« Les Russes n’ont pas encore mobilisé tous leurs moyens et ça peut être tactique », a estimé mercredi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, lors d’une interview accordée à la chaîne français BFM-TV. « Je ne peux pas certifier aujourd’hui que c’est déjà l’offensive à grande échelle qui a commencé », a dit le chef d’Etat.
A Moscou, le ministère de la défense a appelé toute l’armée ukrainienne à « déposer les armes » et les derniers défenseurs de Marioupol à cesser leur « résistance insensée ». Ce matin, Serguiy Volyna, un commandant de la 36e brigade de la marine nationale retranché dans le complexe sidérurgique de Azovstal a lancé un appel au secours : « Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures. » « L’ennemi est dix fois plus nombreux que nous. Nous appelons et supplions tous les dirigeants du monde de nous aider. Nous leur demandons d’utiliser la procédure d’extraction et de nous emmener sur le territoire d’un pays tiers. »
Pour les civils, un accord a été trouvé avec la Russie sur un couloir humanitaire pour évacuer des civils, a annoncé Kiev ce matin. C’est le premier accord de ce type depuis samedi, a souligné la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, sur Telegram. « Nous avons réussi à trouver un accord préliminaire (avec les Russes) sur un couloir humanitaire pour femmes, enfants et personnes âgées ». Le couloir est établi vers la ville ukrainienne de Zaporijjia (sud). Cependant, des doutes subsistent sur la réalité de ce couloir. Plus de 100 000 personnes sont encore présentes dans la cité portuaire.
Les combats dans toute la région est de l’Ukraine se sont intensifiés depuis lundi soir. Après une série de frappes revendiquées par Moscou mardi, le ministère de la défense ukrainien a fait état ce matin de « tentatives d’assaut » sur les localités de Soulyguivka et Dibrivné, dans la région de Kharkiv (nord-est), ainsi que sur Roubijne et Sievierodonetsk, dans la région de Louhansk (est). Les bombardements s’intensifiaient aussi dans le sud, autre ligne de front. Les villages de Mala Tokmachka et d’Orikhiv, à 70 kilomètres au sud-est de Zaporijia, ont vu une recrudescence des bombardements.
L’Ukraine, qui ne cesse de demander des armes, a reçu des avions de chasse et des pièces détachées pour renforcer son armée de l’air, a fait savoir, mardi, le Pentagone, qui n’a pas précisé leur nombre ni les pays ayant fourni les appareils. Il s’agit vraisemblablement de MIG-29 de fabrication russe, que Kiev réclamait depuis le début du conflit et dont disposent une poignée de pays d’Europe de l’Est.
Malgré la guerre, un total de 1,1 million d’Ukrainiens sont retournés dans leur pays depuis le début de l’invasion russe le 24 février, a annoncé aujourd’hui le porte-parole du service ukrainien des garde-frontières, Andriï Demtchenko. Il n’a pas précisé dans quelle proportion ces personnes étaient des Ukrainiens ayant fui le pays au début de l’invasion ou des Ukrainiens qui vivaient déjà à l’étranger avant la guerre. Il a indiqué que les frontières ukrainiennes avaient été franchies par « presque cinq millions de personnes dans les deux sens ». Selon les chiffres du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés publiés ce mercredi, la barre des cinq millions de réfugiés ukrainiens a cependant été franchie.
En visite à Borodianka près de Kiev, où des civils ont été victimes de « massacres » commis par les Russes selon les autorités ukrainiennes, le président du Conseil européen Charles Michel, a déclaré qu’« à Borodianka, comme à Boutcha et tant d’autres villes en Ukraine, l’Histoire n’oubliera pas les crimes de guerre qui ont été commis ici » « Il ne peut pas y avoir de paix sans justice », a-t-il ajouté.