«Aujourd’hui, le cinéma algérien est en danger de mort.» On ne saurait être plus clair et le collectif de cinéastes et producteurs de cinéma algériens qui s’expriment ces jours-ci dans une lettre ouverte au ministère de la Culture de leur pays veut collectivement tirer la sonnette d’alarme. Depuis décembre 2021, par décret, le Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique (Fdatic), subvention gouvernementale qui existait depuis 1967, a été tout simplement supprimé. A titre de comparaison, c’est un peu comme si l’avance sur recettes en France était annulée du jour au lendemain sans être remplacée par un mécanisme de financement public alternatif.
«Du jour au lendemain, les cinéastes ont dû interrompre leur tournage et chercher en urgence des financements étrangers pour mener, à bien, leur production et payer comédiens et techniciens engagés sur leur film», s’alarment ainsi les auteurs de la lettre ouverte qui ne comprennent pas qu’on les laisse «sans aucune information ni perspective de résolution». Cette missive fait suite à une autre, publiée en mars par l’Association des producteurs algériens de cinéma (Apac) et directement adressée au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et qui résonnait des mêmes accents d’extrême inquiétude face à un désengagement de la puissance publique d’autant plus curieux et anachronique que le cinéma algérien connaît depuis quelques années un regain de créativité et d’audience internationale. Par ailleurs, le gouvernement entend mettre en place une nouvelle commission pour les autorisations de tournage, autre menace sur la liberté de filmer dans le pays.