Le Président Kais Saied a reçu l’après-midi du Lundi 11 Janvier, la députée Samia Abbou, membre du bureau de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), chargée des relations entre l’Assemblée et la Présidence de la République. Samia Abbou a entamé hier une grève ouverte de la faim, pour ‘protester contre l’absence de réaction de l’ARP face à la violence observée le 07 Décembre dernier et pratiquée par les députés du Bloc Karama contre les élus du Bloc démocratique’.
Le Président de la République a considéré anormal ce que vit le pays et l’ARP, avec une chargée des relations avec la présidence de la République, en grève de la faim, et des députés en sit-in, en plus de ce qui se passe tous les jours, aussi bien dans les réunions du bureau de l’ARP, que dans son Assemblée Générale.
Le Président Saied a également évoqué qu’il n’a pas été informé des préparatifs à un remaniement ministériel, alors qu’il est « le symbole de l’unité de la Nation et le garant de son indépendance et sa continuité ». Saied a recommandé de ne pas limiter les concertations à certains partis. Une remarque qui mérite commentaire.
Que le Président Saied soit derrière la nomination de Méchichi à la tête du gouvernement ne lui accorde nullement de s’immiscer dans les prérogatives propres du Chef du gouvernement. L’article 89 de la Constitution précise que le gouvernement obtient la confiance auprès de l’ARP, l’unique à pouvoir la lui retirer, en votant une motion de censure (article 97).
L’article 92 délimite les compétences du Chef du gouvernement, dont : – la création, la modification, la suppression des ministères et secrétariats d’État, la détermination de leurs compétences et de leurs attributions, après délibération du Conseil des ministres ; – la cessation de fonction d’un ou de plusieurs membres du Gouvernement ou l’examen de sa démission, et en concertation avec le Président de la République en ce qui concerne le Ministre des Affaires étrangères ou le Ministre de la Défense ;
Donc, hormis les ministères des Affaires étrangères et de la Défense, le chef du gouvernement est libre, constitutionnellement, dans ses agissements concernant les ministres et les Secrétaires d’Etat. Mechichi est donc dans son Droit, de remanier le gouvernement, sur le plan strictement constitutionnel. Il n’obtient l’aval ni le feu vert de quiconque, à moins qu’il ne cherche à se concerter avec sa majorité parlementaire, pour s’éviter une motion de censure. Mais, du côté de la Présidence de la République, Méchichi ne craint rien, surtout que Saied ne dispose pratiquement pas de soutien parlementaire.
C’est la Constitution. Maintenant, la logique veut qu’il y ait un minimum d’harmonie entre les deux têtes du pouvoir exécutif. Ça, c’est une autre question que Saied et Méchichi sont appelés à résoudre pour l’intérêt de la Tunisie.