Malgré sa guerre à Gaza, le Liban et les événements syriens, le procès, ouvert en mai 2020, contre Benjamin Netanyahou pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires distinctes, a repris mardi dernier et, pour la première fois, le Premier ministre a témoigné.
Un procès « juste ridicule » a-t-il affirmé, niant absolument tout ce qui lui est reproché. Des cadeaux somptueux, dont des cigares et du champagne ? Non, « je déteste le champagne, je n’en bois pas. Faire de Sara et moi des gens qui mènent grand train est non seulement absurde mais aussi honteux ». Et des notes, des papiers, des autorisations, il en a signé des milliers sans les lire, faisant confiance à son chef de cabinet.
Avant l’audience dans une salle souterraine d’un tribunal de Tel Aviv, il avait déclaré que les enquêteurs de la police et les procureurs de l’État « n’ont pas trouvé de crime, alors ils ont inventé un crime…. Ils arrêtent des dizaines de personnes autour de moi, ils ruinent leur vie, ils les menacent pour les obliger à faire de faux témoignages… Isolement, privation de sommeil… Ils font tout pour qu’ils fassent un faux témoignage. Tout est mis en œuvre, ajoute-t-il, pour faire tomber Bibi ».
Le fond des affaires, ce n’est pas les cadeaux, les éventuels pots de vin, les facilités accordées à des patrons de presse, c’est la presse elle-même, ses rapports avec le pouvoir en place. Pour Netanyahou, il est normal que les responsables politiques souhaitent et demandent une meilleure couverture de leurs actions. Une pratique, selon lui, essentielle à la démocratie. Il a simplement voulu diversifier le marché médiatique qui était inféodé à la gauche.
Cette préoccupation lui vient de son père, le défunt professeur Benzion Netanyahou, historien et révisionniste. « Mon père a ajouté à la théorie de Jabotinsky le combat pour l’opinion publique. Pour protéger une victoire militaire, il faut une politique étrangère. Et pour garantir cette politique, il faut l’opinion publique. Investir dans l’opinion est une nécessité », a-t-il déclaré aux juges.
« Si j’avais voulu bénéficier d’une bonne couverture médiatique, il m’aurait suffi de donner un signal en faveur d’une solution à deux États », a-t-il déclaré évoquant la question palestinienne. Mais, transformant son audition en tribune politique, il a dressé un tableau brillant de ses succès politiques, assurant qu’au nom de la sécurité d’Israël, il résiste aux pressions des puissances internationales et à l’hostilité des médias nationaux.
A l’extérieur de tribunal, la police a séparé les partisans du Premier ministre et ses opposants qui criaient « Bibi en prison ».
Le procès durera au moins jusqu’à la fin du mois.