On le sait, les experts militaires allemands, français, britanniques et autres alertent : la Russie pourrait attaquer un pays de l’Otan, peut-être de l’UE dans les prochaines années. Certains fixent une date, 2029. La Finlande se prépare…
Ces derniers jours, une histoire différente est née des propos de Donald Trump sur le Groenland, cette île danoise, la plus grande du monde que son Amérique pourrait s’approprier, y compris par la force. Fantasme trumpien ? Non, propos sérieux qui entraînent une question : le 47-ème président américain est-il prêt à entrer en guerre contre l’Union européenne ? Pas cette guerre économique qu’il veut lui imposer et gagner, mais un conflit potentiellement armé pour s’emparer d’un territoire. Il se conduirait comme Poutine en Ukraine : leur volonté et leur force priment sur le droit international .
On a du mal à envisager que l’Amérique affronte militairement ses alliés, les pays d’Europe qu’elle est censée protéger dans le cadre de l’Otan. Mais « America first » passe avant tout. Il n’y a qu’à regarder une carte : face à la Russie et à la Chine, le Groenland présente un intérêt économique et un intérêt géostratégique. Et son sous-sol est d’une richesse exceptionnelle, hydrocarbures et présence des deux tiers des minerais stratégiques, de quoi concurrencer la Chine. Et le réchauffement climatique permettra l’ouverture de nouvelles routes maritimes. En 1946, le président Harry Truman avait déjà tenté d’acheter l’île et Trump en 2019.
Depuis 1941, les Etats-Unis ont des bases, militaire et spatiale, au Groenland et le pays de 57 000 habitants ne pourrait résister. Mais si l’île n’est pas membre de l’UE, mais seulement territoire d’Outre-mer de l’UE, l’article 42-7 du Traité de Lisbonne s’y applique : « Au cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies. »
L’Europe désunie, qui a du mal à croire à la réalité de la menace a réagi mollement : « « Il s’agit de quelque chose d’extrêmement hypothétique sur lequel nous ne voudrons pas nous attarder », a déclaré la porte-parole de la Commission européenne Paula Pinho.
Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a estimé mercredi qu’il n’était « pas question » que l’Union européenne laisse des pays « s’en prendre à ses frontières souveraines. » « Les frontières ne peuvent pas être déplacées par la force », a souligné de son côté le gouvernement allemand.
Et si l’UE, l’Europe faisait des offres concurrentes, refusait cette Amérique impérialiste ? Là aussi une autre histoire…