Peut-être faudrait-il revenir à l’origine du mot pour comprendre l’importance de ce mois de Ramadan dans la vie individuelle et collective des musulmans.
A l’origine « Ramadan »signifie cette haute chaleur brûlante. Et par extension, ce feu béni qui détruit les péchés en purifiant par l’action du jeûne l’âme et le corps.
Bien sûr, le mois de Ramadan tient aussi sa grande valeur du fait qu’il est le mois de la révélation du Coran au cours de la Nuit du destin LAYLATOUL QADRI « qui vaut mieux que mille mois » réunis. C’est aussi le mois où eut lieu Bataille de Badr, première victoire des musulmans sur l’armée des Koraïchites qui contraignirent le Prophète Mohammed à l’exil. Ramadan est tout cela, mais plus encore.
C’est le mois de la spiritualité, essence de la religion de l’Islam. Au cours de ce mois, le croyant qui doit s’abstenir de manger, de boire et d’avoir des relations sexuelles du lever jusqu’au coucher du soleil, se prépare en fait la voie à un travail sur lui-même, sur sa condition d’être humain. L’homme a accepté selon le Coran d’être le dépôt de cette raison par laquelle il se distingue des autres créatures et créations de l’univers, mais qui lui confère dans le même temps l’immense responsabilité de la gestion de ce monde.
En faisant acte volontaire de privation, le fidèle se fraie un chemin vers son propre intérieur. Il se donne l’occasion de s’observer, de s’analyser et de s’évaluer. C’est un effort renouvelé chaque jour et chaque nuit et qui doit permettre au jeûneur de faire son introspection et de garder éveillée sa conscience de créature si faible et si forte à la fois. Faible par sa chair, fort par sa spiritualité.
Tout le monde, hélas, ne vit pas Ramadan dans ces conditions, et peu nombreux sont ceux qui profitent de ce privilège qu’offre le mois du jeûne pour s’élever spirituellement par la lecture, la méditation et le recueillement. Pris dans un tourbillon consumériste, les Tunisiens transforment le mois Ramadan en une interminable occasion pour faire ripailles et se laisser prendre dans une incroyable fièvre acheteuse, oubliant au passage les exigences de l’effort et de l’abnégation dans le travail.
Cependant et malgré ces écarts souvent d’ailleurs encouragés par les médias voire par les pouvoir publics eux-mêmes, qui encouragent à la consommation excessive, Ramadan reste une occasion où se manifestent la solidarité, les retrouvailles familiales…, et le plaisir des choses simples qu’on retrouve avec la première cuillerée de soupe ou la première gorgée d’eau fraîche.
Que la lumière de ce mois vous irradie!