Durant le conseil des ministres du 15 janvier 2022, le président de la République, Kaïs Saïed a rappelé la promulgation d‘un décret portant modification de la date de célébration de la Révolution. Il a déploré l’ingérence dans la définition de cette date et a affirmé que le nombre de manifestants à la date du 14 janvier était inférieur au chiffre annoncé.
Par la suite, le chef de l’Etat s’en est pris encore une fois à la justice tunisienne. Il a expliqué que le ministère de l’Intérieur avait demandé auprès du ministère public des mandats à l’encontre de certains individus. Le président de la République a fait savoir que la réponse du ministère public ne lui avait pas plu. Ce dernier a considéré qu’il fallait tout simplement convoquer la personne afin de poursuivre l’enquête.
« Doit-on maintenant dépêcher un huissier au Mont Sammema pour convoquer un terroriste !», s’est indigné le Président.
« Ils parlent de Cour constitutionnelle comme si c’était vraiment important pour eux… Nous voici sans cette institution et que s’est-il passé ? Rien ! Ce n’est pas fatal ! S’ils y croyaient vraiment, ils auraient dû l’instaurer depuis 2015… Paradoxalement, en l’absence de constitution, il y a plus de libertés… Nos martyres sont morts pour l’emploi, la liberté et la dignité », a-t-il affirmé.
Kaïs Saïed a, également, affirmé qu’un magistrat avait été persécuté pour avoir refusé des ordres de son supérieur au sujet d’une affaire de corruption. Le chef de l’Etat a expliqué que le lanceur d’alerte a été puni et que l’auteur du crime n’a pas été poursuivi. Le lanceur d’alerte avait été traduit devant le conseil de discipline. Le président de la République a considéré que les magistrats doivent participer à la réforme de la justice et non-pas à un retour en arrière. « Les magistrats honnêtes doivent nous aider dans la réforme de la justice. On ne peut garantir la justice qu’à travers une magistrature juste ! », a-t-il insisté.
Concernant la situation économique, le président de la République a appelé à la promulgation de nouvelles dispositions relatives aux réseaux de distribution. Il a évoqué les modifications des prix par les commerçants sans raison comme si l’Etat n’existait pas.
Kaïs Saïed a, aussi, révélé qu’un projet relatif au conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement verra le jour la semaine prochaine. Il a considéré que ce conseil prendra la place des institutions soi-disant indépendantes et qui ne répondent pas aux besoins pour lesquelles elles avaient été élaborées.
« Ils parlent des régimes présidentiel et parlementaire et des trois présidences… Ils confondent les notions de base… Je ne veux pas parler de l’aspect constitutionnel. En 1971, il n’y avait qu’un seul parti, mais il y avait des débats et des échanges. Il ne s’agit pas d’une question de nombre de parties, mais de pluralisme politique. Les partis sont nombreux mais similaires. Ceux qui étaient ennemis avant le 25 juillet sont devenus alliés. Ils parlent de l’État policier alors qu’ils étaient des agents à la botte de ces institutions. Je connais leurs noms ! Il n’y a qu’un seul Etat et qu’un seul système juridique. Les magistrats doivent jouer leur rôle ! », a-t-il ajouté.
Evoquant le projet de réconciliation nationale, Kaïs Saïed a affirmé qu’il ne s’agira pas de projets d’investissements à caractère lucratif. « Il peut s’agir de construction d’hôpitaux ou de routes », a-t-il dit. Il a expliqué que le projet vise la restitution de l’ensemble des biens du peuple et qu’il sera appliqué sur l’ensemble de la période précédant sa promulgation.
Le chef de l’Etat a souligné l’importance de la neutralité des administrations publiques telles que l’institution sécuritaire, l’enseignement et l’économie. Il a estimé que plusieurs fonctionnaires ont eu accès à leurs postes pour des raisons politiques et qu’ils n’effectuaient aucun travail.
Le président de la République a, également, salué les efforts du ministère des Technologies de la Communication et de l’Economie numérique et de la cheffe du gouvernement dans la mise en place de la plateforme de consultation. Il a rappelé l’élaboration d’une synthèse des informations collectées et leur conversion en textes juridiques.
« La gouvernance par les bases signifie que nous fournirons les outils nécessaires à la création de la richesse. C’est au jeune chômeur d’améliorer sa situation dans le cadre de la loi… Ils n’acceptent pas le projet des entreprises citoyennes. On aurait eu droit à des colloques et des dîners si ce projet avait été présenté par la France », a-t-il expliqué. Il a, également, affirmé qu’en 2019 un terrain domanial loué par un groupe de jeunes avait été confisqué afin de permettre à une autre personne de l’exploiter…