Grand succès, semi-échec selon que l’on se place du côté des sympathisants ou des adversaires, le rassemblement populaire organisé dimanche dans la ville de Sousse par le Parti destourien libre(PDL) interpelle sur la pratique de la chose politique et sa finalité dans notre pays, notamment depuis les dernières élections de l’automne 2019.
Si la manifestation du 6 février était compréhensible, attendue, et même nécessaire pour revivifier la mémoire du martyr Chokri Belaid, celle du PDL avait des objectifs franchement politiques que sa présidente Abir Moussi a clamés haut et fort devant et en tête desquels la destitution du président du parlement Rached Ghannouchi.
Répondant aux uns et autres le parti El Ennahdha annonce ce samedi 27 février 2021 une grande manifestation populaire.
Ainsi donc nous voilà revenus aux premiers jours post révolutionnaires où rien n’ était encore institué et où le pays était gouverné par la formule « le peuple veut ». Pourtant depuis le pays s’est doté d’une constitution, des dizaines voire des centaines de partis se sont formés, des élections ont eu lieu des présidents de la république , de parlements et des gouvernements se sont succédés alors pourquoi ce retour à la rue?
On pourrait bien admettre que la démocratie n’est pas seulement les résultats des urnes et qu’il faut sans cesse écouter le peuple et œuvrer à trouver les meilleurs moyens de le faire participer à l’exercice démocratique mais descendre dans la rue pour haranguer les foules et dresser les uns contre les autres au nom de la démocratie dans les conditions difficiles que traversent le pays c’est prendre un risque incalculable et tout pourrait basculer dans le dérapage et la violence.
Manifester oui, c’est un droit garanti par la Constitution, il faut l’utiliser mais pas en abuser.