Une grande marche silencieuse s’est déroulée aujourd’hui à Zarzis, qui de mémoire de zarzicien a rarement mobilisé autant de personnes.
7000 personnes selon le secrétaire local de l’UGTT ont pris part à cette manifestation pour exprimer leur indignation suite au sort réservé aux victimes du naufrage d’une embarcation clandestine le 15 octobre enterrées dans le cimetière dédié aux morts inconnus de l’immigration illégale aux larges de nos côtes. Ces mêmes citoyens avaient quelques jours auparavant donné à voir toute la mesure de leur colère en obligeant le gouverneur de la région de quitter le siège de la délégation de Zarzis et d’écourter sa visite dans la région.
Ces manifestations de colère de la part des habitants de la région prouvent qu’un cap est désormais franchi. Il faut dire que les tunisiens ont jusqu’à présent fait preuve d’une patience et de compréhension. Voire d’indulgence.
Les tunisiens ont accepté sans trop de remous le chômage, l’inflation, les pénuries, l’insécurité, et même le départ en mer de leurs enfants, en nourrissant toujours le rêve que demain sera peut-être être mieux.
Mais avec l’épisode de la mise en terre sans sépultures des naufragés de la mer, la ligne rouge a été franchie pour les Zarziciens et les Tunisiens solidaires dans cette tragédie.
Cette tragédie touche, en effet et au delà de son aspect social, à une valeur universelle, qu’est le respect dû aux mort. Quelle faute morale, de la part des autorités, qui témoigne d’une incurie impardonnable et d’une banalisation de la mort des naufragés! Le cimetière d’Afrique, qui était une preuve de notre humanisme tunisien est devenue une preuve sordide de l’incompétence et du laissé aller des responsables de ce pays.
Le comble dans cette terrible tragédie, aura été que ce que fuyaient les malheureux disparus, à savoir l’incompétence de l’Etat, les poursuivra jusqu’à dans leur tombe. Et cela est inacceptable pour les Zarziciens directement touchés par la tragédie et pour tous les Tunisiens.