Fidèle à ses méthodes brutales et insultantes, Donald Trump a menacé la Première ministre danoise , Mette Frederiksen, qui refuse de lui vendre le Groenland. Quarante-cinq minutes au téléphone. « C’était horrible » témoigne une source danoise. Une autre explique que Donald Trump était très dur : « C’était une douche froide. Il était difficile de prendre ça au sérieux avant, mais je pense que ça l’est et c’est peut-être très dangereux ». Le président américain qui affirme défendre la liberté face à la Russie et à la Chine a cherché à humilier le Danemark incapable de faire face : « Ils ont mis deux traîneaux à chiens supplémentaires il y a deux semaines, et ils pensent que c’est ça, la protection ».
Mette Frederiksen a affirmé n’avoir «aucune raison» de craindre une menace militaire, mais son ministre de la Défense estime que «le niveau de menace dans l’Arctique et l’Atlantique Nord s’est aggravé » et que « nous devons donc renforcer de manière significative la présence de la défense dans ces régions».
Copenhague a annoncé un investissement de 14,6 milliards de couronnes (environ 2 milliards d’euros) pour la défense et la sécurité dans l’Arctique et l’Atlantique Nord et promis d’envoyer trois nouveaux navires pour l’Arctique, des drones à longue portée dotés de capacités d’acquisition d’images avancées et un renforcement de la capacité satellitaire.
Dans le même temps, Mette Frederiksen est venue à Berlin et à Paris pour s’assurer de la solidarité de l’UE. Elle a également rencontré Mark Rutte, le secrétaire général de l’Otan. Si nul ne croit en Europe que les Américains, déjà présents sur l’importante base stratégique de Pittufik, puissent envoyer des troupes « conquérir » le Groenland, on préfère se préparer. Dans une interview accordée au journal allemand Welt am Sontag, le chef du Comité militaire de l’UE, le général autrichien Robert Brieger, a ainsi préconisé le stationnement de soldats européens au Groenland. « Cela enverrait un signal fort et pourrait contribuer à la stabilité de la région », déclare -t-il.
Il y a deux façons d’interpréter ces réactions européennes. On peut penser qu’il s’agit d’un message fort adressé à Trump : nous défendrons le Danemark. Ou bien constater que l’Américain a réussi son coup en forçant les Européens à mettre davantage de moyens pour défendre cette île qui n’est pas sans intérêts pour la Russie et la Chine.
D’ailleurs, un député russe, Andrei Gurulyov, considère que “la guerre dans l’Arctique a commencé” et propose un accord avec Trump : le partage du Groenland. Pas sûr cependant que ce membre de la Douma représente le point de vue officiel de Moscou.Reste aussi l’attitude du gouvernement qui siège à Nuuk. Le Premier ministre, Mute Egede a maintes fois répété que ce territoire autonome n’était pas à vendre. Mais a également indiqué que l’île restait ouverte à une coopération renforcée avec les Etats-Unis. Samedi, Trump affirmait que les Groenlandais «veulent être avec nous». Faux : quelque 85 % des Groenlandais répondent « non » à la question de quitter le royaume danois pour faire partie des États-Unis, selon ce sondage publié aujourd’hui et réalisé par l’agence Verian pour le quotidien « Berlingske » et le journal groenlandais « Sermitsiaq ». Seuls 6 % y sont favorables, et 9 % sont indécis.