Les magistrats tunisiens se sont réunis devant le tribunal de première instance de Tunis afin de protester contre la révocation des 57 juges décidée par le président Kaïs Saïed.
Déjà en grève depuis 3 semaines, les juges demandent l’annulation de cette décision et rejettent les accusations de corruption adressées par le chef de l’Etat.
Depuis, hier, mercredi 22 juin, certains juges faisant partie de la liste des 57, ont entamé une grève de la faim.
« Les juges ont été révoqués juste par un coup de stylo, sans qu’ils n’aient le droit de se défendre, ce qui est un droit fondamental », a déclaré Aïcha Belhassen, Vice-présidente de l’Association des magistrats tunisiens.
« Nous demandons l’annulation du décret-loi n°35 amendant certains articles du décret-loi régissant le Conseil supérieur provisoire de la magistrature, qui est inconstitutionnel et du décret présidentiel 516 portant révocation de 57 magistrats. Nous demandons à ce que les juges révoqués aient le droit à une défense », a-t-elle ajouté.
Elle a par ailleurs indiqué que la situation actuelle ne permet plus de parler de pouvoir judiciaire indépendant accusant l’exécutif d’ingérence dans le travail de la justice.
Aïcha Belhassen a également précisé que 80% des juges visées par la révocation n’ont aucune affaire en justice ou au sein du conseil supérieur provisoire de la magistrature.
« Leur seul crime est d’avoir refuser d’appliquer les directives émanant des autorités et l’ingérence de l’exécutif dans les affaires judiciaires », a-t-elle souligné. « Nous sommes un pays démocratique et nous ne pouvons pas accepter que le pouvoir puisse avoir la mainmise sur le pouvoir judiciaire qui doit être indépendant! », a-t-elle ajouté.
Belhassen a déclaré qu’une demande de rendez-vous a été formulée par tous les corps de la magistrature, au chef de l’Etat afin de trouver une solution à cette crise. Pour le moment, aucune réponse ne leur a été donnée.
Interrogé sur la suite du mouvement de protestation, Mahmoud Fekih, juge au Tribunal de Nabeul a indiqué que cela dépendait de la réaction de Kaïs Saïed. « Le grand perdant dans cette histoire c’est le peuple Tunisien. Nous sommes conscients que la grève dans les tribunaux est une situation difficile à vivre pour ceux qui ont des affaires en cours. Mais nous ne pouvons pas retourner travailler en sachant qu’il y a une épée de Damoclès sur notre tête à cause de rapports soit-disant secrets. Il y a forcément une solution à cette crise, mais il faut que le président accepte de recevoir la coordination des juges. Nous voulons que le président soit un acteur de la sortie de crise et non pas du problème », nous a-t-il dit.