Elle est sympa Ella Pamfilova, la présidente de la commission électorale russe qui a un mot gentil envers les candidats dont elle rejette la candidature à l’élection présidentielle qui se tiendra du 15 au 17 mars.
« Vous êtes encore jeune, vous avez tout l’avenir devant vous » a-t-elle dit à l’ex-journaliste Ekaterina Dountsova. « Vous avez de bonnes perspectives politiques. Continuez, nous serons ravis de vous accueillir » vient-elle de lancer à Boris Nadejdine. Pas de quoi consoler ce physicien de 60 ans qui rêvait d’un second tour face au maître du Kremlin.
Elu avec 78% des suffrages en 2018, en butte aujourd’hui à un certain mécontentement dû à la difficile situation économique provoquée par la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a donné ses ordres : il doit être élu avec au moins 80 % des voix et la participation ne doit pas être inférieure à 70%.
Il y a une quinzaine de jours, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov se moquait, affirmant que Nadejdine « n’était pas un concurrent » pour le président. Le prétendant, lui, voyait sa cote monter mais se méfiait : « si j’étais à 1%, je n’aurais aucun doute sur la validation de ma candidature ». Ces derniers jours, il dépassait les 10%. Pas de quoi mettre Poutine en danger, mais il ne fallait pas laisser la parole à un homme qui se présentait comme « le candidat de la paix » et critiquait « l’opération spéciale, erreur fatale de Poutine ». Alors, comme Moscou aime à répéter que la Russie observe les lois et respecte la justice, la commission électorale a relevé trop d’erreurs administratives et de fausses signatures pour que la candidature de Boris Nadejdine soit valable. Ces mêmes motifs avaient écarté Ekaterina Dountsova. Le Kremlin pourra donc toujours prétendre que tout le pays soutient Vladimir Poutine. A l’instar d’ailleurs des trois candidats qui lui feront face et dont il est bien inutile de citer les noms. L’un d’eux reconnaît qu’il ne veut pas vaincre celui qui est aujourd’hui « l’homme le plus influent de la planète ».
La répression a accompli son œuvre. Et il est plus qu’improbable que la cour suprême accepte le recours de Nadejdine. La voie est libre pour Poutine jusqu’en 2030, voire 2036 puisqu’il a modifié la Constitution afin de pouvoir être encore élu.