
Le nouveau gouvernement, profondément remanié, est notamment marqué par le retour de Mehmet Simsek au portefeuille de l’Économie. Le nom de cet ancien économiste de la banque américaine Merrill Lynch, qui fut, de 2009 à 2015, ministre des Finances, puis vice-premier ministre chargé de l’Économie (jusqu’en 2018) circulait depuis quelques jours dans les cercles du pouvoir.
Âgé de 56 ans, il aura pour tâche ardue de rétablir un peu d’orthodoxie dans la politique financière du pays afin de ramener la confiance des investisseurs alors que la Turquie traverse une récession sans précédent depuis vingt ans. Il lui faudra, notamment, tenter de mettre fin à la politique des faibles taux d’intérêt, défendue par Erdogan pour encourager la production, mais qui a surtout eu pour conséquence de faire flamber l’inflation.
Autre poste stratégique, le ministère des Affaires étrangères revient au chef des services de renseignements connu pour être un fidèle du président turc, et son proche confident. Hakan Fidan, qui dirigeait le fameux MIT depuis 2010, est « le gardien de mes secrets, le gardien des secrets de l’État », confiait ainsi Erdogan en 2012. « Ces dernières années, rappelle un diplomate occidental, il fut l’homme des tractations avec le Moyen-Orient, notamment la Libye, l’Égypte, et aussi la Syrie », avec laquelle la Turquie tente de renouer – fin 2022, une rencontre entre Fidan et son homologue syrien s’était même tenue à Moscou après dix ans de froid. C’est d’ailleurs un autre homme de confiance, Ibrahim Kalin, son bras droit et porte-parole depuis plusieurs années, qui hérite du poste de chef-espion, signe d’une volonté d’Erdogan de renforcer son noyau dur de fidèles. Yasar Güler, le chef d’état-major des armées devient, pour sa part, le ministre de la Défense et succède à Hulusi Akar, en poste depuis juillet 2018.