A Umm al-Aqarib, l’une des villes sumériennes les plus importantes du sud de la Mésopotamie, comme sur de nombreux autres sites archéologiques irakiens, les pillages ne sont plus l’unique menace qui plane sur les vestiges millénaires préservés par l’aridité du climat. Ces lieux antiques et mal surveillés se prennent de plein fouet certains effets indirects du changement climatique, à savoir une salinisation accrue et, surtout, des tempêtes de sable de plus en plus fréquentes en Irak. Le phénomène est dévastateur : en 2022, une dizaine de ces bourrasques ont balayé le pays, selon un décompte de l’AFP.
«Dans les dix prochaines années, on estime que le sable pourrait avoir recouvert 80 à 90% des sites archéologiques» du sud de l’Irak, souffle l’archéologue irakien Aqeel al-Mansrawi. «Les missions archéologiques devront déployer davantage d’efforts» pour déblayer avant de commencer à fouiller. Les vents sont aujourd’hui «davantage chargés en poussière» et ils «transportent des fragments du sol, surtout du sable et du limon, qui produisent de l’érosion et l’effritement des bâtiments» antiques, constate Jaafar al-Jotheri, professeur d’archéologie à l’université irakienne Al-Qadissiyah. La faute, dit-il, à des hivers plus secs et des étés plus longs et plus chauds où la température dépasse les 50 degrés et qui «fragilisent les sols et les fragmentent à cause du manque de végétation».