Des légumes sur les marchés marocains presque aussi chers que dans certains supermarchés de France, avec un salaire minimum cinq fois inférieur: le modèle agricole du pays, basé sur les exportations, est remis en question par une inflation record qui provoque la colère de la population.
La poussée inflationniste, +10,1% en glissement annuel en février dont 20,1% de hausse pour les produits alimentaires, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), vaut à l’exécutif des critiques de tout bord en plein mois sacré du Ramadan, quand la consommation augmente.
Si l’ampleur des manifestations contre la vie chère reste limitée, le mécontentement s’installe.
Pour le patron du HCP, Ahmed Lahlimi, cette crise questionne la viabilité du modèle agricole marocain, d’autant que ce secteur clé de l’économie (13% du PIB et 14% des exportations) est exposé à des sécheresses récurrentes et au dérèglement climatique.
« L’agriculture doit faire sa révolution pour changer de système de production, aller vers une souveraineté alimentaire et produire ce que nous consommons en premier lieu », a plaidé fin mars M. Lahlimi dans une interview au site d’information Médias24.
Le royaume reste à la merci d’une sécheresse devenue structurelle « qui réduit la superficie cultivée et donc l’offre, faisant augmenter les prix », explique à l’AFP Abderrahim Handouf, ingénieur agronome spécialiste de l’irrigation.