Les baleines bleues absorberaient jusqu’à 10 millions de morceaux de microplastique chaque jour, selon une estimation publiée mardi 1er novembre, qui suggère un impact de cette pollution sur le plus grand animal du monde plus important qu’envisagé jusqu’alors. De minuscules fragments de plastique ont déjà été retrouvés des océans les plus profonds aux plus hautes montagnes, et même à l’intérieur des organes et du sang humains.
Pour estimer la quantité de microplastiques ingérée par les baleines, des chercheurs ont fait une étude de modélisation, parue dans la revue Nature communications. Ces scientifiques ont placé des sortes d’étiquettes sur 191 baleines bleues, rorquals communs et à bosse vivant au large des côtes de Californie pour suivre leurs mouvements. « Comme une Apple Watch, sur le dos d’une baleine », a expliqué Shirel Kahane-Rapport, chercheuse à l’université d’État de Californie, à Fullerton, et principale autrice de l’étude. Selon les données recueillies, les baleines se nourrissaient principalement à des profondeurs comprises entre 50 et 250 mètres, là où se situe « la plus grande concentration de microplastiques dans la colonne d’eau », a déclaré cette spécialiste des baleines à l’Agence France-Presse.
Les chercheurs ont ensuite estimé la taille et le nombre de bouchées quotidiennes des baleines et ce qu’elles filtraient, en modélisant trois scénarios. Dans le scénario le plus probable, les baleines bleues ingéraient jusqu’à 10 millions de morceaux de microplastique par jour.Le plus gros animal ayant jamais vécu sur Terre serait ainsi probablement le plus gros consommateur de microplastiques, en ingérant jusqu’à 43,6 kg chaque jour, selon l’étude. Bien que l’on imagine spontanément que les baleines aspirent de grandes quantités de microplastiques lorsqu’elles se frayent un chemin à travers l’océan, les chercheurs ont découvert que ce n’était pas le cas. En fait, 99 % des microplastiques ont pénétré dans le corps des baleines parce qu’ils étaient déjà à l’intérieur de leur proie.