On l’oublie souvent, et pourtant. S’il fallait choisir un homme pour symboliser notre résilience face aux difficultés auxquelles fait face notre pays, ce serait incontestablement lui . L’agriculteur tunisien.
Alors que le pays était déjà durement touché par la Covid-19 et son économie au bord de l’asphyxie, tout le monde a craint le pire à l’arrivée du mois de Ramadan pendant lequel la consommation ménagère connaît habituellement son pic le plus élevé. On a imaginé, la pandémie aidant, toutes sortes de pénuries, de rareté ou de manque de produits essentiels tels les légumes et les fruits. On a imaginé des queues interminables devant les maraîchers, et on a vite pensé aux spéculateurs et autres profiteurs qui apparaissent comme par magie dans ce genre de situations.
Eh bien, rien de tout cela ne s’est produit et notre crainte était tout simplement injustifiée.
Certes, leurs prix n’étaient pas doux-doux, mais les légumes et les fruits étaient là et bien là pendant tout le mois de Ramadan. Les étals dans les marchés n’ont pas désempli offrant une variété de produits frais et de qualité.
Le dynamisme de ce secteur, vital, il faut le rappeler, de notre agriculture est étonnant au vu des difficultés énormes que rencontrent les agriculteurs. Des difficultés structurelles mais aussi conjoncturelles qui prouvent que malgré tout, notre agriculture ne manque pas de ressort et est capable d’assumer son rôle et de nourrir ce peuple pour autant qu’elle connaisse les réformes nécessaires et urgentes.
Hier d’ailleurs, on célébrait le 57ème anniversaire de la Fête l’évacuation de l’agriculture, date essentielle dans l’histoire de la Tunisie correspondant à la nationalisation des terres qui étaient entre les exploitants de l’occupant français. « Célébrer» n’est peut-être pas le terme qui convient, tant cet événement a été réduit à une simple évocation de routine.

Un parti politique s’en est pourtant souvenu: Tahya Tounes, qui a rendu public un communiqué dans lequel il appelle notamment à:
-accorder l’intérêt nécessaire à la situation difficile des petits agriculteurs et pêcheurs rendue plus ardue par la crise de la Covid-19.
-adopter une amnistie pour les agriculteurs dont la dette ne dépasse pas 10 mille dinars.
-parachever le programme d’accession des jeunes à la propriété de lots techniques et des terres domaniales et assurer leur encadrement.
-créer une ligne de financement au profit du secteur de la pêche et l’achèvement de l’aménagement des ports.
-lancer une campagne à l’attention des jeunes pour les sensibiliser à l’intérêt des métiers agricoles.
-mettre en place un plan national pour affronter la détresse hydrique et pour améliorer la capacité du stockage des eaux dans le cadre de l’économie verte.
Mohcen Lasmaar