Le député d’Attayar, Nabil Hajji, a souligné le danger relatif à la monopolisation des pouvoirs et à l’absence de contrôle et d’obligation de rendre des comptes. « Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser », a-t-il dit, en citant Montesquieu.
« Le peuple a-t-il manifesté pour modifier les articles de la Constitution ? Ça le dérangeait ? Non ! Le peuple en avait assez de la pauvreté, du chômage et de la hausse des prix ! Que ce soit Ennahdha ou Béji Caïd Essebsi ou Kaïs Saïed à la tête du pays, c’est le dernier de ses soucis ! Le problème ne vient pas de la Constitution ! Kaïs Saïed a dévié de la trajectoire ! La situation économique causera la perte de Kaïs Saïed malgré sa popularité actuelle ! Il n’en n’est pas conscient car il ne s’agit pas d’une priorité pour lui ! », a-t-il déclaré lors de son passage du 24 septembre 2021 sur les ondes de la radio Express FM.
Nabil Hajji a poursuivi par un petit rappel de l’histoire de la Tunisie depuis le règne de Ben Ali. « Les gens avaient, également, célébré la prise de pouvoir par Ben Ali le 7 novembre 1987. Il a respecté la liberté d’expression et la démocratie durant les deux premières années. Tout le monde sait ce qui s’est passé par la suite et lorsqu’il a gagné les élections… Aucun dictateur n’était irréprochable. Tout putschiste est enivré par le pouvoir », a-t-il déclaré.
Nabil Hajji a affirmé que la mauvaise gestion du pays et les manigances du mouvement Ennahdha ne doivent pas pousser le peuple à accepter les dépassements de l’un des acteurs politiques du pays.
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« Je changerais d’avis lorsque Kaïs Saïed nous présentera un programme et entamera un dialogue. Nous pourrons alors dire qu’il ne monopolise plus les pouvoirs et qu’il n’est pas un dictateur », a-t-il expliqué.
Evoquant le serment que Kaïs Saïed avait prêté lors de la cérémonie de son investiture, Nabil Hajji a considéré que ce dernier ne l’a pas respecté, ceci en violant la constitution. « Il puise sa légitimité dans la Constitution de 2014. Il l’a perdue en enfreignant ce texte », a-t-il ajouté.
« Nous avons cru que l’application de l’article 80 de la constitution par le président de la République allait permettre de poursuivre en justice les corrompus et les voleurs… Un seul député, dont je ne citerais pas le nom, a été arrêté… Dans son discours à Sidi Bouzid, le président avait affirmé qu’il avait agi avec une certaine morale et non-pas en appliquant la Loi… Kaïs Saïed ne considère, donc, pas la traduction des corrompus et des voleurs devant la justice comme une priorité ! », a-t-il estimé.
Il a par la suite critiqué la généralisation des accusations à l’encontre des politiciens par le président de la République. Il a affirmé que l’attitude du président de la République envers ceux qui ne sont pas du même avis que lui est inquiétante. Il a, aussi, souligné la gravité de l’absence de réformes, de gouvernement et de stratégies.
Nabil Hajji a considéré que la violation de la Constitution de la part de quelques partis ne doit pas conduire à la suspension de celle-ci. « Il faut sanctionner les partis qui ont enfreint la loi », a-t-il expliqué. Le député a, également, rappelé le rôle de l’opposition au sein de l’ARP. « Nous avons réussi à barrer la route à plusieurs lois telles que les textes relatives à la HAICA et à la protection des forces armées », a-t-il rappelé
Pour ce qui est de la dissolution de l’ARP, Nabil Hajji a estimé que Kaïs Saïed n’a pas eu le courage nécessaire pour le faire. « Il aurait dû procéder à cela le 25 juillet 2021… La Constitution n’est pas sacrée ou intouchable. Mais, l’adoption d’une nouvelle Constitution en maintenant une classe politique corrompue ne changera rien… Il faut appliquer le rapport de la Cour des Comptes », a-t-il ajouté.