L’Unicef a dévoilé des témoignages de victimes qui font état d’hommes en armes contraignant des familles à leur livrer leurs filles pour les violer. Des violences qui devraient « choquer tout un chacun aux tréfonds de son âme », estime l’agence onusienne.
Des données qui ne sont que partielles, mais qui dressent déjà un tableau choquant de la violence exercée contre les civils, alors que la guerre au Soudan dure depuis près de deux ans. L’agence onusienne pour les enfants, l’Unicef, dénonce les viols perpétrés par des combattants soudanais contre des enfants, dont certains âgés d’à peine un an, comme arme de guerre.
D’après l’Unicef, 221 cas de viols d’enfants ont été enregistrés dans le pays depuis début 2024. Les deux tiers sont des filles et seize enfants avaient moins de cinq ans, dont quatre à peine un an. Les chiffres collectés par des organismes qui tentent de lutter sur place contre les violences sexuelles sont en deçà de la réalité : de nombreuses victimes et leurs familles n’osent pas se manifester, par peur de la stigmatisation, des représailles des groupes armés, ou d’être accusées de collaborer avec l’un d’entre eux.
« Des millions d’enfants au Soudan risquent d’être violés et de subir d’autres formes de violence sexuelle », déplore Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef. Selon elle, ces actes pourraient être constitutifs de crimes de guerre et bafouent le droit international. « Personne, aucun enfant, ne devrait avoir à endurer ces horreurs. Cela doit cesser immédiatement », exige l’agence, qui appelle aussi les donateurs à la générosité.
Témoignages terrifiants
Le rapport de l’Unicef ne précise pas qui sont les auteurs de ces violences. D’après le document, les combattants n’hésitent pas à violer ces enfants devant leurs proches. D’autres sont kidnappés. « Ils m’ont forcée à monter dans une grosse voiture… Ils m’ont emmenée à un endroit près d’une voie ferrée, et trois personnes m’ont violée », confie ainsi une jeune fille de 16 ans, aujourd’hui enceinte.
Une femme adulte de 19 ans témoigne, elle, avoir été retenue par des hommes armés pendant 19 jours dans une pièce avec d’autres femmes et jeunes filles. « Après 21 heures, quelqu’un ouvre la porte, muni d’un fouet, choisit une des jeunes filles et l’emmène dans une autre pièce. J’entendais la petite fille pleurer et crier. Ils la violaient », se souvient-elle.
Comme le rappelle le rapport de l’Unicef, les victimes en question subissent lors de ces violences sexuelles des blessures psychologiques et physiques aux conséquences graves, et à long terme. Elles sont parfois laissées face à des « choix impossibles », par exemple se faire soigner, raconter leur histoire ou subir une grossesse.