Dans la ville portuaire de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, presque entièrement détruite après des semaines de siège, un premier groupe de civils a été extrait dans la nuit de samedi à dimanche de l’aciérie Azovstal, dernière poche de la résistance ukrainienne dans cette cité. Une vingtaine de civils ont été évacués, selon le bataillon ukrainien Azov, une première, toutes les précédentes tentatives d’évacuation ayant échoué.
De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé que deux groupes de civils, de 25 et 21 personnes, avaient pu sortir de Azovstal, où sont terrés selon Kiev des centaines de militaires et de civils ukrainiens dans des galeries souterraines datant de l’époque soviétique. L’opération d’évacuation « se poursuit » ce dimanche en coordination avec le CICR, a annoncé un porte-parole de l’ONU à Genève. Une centaine de personnes ont quitté la ville, selon le président Zelensky.
Selon le correspondant de RIA, toutes les personnes évacuées ont été placées dans un camp de tentes dans le village de Bezimennoïé, à l’est de Marioupol, à mi-chemin entre cette ville portuaire et la frontière russe. Selon cette même source, du personnel de la Croix-Rouge et de l’ONU aurait assisté à l’évacuation
La pression russe s’intensifie dans l’est de l’Ukraine. D’après le président ukrainien Volodymyr Zelensky, les forces russes « ont constitué des renforts dans la région de Kharkiv, essayant d’augmenter la pression dans le Donbass ». « Nous ne sommes pour le moment pas en capacité de faire reculer l’ennemi », a expliqué à l’AFP Iryna Rybakova, officier de presse de la 93e brigade des forces ukrainiennes. L’armée ukrainienne a cependant repris vendredi Rouska Lozova, un village de quelques milliers d’habitants près de Kharkiv.
Selon certaines sources, le général Valeri Guerassimov serait hors de combat à la suite d’une explosion sur l’aéroport de Belgorod en Russie ou près d’Izioum, en Ukraine. Selon l’ancien ministre de l’intérieur de l’Ukraine, Arsen Avakov, « Il a reçu un éclat d’obus au tibia droit »,Cependant, aucune information officielle n’a été donnée. Chef d’état-major général, il est l’un des trois hommes dont l’accord est nécessaire pour déclencher une attaque nucléaire. Cet après-midi, un incendie, officiellement un « sabotage » s’est déclaré dans des locaux appartenant au ministère de la défense russe dans cette région de Belgorod, près de la frontière avec l’Ukraine.
Au Vatican, le souverain pontife a dénoncé «une régression macabre de l’humanité». «Ne abdiquons pas face à la logique de la violence, à la spirale perverse des armes». S’adressant à des milliers de personnes sur la place Saint-Pierre pour sa bénédiction de midi, François a de nouveau implicitement critiqué la Russie, affirmant que Marioupol avait été «barbarement bombardé et détruit».
Nancy Pelosi à Kiev
La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a rencontré ce dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky au cours d’une visite surprise à Kiev.
« Merci aux États-Unis de contribuer à protéger la souveraineté et l’intégrité territoriale de notre État », a twitté le président ukrainien pour accompagner une vidéo où on le voit, flanqué de gardes armés, accueillir Mme Pelosi et une délégation du Congrès devant la présidence à Kiev et ensuite en réunion avec la délégation américaine.
« Les Etats-Unis sont un chef de file dans le soutien solide de l’Ukraine dans la lutte contre l’agression russe », a poursuivi le président ukrainien.
« Notre délégation s’est rendue à Kiev pour envoyer un message sans équivoque et retentissant au monde entier: les Etats-Unis sont aux côtés de l’Ukraine », selon un communiqué de la délégation américaine qui se rend ensuite dans le sud-est de la Pologne et à Varsovie.
« Un soutien américain supplémentaire est en route », soulignent les parlementaires américains qui assurent qu’ils vont « transformer la forte demande de financement du président Biden en un paquet législatif ».
Odessa
L’aéroport d’Odessa, ville portuaire dans le sud de l’Ukraine, a été touché samedi par une frappe russe qui a détruit la piste, sans faire de victimes, a annoncé le gouverneur de la région Maxim Martchenko.
« Aujourd’hui, l’ennemi a frappé depuis la Crimée par un système de missile de défense côtière Bastion. La piste de l’aéroport d’Odessa a été détruite. Dieu merci, il n’y a pas eu de victimes », a déclaré le gouverneur dans une vidéo sur son compte Telegram.
Huit personnes ont été tuées dans des frappes russes il y a une semaine sur la ville historique d’Odessa de près d’un million d’habitants, jusqu’ici relativement épargnée par les combats.
L’armée russe avait alors affirmé avoir visé avec des « missiles de haute précision » un important dépôt d’armes livrées aux forces ukrainiennes par les Etats-Unis et des pays européens, près d’Odessa.
Pertes
Selon le site Oryx, la Russie a perdu un nombre important de chars, et leur progression dans les plaines ukrainiennes est gênée par la boue liée au dégel. Ils ont rapidement été contraints de ne passer que par les routes, rendant leurs mouvements plus prévisibles pour leurs adversaires. Ils ont ainsi largement été ciblés par des roquettes lancées depuis le sol et des frappes de drones. Moscou aurait perdu de plus de 17 % de ses chars d’assaut, contre 14 % pour l’Ukraine.
Côté aviation, en revanche, les Ukrainiens ont davantage perdu de matériel, relativement à leur équipement d’origine. Abattre l’aviation ukrainienne était en effet l’une des stratégies mises en place dès le début de la guerre par l’armée russe. Avec deux objectifs : annihiler les risques de tirs de missiles sur les chars russes et maîtriser le ciel ukrainien afin de pouvoir attaquer des dépôts de carburants et d’armes ou d’autres lieux. Kiev aurait perdu 16% de ses avions de combat contre 2% pour la Russie.
Les chiffres réels pourraient être supères car Oryx tient un décompte vérifié.
Gaz russe
Les livraisons de gaz russe vers les pays de l’Union européenne (UE) et la Turquie ont fortement baissé entre janvier et avril par rapport à cette même période en 2021. « Les exportations vers les pays hors CEI [l’UE et la Turquie] se sont élevées à 50,1 milliards de mètres cubes, soit 26,9 % de moins qu’à la même période de 2021 », a annoncé aujourd’hui Gazprom dans un communiqué. Les livraisons vers le marché intérieur ont elles aussi diminué, de 3,7 %, « notamment en raison du temps chaud de février ». Les exportations vers la Chine ont, en revanche, explosé, grimpant de 60 % sur un an via le gazoduc Power of Siberia.