Viktor Orban a été élu et réélu de manière démocratique. Soutenu par son parlement, il peut faire passer toutes les lois qu’il juge bonne pour son pays. C’est à ses compatriotes qu’il appartient de le sanctionner dans les urnes s’ils sont mécontents. Pas à l’Europe? Ouvertement quelques membres demandent une exclusion qui n’est pas prévue par les traités et dix-sept insistent auprès des responsables de l’union, Commission et président du conseil, sur la nécessité de respecter les valeurs européennes que tout pays fait sienne en devenant membre.
En adhérant le 1er mai 2004, la Hongrie connaissait les traités et la charte des droits fondamentaux qui a valeur juridique. Mème s’il était dans l’opposition en 2004, Viktor Orban a lu cet article 21, qui est contraignant:
« Est interdite toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle ». Il sait aussi l’article 2 du Traité de l’UE: « L’Union européenne a été fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de respect de l’état de droit et des droits humains, y compris les droits des personnes issues de minorités ».
Ursula von de Leyen juge « honteuse » la loi hongroise discriminatoire à l’égard des LGBT et promet de défendre « nos » valeurs. Plusieurs fois déjà, l’article 7 du traité sur l’UE a été enclenché contre la Hongrie. Il permet de priver un pays de son droit de vote. Viktor Orban continue de démentir, de prendre de haut ses contradicteurs, de profiter de l’Europe en ne faisant que ce qu’il veut. Pourquoi? Il faut l’unanimité pour appliquer cet article 7 qui le priverait de son droit de vote et la Pologne, également mise en cause, soutiendra Budapest… Toutes les procédures qui pourraient être ouvertes devant le Cour de justice européenne prendraient du temps. Ce n’est pas demain que la Hongrie sera privée des milliards d’aides -25 pour la période 2014-2020- ni que leur versement sera conditionné au respect de l’Etat de droit.
On en reste au stade des mots qui cachent l’impuissance comme cette déclaration d’Emmanuel ? Macron: « Nous Européens, devons-nous poser des questions sur nous-mêmes » et déterminer « comment combattre » la dérive libérale dans certaines sociétés post-communistes. Orban a des soutiens en Europe…
Il faut poser une autre question: peut-on accueillir sans changement des textes de nouveaux pays, comme la Serbie ou l’Albanie?