Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan divise le monde : sa demande de mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahou, Yoav Gallant, Ismaïl Haniyeh, Yahya Sinwar et Mohamed Deif est-elle « honteuse », inqualifiable ou légitime, logique ? Pour les défenseurs de l’Etat hébreu, mettre sur le même plan le Hamas, mouvement terroriste qui est l’agresseur du 7 octobre et Israël, une démocratie qui se défend est impossible, constitue une faute lourde.
La CPI, qui ne reconnaît pas une telle équivalence et dont la compétence, comme le sérieux, sont unanimement salués, est dans sa mission de dire le droit international. On ne peut douter du fait que Karim Khan et ses enquêteurs s’appuient sur des arguments et preuves solides.
Au-delà de la polémique, cette décision du procureur Khan remet Israël à sa juste place, celle d’un État normal soumis aux juridictions communes. Protégé par la Shoah, créé à partir d’un vote de l’ONU en novembre 1947 -les Etats arabes avaient voté non- l’Etat hébreu se considérait et était souvent considéré comme intouchable. Depuis toujours, ses dirigeants se foutent de l’Onu et de ses décisions. Karim Khan mettrait donc fin à une longue parenthèse qui faisait du pays des juifs une entité différente, à part. La laisser agir comme elle le voulait sans rien dire ressemblait à une manière pour les Allemands, les Européens, les Américains d’obtenir un pardon…
Mais ces pays qui fustigent le procureur de la CPI – sauf la France qui le soutient – sont en porte à faux. Comment peuvent-ils approuver le mandat émis contre Poutine qui a envahi l’Ukraine et y commet des crimes et innocenter Israël auteur, lui aussi, d’actes terribles dans la bande de Gaza. Ce double standard que le « sud global » reproche à l’Occident ? Si les Européens ne respectent pas les décisions de la CPI qu’ils ont contribué à fonder, ce sera la fin du système international, la preuve que ce double standard qu’ils nient, existe bien.
Précisons qu’une demande d’émission de mandat d’arrêt ne signifie pas condamnation. Ce sont les trois juges de la chambre préliminaire de la CPI qui vont trancher, suivre ou non le procureur.
Notons également qu’Israël, qui n’est pas partie à la CPI, comme les Etats-Unis, la Russie et la Chine, ne doute pas une seconde de son bon droit. Les mots de Yoav Gallant sont « lunaires », étrangers au monde réel : « Depuis le 7 octobre, l’État d’Israël combat un ennemi meurtrier et assoiffé de sang, qui a commis des atrocités contre des femmes, des enfants et des hommes, et utilise désormais son propre peuple comme bouclier humain. L’Etat d’Israël mène les combats conformément aux règles du droit international, tout en déployant des efforts humanitaires sans précédent dans un conflit armé. L’État d’Israël est fier de la pureté des armes des soldats de Tsahal et de leurs commandants ».