. Ce matin, nous en avons enterré 40 dans une petite cour de l’hôpital ; les corps créent un nouveau risque sanitaire. J’ai enregistré une vidéo de cette scène-là. Mais je n’ai pas de connexion Internet pour vous l’envoyer. Les tirs ne s’arrêtent pas. Il y a des chars autour de l’hôpital. Les drones nous tirent dessus.
Il n’y a pas de combustible dans l’hôpital. Le ravitaillement annoncé par les Israéliens ? Ce sont des “conneries” [l’armée israélienne a annoncé avoir proposé 300 litres de carburant, déposés à plusieurs centaines de mètres de l’édifice et a accusé le Hamas de le refuser ; les soignants disent qu’ils ne peuvent se risquer dans les rues alentour]. Ceux qui tentent une sortie en groupe de l’hôpital, même avec des drapeaux blancs, jouent leur vie. Ils sont visés par des snipers.
Il y a des corps à l’extérieur et dans les rues, que nous ne pouvons pas atteindre. Je n’ai aucun contact avec les Israéliens. Ils ont proposé à la direction de l’hôpital qu’on évacue vers l’hôpital Al-Ahli, à 3 kilomètres. Mais comment, alors que les tirs continuent ? Comment transporter des blessés graves alors que nous-mêmes ici sommes en rupture d’oxygène et que les cas les plus graves meurent ? Nous allons y aller à pied sous les tirs ? Nous avons besoin d’aide. Nous n’arrêtons pas d’appeler à l’aide l’ONU, les ONG, qui elles-mêmes appellent à l’aide en vain. Il faut une intervention internationale pour que l’on puisse évacuer et que cessent les tirs. »
La Maison Blanche affirme que le Hamas opère un « centre de commandement » sous l’hôpital Al-Shifa, à Gaza
Le Hamas et le Jihad islamique opèrent « un centre de commandement et de contrôle depuis l’hôpital Al-Shifa » à Gaza, a affirmé mardi John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

Il a assuré lors d’un entretien avec des journalistes que les Etats-Unis avaient pu le confirmer avec leurs propres sources de renseignement, et ajouté que le site de l’hôpital était utilisé pour stocker des armes.
Dans un rapport publié lundi, l’armée israélienne estimait que le centre hospitalier, notamment son sous-sol, abritait un des « quartiers généraux » du Hamas.
Médecins sans frontières déclare qu’un de ses bâtiments, dans le centre de Gaza, a subi des tirs mardi matin
Des « balles ont été tirées [mardi] matin sur l’un des trois bâtiments » appartenant à Médecins sans frontières (MSF), près de l’hôpital Al-Shifa, à Gaza, a déclaré l’ONG dans un message publié sur X. Ce local « abritait des équipes de MSF et leurs familles – plus de 100 personnes, dont 65 enfants, qui n’ont plus de nourriture depuis » lundi soir, a ajouté l’ONG.
MSF « tente de les faire évacuer depuis trois jours », est-il affirmé dans un autre message, réclamant un « passage sûr pour que [ces personnes] quittent l’épicentre de combats intenses qui se déroulent actuellement dans la ville de Gaza ».
Le chef de l’ONU alerte sur la « situation horrible » dans les hôpitaux à Gaza et appelle à un cessez-le-feu « au nom de l’humanité »
Des dizaines de Palestiniens ont dû être enterrés dans une fosse commune, selon le directeur du plus grand hôpital de Gaza à l’Agence France-Presse, où des milliers de civils restent, mardi, pris au piège des combats entre Israël et le Hamas. Une situation « horrible », alerte l’ONU.
Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « très inquiet de la situation horrible et des pertes humaines importantes dans plusieurs hôpitaux à Gaza », sur X, appelant à un cessez-le-feu immédiat « au nom de l’humanité ».
Le Hamas voit dans les accusations américaines une « autorisation pour de nouveaux massacres » dans les hôpitaux
Dans un communiqué publié en anglais, le Hamas dit, mardi soir, « condamner et rejeter » les accusations des Etats-Unis qui lui imputent l’utilisation des hôpitaux à Gaza pour des opérations militaires.
