Bien qu’elle n’ait plus l’exubérance d’autrefois, la fête du 20 mars, jour de l’Indépendance, demeure la fête de la république par excellence.
C’est en effet en ce jour de l’année 1956, que les Tunisiens ont appris, dans la fierté et l’allégresse, et aux prix de lourds sacrifices, l’accession de leur pays au statut de pays totalement indépendant, après avoir eu, deux ans auparavant, son indépendance intérieure non sans que cela ne provoque d’ailleurs une profonde division au sein de la direction du parti du Néo-destour, division qui a failli se transformer en une guerre civile.
En ce même jour de l’année 1956,la Tunisie se réveille avec le droit, vrai, d’exercer son autogouvernance. L’indépendance, n’en déplaise aux sceptiques de tout poil et autres éternels pêcheurs en eaux troubles, est d’abord cela. Et elle est politique.
Bien sûr, l’indépendance n’est jamais réellement totale, ni définitivement acquise. Encore plus aujourd’hui dans un monde globalisé, qu’hier. Car faut-il encore être indépendant sur les autres plans économique, alimentaire, énergétique, monétaire…, pour mériter de se dire réellement indépendant. Très peu de pays dans le monde peuvent se targuer de l’être. Un pays, peut-être deux, mais pas plus.
En 65 ans d’indépendance, la Tunisie a connu bien d’événements qui ont forgé, souvent dans la violence, son destin de pays précurseur dans son environnement régional. Émancipation de la femme, droits culturels et sociaux, maitrise de sa démographie, diversification de son économie. De grands leaders historiques ont marqué de leur empreinte l’évolution du pays. On en cite le Zaïm Habib Bourguiba, mais il n’y a pas eu que lui. L’histoire de la Tunisie indépendante reste à écrire.
Janvier 2011, le pays connaît un nouveau jalon dans son histoire, qui signe la fin d’une époque où la Tunisie a toujours eu besoin d’un leader providentiel qui lui montre le chemin à suivre. La Révolution dite de « la liberté et de la dignité » est arrivée comme un bouleversement et une rectification de la marche du pays. Elle a fait tomber le concept de l’homme exceptionnel pour donner cette exception à tous les hommes. C’est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Cela s’appelle la démocratie.
La démocratie, on le sait, n’est pas un avenir, mais un devenir. C’est à dire un travail continu et soutenu par la conviction que le peuple a toujours raison, et qu’il faut lui faire toujours confiance. Il faut cependant rester vigilant pour barrer la route à tous ceux qui cherchent à utiliser cette redoutable arme contre le peuple qui a réalisé cette révolution en le dressant les uns contre les autres: le populisme.
Que ce soit pour chanter un inexistant passé doré, pour continuer les mauvaises guerres partisanes, ou pour désigner les responsables des difficultés économiques et sociales actuelles, dresser le peuple contre ses élites est une approche politique d’autant plus condamnable qu’elle n’a d’autres résultats que de retarder la relance économique, condition sine qua non de la réussite du processus démocratique.
En cette fête de l’Indépendance, une seule vérité mérite d’être dite et répétée: le choix de la démocratie est un choix populaire et irrévocable. Sa réalisation a besoin de la participation de tous les gens de gauche et de droite. Destouriens, islamistes, communistes, centristes…La démocratie réunit dans le vivre-ensemble et n’exclut personne.
C’est là la leçon du soixante cinquième anniversaire de l’Indépendance d’une Tunisie qui administre aujourd’hui la preuve qu’un pays arabe et musulman peut être aussi un pays démocratique.