Même si le Hezbollah dément, l’armée israélienne est bien entrée au Liban et a ordonné l’évacuation de près de trente villages qui pourraient être bombardés ou subir des combats terrestres. Impuissant, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a indiqué que son pays était prêt à appliquer la résolution 1701 qui, en 2006, prévoyait le retrait du Hezbollah du sud Liban et le déploiement de l’armée.
Même si cela était possible, ce serait insuffisant pour l’État hébreu bien décidé à poursuivre sa guerre. Netanyahou avait accepté la proposition franco-américaine de cessez-le-feu pour donner sa chance à la diplomatie, mais comme souvent il mentait… La 1701, qu’il n’a pas non plus respecté, laisserait au Parti de Dieu la possibilité de se reconstruire. Impensable pour l’Etat hébreu qui entend le mettre hors d’état de lui nuire pour longtemps.
Le Premier ministre sait qu’au fond, les Etats-Unis et l’Europe, qui lui adressent des remontrances, applaudiraient plutôt à l’écrasement du Hezbollah, mouvement terroriste qui a tué notamment des Américains et des Français, qui empêche le Liban de se redresser. Ces pays ne confondent pas le mouvement au service de l’Iran et la défense des Palestiniens. Le Hezbollah se range du côté de ces derniers car les soutenir fait partie de la lutte iranienne contre l’Etat hébreu. Le Liban ne cache pas que sa vocation n’est pas d’aider les Palestiniens.
Que va faire l’Iran qui perdrait beaucoup en voyant sombrer cette force qu’il avait créée pour se protéger : si Téhéran était menacé, il pouvait ordonner au Hezbollah de faire diversion en frappant Israël… Selon certaines sources bien informées, l’Iran, divisé entre « durs » des Gardiens de la révolution et modérés regroupés derrière le nouveau président Massoud Pezeshkian, pencherait vers un lâchage de leur allié libanais qui, affaiblit également en Syrie, ne leur servirait plus à rien. Et l’on s’interroge sur l’état réel du pays des mollahs, en proie à une grave crise économique et sociale, qui vient de connaître directement ou non trois morts encore mystérieuses, celles du président Raïssi, du chef du Hamas Haniyeh et de celui du Hezbollah Nasrallah. Que pourraient-elles cacher ?