Un mois après la fin du Dialogue politique de Tunis, les Libyens ne parviennent pas, encore, à s’entendre sur les mécanismes de choix des principales personnalités politiques du pays. C’est un large comité, choisi par la Délégation de l’ONU qui décide de ces choix, faute d’élections et de Chambre de Députés unifiée.
Pourtant, les réunions ne s’étaient pas arrêtées en ligne. Mais, il semble que, même ce comité politique des 75, issus de toutes les régions et tribus libyennes, sont prisonniers des mêmes blocages politiques que ceux de l’Assemblée. Et, fait à signaler, le comité militaire des dix, qui a signé mi-octobre le cessez-le-feu final, n’avance pas sur la problématique des mercenaires.
Du côté du parlement, les réunions de Bouznika et de Tanger, au Maroc, suivies par celles de Ghedames en Libye, ont réuni jusqu’à 124 membres et laissé apparaitre un certain espoir pour unifier le pouvoir législatif libyen, issu des élections de 2014. Toutefois, l’absence du président Salah Aguila à ces réunions laisse planer du doute. Et, même la réunion du Lundi 21 Décembre, prévue à Sebrata n’augure rien de bon, puisque son ordre de jour consiste à élire un nouveau président.
Suite à ces développements, il est clair de conclure que certaines puissances, impliquées en Libye, ne sont pas satisfaites du processus de paix, dirigé par l’ONU et cherchent à s’imposer par un autre parcours. Le processus de Tunis ne suscite pas les mêmes intérêts que celui de Tanger-Ghedames, même si la délégation de l’ONU est présente sur les deux fronts.
Certaines indications montrent que le Dialogue politique de Tunis veut aboutir à la nomination de Salah Aguila à la tête du Conseil présidentiel et Fathi Bach Agha à la tête du gouvernement. Ces orientations vont dans la même direction que l’accord de reprise de la production de pétrole, signé en Septembre dernier, entre l’homme fort de l’Est libyen, Khalifa Haftar, et le vice-président du Conseil présidentiel, le misrati Ahmed Myitigue.
Il s’agirait d’une réconciliation entre l’Est libyen et Misrata, parrainée par la France et la Russie. Ces accords ont survenu suite à la visite de Myitigue à Moscou et Paris. Ces deux capitales ont pris le dessus ces derniers temps sur Ankara et Doha, qui ont fait bouger leurs pions.
Ainsi, et alors que l’on croyait que la réunion de Tunis allait désigner Aguila et Bach Agha, d’autres candidatures émergèrent empêchant les deux favoris d’obtenir les 75% requis pour passer. Ainsi, ll y avait la candidature du juge Abdeljawad Laabidi, issu de l’Est, pour la présidence. La candidature de ce dernier n’était pas prévue. Elle a surgi pour satisfaire les frères musulmans. A l’Ouest, c’est la candidature de l’homme d’affaires, Ali Dbeyba, qui a faussé les cartes de Bach Agha.
Les échos disent que ces deux candidatures ont été mijotées par le leader des islamistes libyens, Ali Sallabi, à partir d’Istanbul. Or, Haftar ne saurait accepter quelqu’un d’autre que Aguila à la présidence et chef suprême des armées. Cette surprise a poussé la majorité du comité politique des 75 à changer de tactique, en essayant de rabaisser la majorité, lors des nominations, aux deux-tiers, voire même les trois cinquièmes. Et le dernier vote, opéré lundi 14 Décembre en ligne, qui va trancher cette question.