Pour le mouvement islamiste palestinien, ces propos sont une « autorisation » à Israël « pour commettre de nouveaux massacres brutaux visant les hôpitaux, dans le but de détruire le système de santé de Gaza ».
« Les Etats-Unis sont directement responsables de permettre la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza », ajoute le Hamas.
L’armée israélienne mène une opération « dans une zone spécifique de l’hôpital Al-Shifa » de Gaza
Sur son compte X, l’armée israélienne a publié, ce mercredi, peu après 1 heure du matin, heure de Tunis, un long message expliquant mener « une opération précise et ciblée contre le Hamas dans une zone spécifique de l’hôpital Al-Shifa ».
Dans un rapport publié lundi, l’armée israélienne estimait que le centre hospitalier, notamment son sous-sol, abritait un des « quartiers généraux » du Hamas. La Maison Blanche a aussi affirmé, mardi, que le Hamas utilisait l’établissement comme « centre de commandement ».

« Ces dernières semaines, les FDI [Forces de défense d’Israël] ont averti publiquement à plusieurs reprises que la poursuite de l’utilisation militaire de l’hôpital Al-Shifa par le Hamas mettait en péril son statut de protection en vertu du droit international, et qu’elles laissaient suffisamment de temps pour mettre fin à cette utilisation illégale de l’hôpital », dit également le tweet de l’armée israélienne. « Hier, les FDI ont à nouveau fait savoir aux autorités compétentes de Gaza que toutes les activités militaires à l’intérieur de l’hôpital devaient cesser dans les douze heures. Malheureusement, elles ne l’ont pas fait », ajoute-t-elle.
« Nous appelons tous les terroristes du Hamas présents dans l’hôpital à se rendre », conclut le message
Quelques minutes avant la publication de ce message, le porte-parole du ministère de la santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré qu’il était possible qu’Israël mène un raid contre l’hôpital Al-Shifa, le plus grand de la ville de Gaza. Ashraf Al-Qidra a dit à la chaîne Al-Jazeera qu’Israël « a informé [les responsables de la santé de Gaza] qu’il allait lancer un raid contre le complexe hospitalier d’Al-Shifa dans les prochaines minutes ».
« L’occupant n’a pas précisé si [ses forces] entreraient dans le complexe. Il a toutefois dit qu’il mènerait un raid contre le complexe dans les prochaines minutes. Nous ne savons pas comment ce raid sera mené ni quel mécanisme sera utilisé. Nous ne savons pas non plus quelles sont les intentions [d’Israël] avec ce raid », a-t-il ajouté.
Un haut responsable du Hamas dit voir des « chars » et des « commandos » dans le complexe de l’hôpital Al-Shifa
« Je suis dans l’hôpital et je vois des dizaines de soldats et de commandos aux urgences et à la réception et il y a des chars [israéliens] qui sont entrés dans le complexe de l’hôpital » d’Al-Shifa, a déclaré à l’Agence France-Presse Youssef Abul Reesh, un haut responsable du ministère de la santé du gouvernement du Hamas, appelant les Nations unies et la communauté internationale à intervenir « immédiatement » pour mettre fin à l’opération militaire de l’armée israélienne dans le plus complexe hospitalier de Gaza.
Lors de l’annonce de son assaut sur l’hôpital, l’armée israélienne avait dit disposer sur place « d’équipes médicales et de personnes parlant arabe qui ont été entraînées spécifiquement pour cet environnement sensible et complexe et ce dans le but qu’aucun tort ne soit causé aux civils utilisés par le Hamas comme boucliers humains. »
« Les hôpitaux et les patients doivent être protégés », rappelle la Maison Blanche
« Nous ne commenterons pas en détail une opération militaire israélienne en cours », a déclaré à l’Agence France-Presse, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, interrogé sur l’opération israélienne dans l’hôpital Al-Chifa de Gaza.
« Comme nous l’avons déjà dit, nous ne soutenons pas des frappes aériennes contre un hôpital et nous ne voulons pas voir d’échanges de tirs dans un hôpital où des personnes innocentes, démunies, malades cherchant à recevoir des soins, sont prises entre deux feux. Les hôpitaux et les patients doivent être protégés », a-t-il ajouté.