Les grèves générales se suivent et se ressemblent depuis plusieurs semaines dans les régions laissées au bord de la route du développement depuis l’indépendance. Après Béja, Kairouan, Jendouba et Gafsa, l’Union régionale du travail de Kasserine a lancé, ce mardi 26 janvier, un mot d’ordre de grève générale dans la région pour le 3 février prochain.
«La grève générale régionale sera organisée en signe de protestation contre la marginalisation du gouvernorat de Kasserine, qui souffre d’un chômage endémique, d’une pauvreté croissante et d’un manque flagrant d’infrastructures de base», explique Sanki Assoudi, le secrétaire général de l’antenne régionale de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) à Kasserine. Et d’ajouter : «La grève générale ne sera suspendue qu’au cas où le gouvernement déciderait d’organiser un Conseil ministériel consacré à l’examen de la situation économique et sociale dans la région».
Selon une étude publiée fin septembre 2020 par l’Institut National des statistique (INS), le gouvernorat de Kasserine abrite les trois délégations les plus pauvres à l’échelle nationale, en l’occurrence Hassi El Frid avec un taux de pauvreté de 53,5 %, Jedeliane (53,1 %) et Al Ayoun (50,1 %).
Une étude de l’ONG britannique «International Alert», menée en 2019, a d’autre part fait ressortir que le gouvernorat de Kasserine enregistre le taux de chômage des jeunes le plus élevé en Tunisie (43% contre une moyenne nationale de 35%).
A noter par ailleurs que unions régionales du travail de Tozeur et Siliana ont également brandi récemment des menaces de grève pour réclamer les parts de ces régions du gâteau du développement. Cette fièvre revendicative qui s’est emparée des régions intérieures déshéritées comparativement à un littoral relativement prospère, fait suite à la signature d’un accord très généreux entre le gouvernement et les jeunes chômeurs qui avaient bloqué la vanne de la station de pompage du site pétrolier El Kamour dans le désert de Tataouine.
W.K